Un quad multifonctions 100 % électrique [VIDÉO]

(Stéphane Lessard, Le Nouvelliste)

Bastien Theron se passionne pour le quad. Il avait à peine 8 ans lors qu’il a commencé à se balader avec de type de véhicule hors route. Diplômé de l’Université du Québec à Trois-Rivières en génie mécanique depuis quelques années, le jeune entrepreneur a aussi «une grosse passion pour l’environnement».


Bastien Theron, président-directeur général et co-fondateur de Theron.

Dix-huit mois après ses études, il s’est mis en tête de marier ses deux passions. «Je ne voulais pas juste créer un véhicule électrique», raconte-t-il. Bastien Theron voulait créer un véhicule électrique qui apporterait quelque chose de plus. Il a donc inventé le «véhicule hors route électrique léger modulable».

«Oui, c’est un quad, mais c’est également la mère d’un écosystème sur lequel on peut connecter plusieurs accessoires», explique-t-il. Bref, c’est un quad électrique à meubler.

Sa compagnie, Theron, prend déjà les commandes pour son prototype, le Reever, dont l’autonomie peut aller jusqu’à 180 km. Le véhicule deux places peut faire une recharge complète en trois heures. Sa vitesse peut atteindre 100 km/h. Sa capacité de remorquage est de 500 kilos et sa capacité de chargement, de 181,4 kg.

La Ville de Shawinigan a fait l’acquisition de deux de ces quads et le parc national la Mauricie en fait également l’essai, ce qui permet au concepteur de régler tous les problèmes qui pourraient se manifester en situation réelle.

«Je voulais que ce soit des véhicules électriques hors route parce qu’il n’existait absolument rien dans ce genre de véhicule pour concurrencer un véhicule à essence conventionnel», explique-t-il.

De gauche à droite: Sousso Kelouwani, professeur au département de génie électrique et informatique de l’UQTR, Bastien Theron, pdg de l’entreprise Theron, Diego Acevedo, et German Monsalve, stagiaires postdoctoraux et Alben Cardenas, professeur au département de génie électrique et informatique de l’UQTR.

Le jeune entrepreneur ne s’est pas lancé tête baissée dans l’aventure qui lui permet d’envisager l’occupation prochaine d’une part de marché presque sans limites. 

Ingénieur formé à l’UQTR, Bastien Theron s’est en effet tourné vers le département de génie électrique et informatique de son université. Les professeurs Alben Cardenas, Sousso Kelouwani, Mamadou Doumbia Lamine et Loïc Boulon ont mis à contribution leur expérience, de même que des stagiaires doctoraux et postdoctoraux, pour résoudre les défis technologiques associés à la création d’un tel engin qui contient de nombreuses fonctionnalités, comme un système de géolocalisation, un mode de conduite personnalisé, un dispositif de sécurité intelligent et même le contrôle parental. Les stagiaires, en particulier ceux qui se spécialisent en mécatronique, ont su apporter des idées nouvelles, dit-il, et sont même devenus des employés au fil des mois. L’entreprise compte d’ailleurs neuf employés maintenant.

Le quad électrique de Theron permet non seulement de faire des promenades hors route, mais également de greffer certains outils en option comme une souffleuse, une tondeuse ou une remorque.



L’intervention des scientifiques de l’UQTR était importante, explique Bastien Theron. C’est que certaines composantes nécessaires à la construction d’un tel projet viennent de Chine ou de Thaïlande, ce que le jeune entrepreneur ne veut pas. «Ce sont des choses que l’on veut éviter dans la chaîne logistique», dit-il. Le véhicule Theron se caractérise en effet par son côté environnemental, «ça n’a donc pas de sens d’importer ces composantes des quatre coins du monde», estime le jeune entrepreneur qui voulait des composantes d’ici, «surtout qu’on maîtrise la technologie», fait-il valoir. «En contrôlant la technologie, c’est plus facile d’améliorer le véhicule», précise-t-il. Theron souhaite d’ailleurs travailler avec des compagnies québécoises.

Le quad de Theron a trois moteurs. Il est possible de l’obtenir avec une batterie de 10 ou de 20 kilowattheures. Vingt kilowattheures, c’est proche de la capacité énergétique des premières Leaf de Nissan qui était au tour de 23-24 kilowattheures. La remorque du quad de Theron est elle aussi dotée d’un moteur.

La batterie est conçue pour les conditions nordiques. Bastien Theron tient à déboulonner le mythe voulant qu’une batterie ne soit bonne que pour deux ou trois ans. Cette croyance, dit-il, est entretenue par le fait que les batteries des portables ne durent en général que deux ou trois ans. Il s’agit, affirme-t-il, d’une obsolescence programmée «pour que le consommateur change de téléphone». Le système de gestion de la batterie du produit Theron permet de rester à tout moment dans la meilleure opération possible, dit-il. «Ça fait des batteries qui durent vraiment plus longtemps.»

Bastien Theron affirme avoir fait 230 000 km avec une batterie Tesla. «Et j’ai 7 % de dégradation de la batterie», illustre-t-il.

Theron entrera en production l’an prochain.