J’ai cherché en vain la motivation derrière une telle déclaration de la part d’un élu. J’avais l’impression d’entendre «Il n’a pas le droit de vote, donc il n’est pas vraiment un citoyen» ou «À quoi bon lui parler? Il ne m’est d’aucune utilité pour une réélection». Ce jour-là, le maire Miranda a lancé un bien triste message. Celui que les jeunes ne doivent pas tenter de s’impliquer dans leur communauté, qu’ils doivent se tenir loin de la politique et qu’ils feraient mieux de retourner sur leur Xbox.
Même si cette histoire s’est déroulée à plus d’une centaine de kilomètres de chez moi, elle m’a profondément choqué. Je suis moi-même père d’un garçon de 15 ans et ce n’est pas la façon dont je souhaite que la société le traite. Je veux également qu’il sache que la politique n’est pas qu’une affaire de vieux.
Non, ils n’ont pas encore le droit de vote. Ils ne sont pas gestionnaires de grandes entreprises. Ils ne détiennent pas non plus le pouvoir politique et économique à l’heure actuelle. Ils sont jeunes et c’est justement la raison pour laquelle il faut être à leur écoute, car ce sont eux qui vivent et qui vivront avec les conséquences de nos décisions d’adultes. Ils sont tributaires des choix que nous prenons quotidiennement, comme celui d’ouvrir ou non un terrain de sport, mais aussi, par exemple, comme ceux de protéger ou non l’environnement, de créer ou non un monde plus inclusif.
Monsieur Miranda, si cela est votre façon d’enseigner la citoyenneté à la nouvelle génération, permettez-moi de craindre pour l’avenir. Dans quelques années, alors que vous serez redevenu simple citoyen, ce jeune de 15 ans sera peut-être assis à votre place. Et à la manière dont vous l’avez rabroué, ne vous surprenez pas d’entendre à la fin de votre intervention réclamant la réouverture du terrain de pétanque: «Je n’ai pas d’affaire à lui parler, il est trop vieux.»
Mais rassurez-vous, cela n’arrivera pas. Sa réponse sera plutôt empreinte de respect et d’ouverture. Car, d’ici là, ce jeune, qui aura peu à peu gravi les échelons, aura assurément choisi de ne pas vous prendre comme modèle.
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À la fois auteur, communicateur et entrepreneur, François St-Martin est impliqué dans le milieu culturel depuis près de 30 ans. Son parcours l’amène à explorer différentes facettes des arts et de la culture, dont la scénarisation de bandes dessinées. Au cœur de sa démarche : l’amour de la langue française et le désir de poser un regard bien personnel sur le monde qui l’entoure.