Une pénurie généralisée
Aujourd’hui, alors que le taux de chômage de toute la province se situe autour de 4,3% (dont un maigre 1,7% dans les régions du Centre-du-Québec et de Chaudière-Appalaches), la question que la plupart des employeurs se posent est «où donc vais-je trouver de la main-d’œuvre pour assurer un minimum de productivité?» Les ados et préados sont recrutés de plus en plus jeunes et on espère garder les aînés le plus longtemps possible sur le marché du travail.
Pas de solution miracle
Réduction des heures d’ouverture des commerces pour les uns, robotisation et transformation numérique pour les autres; toutes les pistes de solution sont envisagées pour pallier le manque de personnel. On demande aussi au gouvernement fédéral d’assouplir les règles concernant la venue de travailleurs étrangers, surtout pendant la haute saison afin de combler les postes qui ne requièrent pas de formation particulière.
Toutefois, la pénurie touche aussi les professions libérales les mieux payées et qui offrent les meilleures conditions de travail. Nous devrons désormais nous armer de patience pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste ou auprès d’autres spécialistes comme les psychologues et les physiothérapeutes.
Au bout du rouleau
Le manque de personnel a des conséquences néfastes pour les travailleurs et travailleuses qui doivent assurer le même niveau de prestation quand les effectifs sont réduits. Épuisement professionnel, stress chronique, accidents de
travail, présentéisme, dépression; les conséquences à long terme pourraient être désastreuses préviennent les experts de la santé.
Il faut également s’inquiéter des conséquences que pourraient avoir la pénurie de main-d’œuvre sur les jeunes, qui font leur entrée sur le marché du travail dès l’âge de 12 ou 13 ans et qui pourraient être tentés de quitter l’école avant l’obtention de leur diplôme en raison de l’attrait des salaires élevés. La baisse du taux de diplomation occasionnerait à long terme un manque de relève dans bien des professions et métiers spécialisés.
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La spirale de l’inflation
Les problèmes de chaîne d’approvisionnement liés à la COVID-19 et la hausse des prix du pétrole attribuable à la guerre en Ukraine ont provoqué un niveau d’inflation qu’on n’avait pas vu depuis les années 1980. Depuis, la Banque du Canada tente tant bien que mal de freiner l’indice des prix à la consommation par des hausses successives de son taux directeur.
Toutefois, la pénurie de main-d’œuvre vient jouer les trouble-fêtes. Se trouvant dans l’incapacité de recruter du personnel, certains employeurs sont souvent contraints d’augmenter les salaires, ce qui pourrait exacerber encore plus l’inflation, d’une part parce que ces employeurs refilent la facture de ces augmentations à leurs clients et, d’autre part, parce que les concurrents doivent suivre la parade s’ils veulent demeurer compétitifs.
Pas que les salaires
Heureusement, l’argent n’est pas le seul motif que considèrent les chercheurs et chercheuses d’emploi. Plus que les gros salaires, les Québécois veulent une qualité de vie et plus de flexibilité de la part de leur employeur afin de concilier travail et vie personnelle. Télé-travail ou travail hydride, horaires flexibles, banque de congés illimitée et programmes d’aide font maintenant partie des critères recherchés par les personnes en quête d’un nouveau travail.
Les employeurs doivent donc faire preuve d’une grande originalité pour attirer mais surtout garder leur précieux personnel. Bien sûr, ces mesures coûtent cher et ne font pas augmenter le nombre de candidats et candidates potentiels disponibles. Toutefois, elles sont très appréciées à une époque où les deux conjoints travaillent… et, bien souvent, leurs enfants aussi.