Chronique|

De la violence… encore de la violence

Le bracelet anti-rapprochement est un outil électronique de géolocalisation qui se divise en deux parties. Un bracelet que le contrevenant porte à la cheville et un dispositif électronique remis à la victime.

CHRONIQUE / Une femme sur quatre dans le monde subirait de la violence conjugale avant l’âge de 50 ans selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Université McGill et de l’Organisation mondiale de la santé.


Ça frappe n’est-ce pas?

Il s’agit de l’analyse la plus approfondie réalisée à travers le monde et qui combine les résultats de 266 études, portant sur 2 millions de femmes à travers 161 pays différents.



En résumé, des millions de femmes à travers le monde vivent de la violence.

L’an dernier, pour une septième année consécutive, le nombre de déclarations faites aux policiers, par des femmes victimes de violence conjugale, était encore une fois en hausse au Québec.

En 2021, 537 femmes par tranche de 100 000 soutenaient avoir été victimes de violence conjugale, comparativement à 452 par 100 000 en 2014.

Parmi celles-ci, certaines ne survivront pas.



Le mot féminicide est utilisé de plus en plus souvent dans les médias lorsque l’horreur survient. Au Québec, en 2021, 26 femmes ont été tuées, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis 2008. Et 2022 ne s’enligne guère mieux. En douze semaines, le Québec a enregistré douze homicides liés à la violence conjugale.

Claudine Thibodeau de SOS Violence conjugale disait l’an dernier que le Québec vivait une autre sorte de pandémie. Elle avait bien raison.

Malgré les efforts qui ont été faits par nos corps policiers à travers le Québec, les choses ne s’améliorent pas. En octobre 2021, on mettait en place une nouvelle unité spécialisée en violence conjugale, afin de mieux soutenir et encadrer les victimes et celles qui vivent avec la peur, au quotidien, d’un ex-conjoint violent, hors contrôle, qui menace d’éliminer sa victime.

Malgré tout ça, rien ne change. L’irréparable est commis trop souvent.

Combien de campagnes publicitaires seront lancées encore et encore afin de sensibiliser une clientèle difficilement atteignable?

Pour être honnête avec vous, je ne crois pas aux résultats de ce genre de campagne. L’homme jaloux, possessif et violent ne se reconnaîtra pas dans le comportement mis de l’avant. Dans la plupart des cas, ces hommes ne reconnaissent même pas qu’ils ont un problème.



Je croyais en mai dernier, en officialisant les premiers bracelets anti-rapprochements, que le bilan des féminicides baisserait.

Mais il n’en est rien.

Le bracelet anti-rapprochement est un outil électronique de géolocalisation qui se divise en deux parties. Un bracelet que le contrevenant porte à la cheville et un dispositif électronique remis à la victime. Bien que le Québec ait été la première province à mettre en place un tel système au Canada, il y a des failles.

Je me souviens du témoignage d’une jeune femme en juillet dernier, qui racontait sous le couvert de l’anonymat à quel point elle avait peur de la sortie de prison de son ex-conjoint, un homme violent et toxicomane avec un lourd passé judiciaire. Il avait écopé de plus de deux ans de prison pour des gestes commis à l’endroit de la jeune femme. Cette dernière s’expliquait mal pourquoi elle n’avait pas accès au bracelet anti-rapprochement.

La raison: comme il s’agit d’une initiative provinciale, l’outil n’est disponible que pour les accusés qui ont écopé d’une sentence provinciale, soit de moins de deux ans de prison.

C’est inadmissible.

Combien de femmes se retrouvent dans la même situation? Il faut absolument que le fédéral et les autres provinces au Canada emboîtent le pas le plus tôt possible.

Du côté de Service correctionnel Canada, la réponse laconique a été la suivante: impossible de dire pour le moment si le bracelet anti-rapprochement sera utilisé. D’autres types de surveillance électronique sont utilisés, sans en préciser la nature.



Le problème est que pendant ce temps-là, des femmes et des enfants ont peur. Certaines subissent des agressions armées. D’autres ont pris la décision de déménager.

Et malheureusement, certaines n’ont pas eu le temps de réagir. Le pire avait été commis.

Comme société, ça fait plusieurs morts sur la conscience, vous ne trouvez pas?