L’artiste en question, c’est l’auteur et musicien François Désaulniers. Originaire de Saint-Tite, il demeure aujourd’hui à Trois-Rivières. François est ce type de personne qu’on aime toujours croiser sur son chemin. En plus d’être un talentueux créateur, c’est un être foncièrement sympathique. C’est aussi quelqu’un qui sait nous surprendre chaque fois qu’on lui demande tout bonnement «Quoi de neuf?» C’est ce qui m’est arrivé il y a quelques jours, alors qu’il m’a répondu: «Je viens de terminer l’écriture d’un jeu de société belge.» Il n’en fallait pas plus pour piquer ma curiosité.
La genèse du projet remonte en 2012, au Laundromat Cafe de Reykjavik. C’est là que François a fait la rencontre de Céline Pieters, une jeune Belge qui venait de terminer des études en rhétorique. Partageant de nombreux intérêts communs, les deux voyageurs se sont immédiatement liés d’amitié. Depuis ce jour, ils ont toujours gardé contact.
En début d’année, Céline, qui a fondé en Belgique une petite entreprise de jeux de société avec un ami, offre à François d’imaginer le scénario de son prochain tome. «Je cherche quelqu’un pour écrire le sixième tome. Ce serait agréable de faire un projet ensemble... », lui a-t-elle lancé.
Son entreprise se spécialise dans la création de jeux collaboratifs à utilisation unique dans lesquels les joueurs doivent se glisser dans la peau d’un juré afin de juger une affaire criminelle et rendre un verdict. Les discussions sont alimentées par les informations dévoilées une à une, au fil des cartes retournées.
Sans trop savoir ce qui l’attendait, François a accepté l’offre. Ce qui n’a rien d'étonnant pour cet artiste aux réalisations éclectiques. En plus d’être auteur-compositeur-interprète, d’avoir enseigné le français et d’avoir été chroniqueur à la radio, il mène continuellement de front différents projets d’écriture. Il a entre autres publié le roman L’Aiguilleur, des carnets de voyage de lieux l’ayant inspiré (Islande, Slovénie, Irlande, Brooklyn, Tenerife et Saint-Malo), ainsi que six tomes de la série jeunesse Sur le bout de la langue, qu’il a aussi illustrés. On peut également le lire dans la revue Le Sabord et sur la plateforme DICI.ca.
Malgré cette vaste expérience, la scénarisation de jeux de société était pour lui une première. Le processus de création s’est d’ailleurs avéré d’une grande complexité. Ici, pas question d’écrire comme un romancier. «Il m’a fallu défaire des habitudes. Écrire pour un jeu, c’est de l’horlogerie. Tu changes une chose et ça change tout le reste. Tout se tient. C’est une mécanique très fine. De plus, il fallait constamment jouer sur l’opinion que les participants peuvent avoir des différents personnages.» Son défi était non seulement de raconter une histoire, mais surtout de nourrir la réflexion et l’argumentation des joueurs.
Bien qu’il ait situé le récit dans un univers qu’il connaît bien, celui du monde du spectacle, le projet lui a demandé une part importante de recherches afin de s’assurer du réalisme du scénario. Une quête d’informations, qui, de son propre aveu, avait des allures plutôt sinistres. «À un moment donné, j’avais presque peur que la police débarque chez moi. Toutes mes recherches internet portaient sur les moyens de tuer un personnage. Ça tournait autour des explosions, des électrocutions, des contusions…»
Aujourd’hui, c’est avec fébrilité qu’il attend de tenir le produit final entre ses mains. Ce qui ne devrait pas tarder. Mais, déjà, à l’écouter décrire l’expérience, sa satisfaction ne fait aucun doute. «C’était un travail très exigeant, mais j’ai adoré le faire. Je suis surtout content qu’une belle histoire d’amitié ait mené à la création d’un jeu qui nous ressemble.»
Alors que nous nous quittions, François m’annonçait, avec un élan d’enthousiasme, la couleur de ses prochains projets. Cela n’a fait que confirmer mon intime conviction, celle qu’il n’a pas fini de nous surprendre.
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À la fois auteur, communicateur et entrepreneur, François St-Martin est impliqué dans le milieu culturel depuis près de 30 ans. Son parcours l’amène à explorer différentes facettes des arts et de la culture, dont la scénarisation de bandes dessinées. Au cœur de sa démarche: l’amour de la langue française et le désir de poser un regard bien personnel sur le monde qui l’entoure.