Chronique|

Notes de campagne

Les chefs des principaux partis: Paul St-Pierre Plamondon (Parti québécois), Éric Duhaime (Parti conservateur du Québec), Gabriel Nadeau-Dubois (Québec solidaire), Dominique Anglade (Parti libéral du Québec) et François Legault (Coalition avenir Québec)

CHRONIQUE / Je retiendrai surtout une chose de cette élection provinciale: jamais l’Outaouais n’aura été aussi courtisé.


La région profite du fait que depuis l’élection de 2018, elle n’envoie plus systématiquement une délégation de cinq députés libéraux à Québec.

Les différents partis doivent maintenant rivaliser d’imagination pour présenter le meilleur programme à la population. Les électeurs ressortent gagnants de ce petit jeu de surenchère.

Pas pour rien que quatre des cinq chefs ont arrêté leur caravane en Outaouais. Et même deux fois plutôt qu’une dans le cas de la cheffe libérale, Dominique Anglade, qui cherche à éviter un balayage caquiste dans la région.

Ces visites de chefs qui se succèdent les unes après les autres signifient une chose. Maintenant que la question nationale n’est plus LA question de l’urne en Outaouais, chaque parti a désormais l’impression qu’il peut y faire des gains, que ce soit à court ou à long terme.

Et aucun parti ne veut demeurer en reste.

Ainsi, quand François Legault a sorti un lapin de son chapeau en promettant de construire un nouveau centre des congrès de 50 millions dans la circonscription très convoitée de Hull, la réplique n’a pas tardé. Pris de vitesse, les libéraux ont égalé la mise le jour même. Nous aussi, on va construire un centre des congrès, ont-ils rétorqué.

Et quand les libéraux ont promis d’offrir la parité salariale avec l’Ontario aux infirmières québécoises qui travaillent en Outaouais, c’est la CAQ qui a donné l’impression de réajuster le tir. Les primes temporaires offertes jusque là par le gouvernement Legault semblaient soudain bien pâles en comparaison de la parité libérale… Qu’à cela ne tienne, le ministre Christian Dubé est venu en Outaouais promettre, lui aussi, des «ajustements salariaux» aux infirmières de l’Outaouais…

Même Gabriel Nadeau-Dubois a sorti le grand jeu pour séduire la région. Lors de son passage, il a promis deux milliards d’argent frais pour améliorer le transport en commun en Outaouais. Deux milliards qui s’ajouteraient aux 2 milliards déjà prévu pour le tramway entre Aylmer et Ottawa. Où ira-t-il pêcher tout cet argent? Je l’ignore. Mais le discours de Québec Solidaire fait mouche, particulièrement dans Hull, où Mathieu Perron-Dufour chauffe de près ses rivales libérale et caquiste.

Un mot sur le Parti québécois: oui, Paul St-Pierre-Plamondon mène une solide campagne nationale. Mais en Outaouais, il n’a rien cassé. J’ai déjà senti le PQ beaucoup plus aiguisé sur les enjeux régionaux, notamment en santé. Rappelez-vous Gilles Aubé qui proposait, dès 2008, de construire un hôpital régional à Gatineau… Cette fois-ci, le PQ n’avait rien de particulier à proposer pour l’Outaouais, si ce n’est son plan général pour améliorer l’accès aux soins via les CLSC. Décevant.

Parmi les chefs, seul le conservateur Éric Duhaime aura boudé l’Outaouais. Peut-être a-t-il décidé de concentrer ses efforts dans la région de Québec où il a plus de chances de faire élire des candidats? À moins qu’il n’ait voulu éviter de s’exposer avec son candidat dans Chapleau, Matthieu Kadri, pris à publier des images et des propos misogynes sur son compte Twitter?

Si je devais nous souhaiter une chose à l’issue du vote de lundi prochain, c’est de conserver une certaine diversité parmi la députation régionale. Dans un monde idéal, la carte de l’Outaouais se teindrait de bleu pâle caquiste, de rouge libéral, peut-être même d’orange solidaire.

La région y gagne quand la palette est diversifiée.