Un gouvernail de l’innovation au port de Trois-Rivières

Anick Métivier, vice-président, Développement stratégique, et Geneviève Allard, directrice, Innovation, logistique et productivité, au Port de Trois-Rivières.

«C’est un changement de paradigme par rapport à l’approche traditionnelle au niveau des ports, une approche moderne pour l’avenir. C’est une orientation qui vient du plan stratégique Cap sur 2030.»


Voilà comment Geneviève Allard, directrice Innovation, logistique et productivité, décrit le gouvernail de l’innovation qui, plus que jamais, oriente les décisions de l’Administration portuaire de Trois-Rivières.

La création de ce nouveau poste qu’elle occupe depuis 2019 traduit bien cette volonté de préparer le port de demain. Tout comme la mise en place encore plus récente d’un département de développement stratégique.

C’est d’ailleurs l’approche innovante de cette nouvelle fonction qui a amené le vice-président Anick Métivier à joindre l’équipe du port de Trois-Rivières. 

«C’est le fait de réfléchir maintenant le développement du port en ayant côte à côte l’environnement, l’innovation et le développement des affaires. De réunir ça à l’intérieur d’une même bulle créatrice pour faire en sorte que justement, il n’y ait pas de silos, que ce soit tous des vases communicants», confie-t-il.

«Et Geneviève est la grande gardienne de cette flamme d’innovation. Ça peut être facile dans le brouhaha du quotidien, dans les projets qui se succèdent, de peut-être l’oublier un tout petit peu et c’est là parfois qu’on peut se faire prendre», renchérit M.  Métivier.

Sauf que, s’empresse-t-il d’ajouter, cette responsabilité ne repose pas que sur les épaules de Mme Allard. «Dans chacun des champs d’expertise, c’est d’essayer de voir de quelle façon on peut mieux faire les choses et on peut les faire de façon pérenne surtout. Mais de les faire de façon complètement différente pour essayer d’améliorer et de toujours être à l’avant-garde des différents besoins au niveau des projets», précise le vice-président, Développement stratégique.

Pour lui, il est important pour le port de Trois-Rivières de conserver «ce leadership d’accompagnement avec nos différents utilisateurs, que ce soit en environnement ou innovation». 

«Nous, on a une vision très long terme du développement d’un port et c’est normal parce qu’un quai va être là pour 50 ans. Les infrastructures qu’on met en place sont là dans une visée très longue qui va nous succéder dans le temps. C’est juste normal qu’on joue ce rôle de toujours essayer de ramener tout le monde autour de cette vision et de voir concrètement c’est quoi les répercussions pour l’avenir des actions qu’on porte maintenant», explique-t-il.

Pour sa part, Geneviève Allard reconnaît que son rôle est «assez transsectoriel, travaillant avec tous les secteurs d’activités de l’administration portuaire et l’ensemble de la communauté portuaire.

«Depuis mon arrivée, on a pu initier ensemble collectivement une soixantaine de projets, dont certains sont complétés avec succès. On travaille avec une vingtaine de chercheurs, d’étudiants chercheurs, de professionnels de recherche», fait-elle savoir.

L’un des projets initiés l’an dernier consiste à développer des outils d’aide à la décision pour les dirigeants et la communauté portuaire afin d’améliorer et d’optimiser la performance des opérations.

«On a toute une équipe de chercheurs et d’étudiants chercheurs qui vont venir analyser nos activités pour nous proposer des pistes d’amélioration et, après ça, qui vont venir mesurer l’amélioration effectuée après qu’on ait adopté leurs recommandations. On est en plein dedans, on a eu une première présentation des étudiants», décrit Mme Allard.

Et il y a ces projets de recherche qui visent la réduction des émissions de GES. «On va chercher à améliorer notre bilan environnemental dans différentes sphères, entre autres la gestion de la neige, comment peut-elle être faite autrement. Essayer de prévoir comment va se comporter le fleuve Saint-Laurent dans un contexte de changements climatiques dans 10, 20, 30 ans», poursuit-elle.

De plus, toutes les phases pilotes d’un projet de suivi du trafic routier dans le port ont été complétées. «Je suis rendue à l’analyse de données, on va aller à la phase d’implantation complète. La technologie fonctionne et elle est fondée sur l’utilisation d’antennes et de capteurs», souligne celle qui évoque des simulations menées en collaboration avec des chercheurs universitaires.

Par ailleurs, une doctorante de l’UQTR en administration, Basma Belmoukari, accompagne le port dans sa transition numérique. «Elle a fait une grille d’analyse pour nous aider à identifier les technologies qui concorderaient bien avec nos enjeux, besoins, orientations commerciales. Son travail va vraiment servir à concevoir le Terminal 21 pour qu’il puisse répondre aux besoins des générations futures», raconte Mme Allard.

Et il y a tout ce travail sur le développement d’une ombre numérique, qui est la phase préliminaire du jumeau numérique. «L’ombre numérique, c’est l’image du port dans son côté digital pour réaliser des simulations et des modèles. Quand on arrive au jumeau numérique, c’est qu’on est capable de prendre une décision dans le modèle et d’avoir une influence sur le port. C’est la phase deux», précise-t-elle.

Finalement, le partenariat avec le Centre national intégré du manufacturier intelligent et le Cégep de Drummondville devrait mener au développement de capteurs pour aider, par exemple, les opérateurs de machinerie à s’assurer qu’ils maintiennent un certain niveau de performance dans leurs activités.

Et au moyen du Fonds Innovation et Environnement du port et de son enveloppe de 2,5 M$ sur cinq ans, «on accompagne nos manutentionnaires dans leurs idées d’innovation et des partenaires externes qui nous amènent des projets d’innovation».

«Notre mission, c’est de pouvoir développer notre site dans le respect de l’environnement et pour les générations futures. En bout de piste, tout ce qu’on fait en matière d’innovation, que ce soit au niveau environnemental, commercial, opérationnel terrain, c’est en droite ligne avec cette grande vision-là», conclut Anick Métivier.