«Selon les chiffres de Recyc-Québec, il y a un gisement global d’environ 250 000 tonnes de verre au Québec. On a la croyance qu’avec tous les débouchés et le développement de marchés qui est en train de se faire, il va être possible de tout écouler ce verre-là et plus», affirme-t-il avec conviction.
Il faut dire que le «virage verre» a contribué à multiplier par dix le chiffre d’affaires de la division Abrasifs et Minéraux depuis moins de 20 ans.
Et ce tournant a eu lieu au début des années 2000 alors que le Groupe Bellemare était à la recherche de matières alternatives au sable silice pour le sablage au jet, et ce, en raison de sa poussière dommageable pour la santé.
Celui-ci a ensuite déniché des gisements à différents endroits pour s’approvisionner en verre. «Il était relativement propre, on a été capable de le traiter et de travailler avec les équipements qu’on avait déjà», souligne-t-il.
Par la suite, l’entreprise a développé différentes granulométries «et on avait un résultat de plus en plus positif». «On a commencé à investir pour être capable de suivre, en faire suffisamment et commencer à nettoyer le verre, le décontaminer, parce qu’on commençait à prendre du verre de centres de tri. Il fallait le passer dans les équipements deux, trois, quatre fois parce que ce n’était pas des équipements spécialisés», a-t-il décrit.
Après le marché du sablage au jet, qui fut consolidé par des équipements de plus en plus adaptés pour recycler le verre, s’est ajouté celui de la filtration pour piscine.
«Au fil des années, on a découvert que le verre pour les filtres à piscine a des avantages par rapport au sable naturel», affirme M. Bellemare.
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Or, en 2013, devant les surplus de verre un peu partout au Québec et les rumeurs de consigne, Groupe Bellemare a décidé d’augmenter sa capacité, ce qui fait que de 2018 à aujourd’hui, la production est graduellement passée de 10 000 à 50 000 tonnes par année.
«On a un département de recherche et développement depuis deux ans. On réinvestit de façon systématique 5 % de nos profits pour l’innovation et le verre en absorbe une bonne partie», fait-il savoir.
Et les initiatives qui découlent de tous ces efforts en R&D sont nombreuses: poudre de verre dans le béton, fibre de verre, laine isolante, verre cellulaire.
Et en attendant d’arrimer tous ses projets de développement avec l’arrivée de la consigne d’ici deux ans, Groupe Bellemare est à déployer des lieux de collecte qui s’intègrent dans un concept de la route du verre.
Après avoir débuté le tout à l’UQTR, voilà que le conteneur installé près de la SAQ Dépôt, sur le boulevard des Récollets, connaît un succès inespéré avec près de 12 000 bouteilles récupérées par semaine.
«Ce qu’on réalise depuis qu’on a commencé ce projet-là, le verre est très propre, de très belle qualité. Le taux de récupération, quand on reçoit du verre comme ça, est pratiquement de 98 % versus quand on reçoit un verre qui a transité dans le bac bleu. On est à environ 15 % plus performant. Il faut continuer à mettre dans le bac bleu, mais quand il est mélangé avec du papier et d’autres matières, mécaniquement, c’est très difficile de séparer», explique-t-il.
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«Que ce soit par le bac bleu, la consigne ou le dépôt volontaire, toutes les sortes de verre sont recyclables», tient à ajouter M. Bellemare.
Autre filon du côté de l’approvisionnement en verre pour en minimiser les possibles fluctuations: le pare-brise. «C’est l’un des plus beaux verres à recycler, une fois qu’on a réussi à séparer la pellicule de plastique. C’est très intéressant. Ça demande une étape mécanique supplémentaire. Le défi qu’on a, c’est de trouver une solution à la pellicule de plastique», confie-t-il.
«On recycle de 25 % à 30 % des pare-brise du Canada. On voudrait aller à 100 %, on a des discussions dans ce sens-là avec les grands fabricants, les grands distributeurs», a indiqué le directeur général, secteur manufacturier, chez Groupe Bellemare, Martin Côté.
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«Et on fait de plus en plus de verre plat qui provient, entre autres, des fabricants de mobilier de bureau. C’est la même nature que le pare-brise, mais c’est du verre plat laminé. On a commencé à recevoir du domiciliaire. Ils nous envoient les châssis avec les cadrages, on défait les cadrages, on récupère le verre là-dedans et on dispose l’aluminium et on la valorise elle aussi autrement», renchérit-il. Et c’est sans compter le traitement des vitres de réfrigérateurs.
Depuis la mise en place de l’usine de recyclage en 2018, le nombre de silos contenant les différents types de poussière de verre ne cesse d’augmenter. «Dans cinq ans, il y en aura 12 au lieu de six», prédit Serge Bellemare, évoquant un développement important en 2022.