«D’abord, il faut savoir que le deuil périnatal englobe la fausse couche jusqu’à la perte d’un enfant à un an de vie», précise Anik Bertrand, travailleuse sociale oeuvrant au Papillon Bleu. Depuis près de six ans, la femme a fait le choix d’accompagner les parents à travers ce qui représente souvent la pire épreuve d’une vie. «On parle de réalités bien différentes de perdre un enfant après six semaines de grossesse ou une mort subite à un an de vie.» Pourtant, les émotions, elles, se ressemblent.
Bien qu’il n’existe aucune recette miracle pour apaiser une pareille peine, Mme Bertrand insiste sur la notion de l’écoute qui est primordiale. «En cas de doute, il vaut mieux écouter que de parler et y aller de phrases creuses. Ça peut laisser plus de traces négatives chez les parents que le traumatisme lui-même.» À ce moment, mieux vaut privilégier une présence rassurante et des gestes de sympathie qui ont fait leurs preuves. «Une main sur l’épaule, une carte avec nos pensées, un rabais pour sortir au cinéma, ce genre de choses.»
Une réalité qui évolue dans le temps
Si la perte d’un enfant est une réalité qui ne connaît pas d’époque, l’expérience s’est toutefois transformée à travers les années. «Avant les femmes en parlaient moins, ce n’était pas la même ampleur de rêve. Quand tu avais 12 enfants et que tu en perdais un, oui c’était triste, mais tu en avais 11 autres à t’occuper et tu devais te relever», illustre l’intervenante. Maintenant, donner la vie relève davantage d’un projet de vie, d’un rêve. «Aussitôt que le rêve du bébé arrive, l’attachement se crée», souligne-t-elle.
Mme Bertrand parle des parents traversant un deuil périnatal comme de «ses survivants». «Ce sont des modèles de résilience. N’oublions pas que la mort est encore un sujet tabou pour plusieurs.» Les principaux drapeaux rouges observés par Mme Bertrand dans les tentatives de soutien relèvent de la maladresse et le manque de formation. Au Papillon Bleu, les parents bénéficient de divers services comme une ligne téléphonique, des rencontres individuelles ou de groupe et l’équipe propose également de la formation dédiée aux intervenants et professionnels du milieu pour partager les connaissances dans le domaine.
Il s’agit d’un endroit bienveillant pour libérer ses émotions, parler de son enfant et trouver des outils pour se sentir mieux. «Le déroulement de la rencontre permet aux parents de vivre leurs émotions, même négatives, de parler de leur histoire, de présenter des photos de leur bébé aussi», explique l’intervenante. Puisque l’organisme ne dispose pas d’un grand financement, on réfère après une première rencontre les parents à d’autres ressources pour poursuivre leur cheminement. «Je peux aussi proposer des lectures pertinentes et mettre des parents en relation.»
Si la situation du deuil périnatal a évolué dans les dernières décennies, du chemin reste encore à parcourir, notamment quant au processus de retour au travail des parents, à la communication entre les centres de santé et les organismes du milieu ou simplement en ce qui relève de la connaissance des familles sur l’offre de services du territoire, note Anik Bertrand. Elle souligne enfin que la meilleure arme à utiliser pour contrer la tristesse dans le deuil est d’offrir sa présence et son écoute.
À noter que des rencontres de soutien sont prévues prochainement au Papillon bleu les 25 octobre (en personne) et 4 novembre (par ZOOM). Pour de l’information sur l’organisme et ses services, visitez le: https://www.facebook.com/soutiendeuilenfant