«On ne fait pas ça pour ça, dit-il de ce nouvel hommage. J’ai fait ce pour quoi on m’honore parce que j’aime beaucoup, beaucoup ma ville. Elle a toujours été une inspiration dans ce que j’ai mis sur pied à travers le Festival international de la poésie.»
Par le biais de l’événement qu’il a fondé et dirige toujours après 37 éditions, il faut reconnaître qu’il a beaucoup donné à la ville qu’il chérit et qui lui a rendu hommage dans le cadre de la remise des Grands Prix culturels de la Ville de Trois-Rivières. Ne serait-ce que la poésie qui orne murs et bancs du centre-ville.
«Encore hier, en marchant, j’ai croisé un groupe de visiteurs étrangers qui s’arrêtaient pour lire des poèmes. Le guide leur disait qu’ils trouveraient probablement des vers d’un poète de chez eux. Il m’est aussi arrivé de voir des couples s’embrasser devant les vers d’un poème d’amour: c’est la chose la plus émouvante que je puisse imaginer. C’est probablement la seule ville où on peut voir ça.»
«Il n’y a pas si longtemps, les gens disaient qu’ils ne lisaient pas de poésie, que ça ne les intéressait pas. Aujourd’hui, les poèmes sont lus et les Trifluviens en sont fiers. On a enregistré 79 000 entrées lors des évènements de l’édition 2019 du Festival international de la poésie. On en a eu 25 000 l’an dernier dans une version réduite, en pleine pandémie, alors qu’on n’accueillait pas de poètes étrangers.»
«Présentement, les gens appellent en masse pour réserver leurs places pour l’une ou l’autre des activités de la prochaine édition. Le public s’est ennuyé de l’événement au cours des deux dernières années et je sais pour l’avoir entendu de leur bouche que les poètes également.»
Comme il le fait presque à chaque fois qu’il est appelé à parler du festival qu’il a créé, il rappelle que c’est notamment parce que les autorités municipales ont été ouvertes à ses propositions que le FIPTR existe encore et qu’il a pris l’ampleur qu’on lui connaît. «Avant de fonder le festival, j’en avais parlé à Alphonse Piché et Gatien Lapointe et on convenait qu’il y avait un potentiel pour un tel événement ici sans imaginer que ça prendrait l’ampleur qu’on constate aujourd’hui. Si ça a pu se faire, c’est que dès 1983 et jusqu’à maintenant, tous les maires de la ville ont embarqué dans le projet et accepté de le soutenir.»
Pour le public
L’amour que Gaston Bellemare entretient pour sa ville, c’est aussi une profonde affection pour ceux qui l’habitent, véritable matière première du Festival. «Je l’ai toujours dit: nous avons créé un événement pour le public auquel participent des poètes. Et c’est parce que le public est venu que les poètes ont été motivés à venir aussi. Je dirais que 75% à 80% de notre clientèle est constituée de spectateurs qui reviennent d’année en année. Je pense que le festival a changé quelque chose en eux, qu’il les a intimement conquis.»
La secret de cette tendre conquête réside peut-être dans l’orientation que Gaston Bellemare a tenu à donner à tous ces poèmes qui s’affichent fièrement sur les murs de sa ville. «On n’y retrouve que des poèmes d’amour parce que l’amour, c’est l’essentiel.»
C’est à tout le moins ce qui l’a guidé dans son action et ce qui le motive toujours. «La plus grande récompense que j’ai, c’est que je peux chaque jour, en prenant ma marche au centre-ville, voir le résultat de mon travail, voir que ma ville est habillée d’amour, plus belle par la présence de ces poèmes. Et de constater que des gens d’un peu partout dans le monde viennent la voir exprès pour ça.»
38e édition
Ces gens d’un peu partout dans le monde, il y en aura à partir de vendredi avec l’ouverture officielle de la 38e édition du FIPTR. Symbole de l’inscription de l’évènement dans la réalité politique et sociale du monde dans lequel nous évoluons, un premier événement se tiendra à la Place d’Armes, rue des Ursulines, vendredi à 11h. On procédera alors à l’inauguration du Parc Coeur de l’Ukraine, sa nouvelle identité pour la durée du Festival. Les poèmes d’une vingtaine d’artistes ukrainiens seront affichés sur une corde à poèmes pour les dix jours suivants.
La cérémonie d’ouverture officielle, pour sa part, se déroulera à la Maison de la culture à compter de 17h.
«C’est certain que cette édition est touchée par les perturbations économiques convient Gaston Bellemare mais malgré la fermeture de plusieurs restaurants, le nombre plus restreint de bénévoles, on va arriver à présenter entre 235 et 250 activités. C’est énorme dans les circonstances.»
«C’est compliqué: certains invités ne pourront pas venir faute de visa, tout nous coûte plus cher, etc. On doit bien fonctionner avec les contraintes de la vraie vie. Par contre, le seul fait qu’on présente une édition pratiquement normale, à mes yeux, c’est le triomphe de la poésie. C’est elle qui, au bout du compte, s’impose malgré les entraves et en sort gagnante.»
«Ce qui compte surtout pour moi, c’est qu’on retrouvera enfin dans cette édition toutes les raisons pour lesquelles on a créé ce festival et on va le savourer, cette année, comme jamais.»
Pour aborder l’évènement, il convient assurément de consulter la copieuse programmation via le site www.fiptr.com.