Marie-Louise Tardif, Coalition avenir Québec, Laviolette–Saint-Maurice: C pour campagne, É pour élections

Éric Allard, journalier à l’usine Commonwealth Plywood de Shawinigan, et la députée sortante et candidate caquiste dans Laviolette–Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif, exécutent quelques manœuvres conjointes.

Dans la lumière du matin, l’usine Commonwealth Plywood de Shawinigan semble flotter dans un nuage. Chargée d’un parfum acidulé, la vapeur qui enveloppe le bâtiment de l’avenue de la Fonderie recèle la forêt laurentienne tout entière, dirait-on. Depuis plus de 60 ans, on «déroule» ici les billes de chêne, de bouleau et de merisier – la coupe de placage y est élevée au rang de chorégraphie. La caquiste Marie-Louise Tardif, en quête d’un second mandat dans Laviolette–Saint-Maurice, s’arrête là le temps d’une courte visite de campagne.


Une à la fois, suintantes de vapeur, les billes sont installées sur le tour. Le morceau de bois est ensuite «déroulé» en une mince feuille de placage destinée à l’industrie du meuble. États-Unis, Europe, Asie, Afrique, le produit fini s’en va de par le monde.

Mais la feuille serpente d’abord à travers l’usine sur un tapis roulant. On la découpe, la retourne, la redécoupe, on l’empile, on l’emballe. Feuilles de 4X8 «catégorie A», coupons d’un pouce ou deux de largeur, encore chaude, la bille d’origine est déjà réinventée – première transformation façon mauricienne.

«On récupère tout, tout, tout», s’enorgueillit Denis Bellemare, directeur de l’usine. Avec les pertes on chauffe le «boiler», avec les retailles on confectionne les palettes de livraison, explique-t-il à Marie-Louise Tardif. Mi-cinquantaine, le gestionnaire brille de fierté. Ça part de là, ça s’en va là, on le prend ici, on l’emmène là-bas, gesticule avec énergie le guide du jour.

Denis Bellemare, directeur de l’usine Commonwealth Plywood de Shawinigan, et la candidate de la Coalition avenir Québec dans Laviolette–Saint-Maurice, Marie-Louise Tardif, discutent des défis de recrutement.

Ingénieure forestière de formation, la caquiste est en terrain de connaissance. Aussi délaisse-t-elle un peu les explications pour se prêter au jeu de la chaîne de montage. Elle s’empare d’un lot de feuilles tout juste découpé, pivote sur elle-même, balance l’inventaire au-dessus de la pile. «Comme ça?».

Éric Allard se réjouit du coup de main impromptu. «Celui-là va aller ici», sourit-il à la candidate. Le Shawiniganais travaille là depuis un an. «J’aime ça, il y a toujours de quoi à faire, puis le bois, c’est beau», expose-t-il. Tous ne sont pas comme lui.

À l’heure actuelle, l’usine emploie 62 travailleurs, mais pourrait facilement en embaucher une vingtaine d’autres, pointe Denis Bellemare. Faute de bras, des machines sont à l’arrêt. Malgré le bon vouloir de chacun, les objectifs de production sont rarement atteints, se désole le directeur.

«Je vous le dis Mme Tardif, il y en a qu’on engage un jour, qui rentrent le lendemain matin, ils partent pour aller dîner, et ils ne reviennent pas», souffle le gestionnaire. Défi de taille pour une entreprise qui ne manque pas de commandes. Refrain connu, la caquiste prend tout de même des notes.

La visite se termine dans la cour de l’usine. «V c’est pour veneer, S c’est pour sciage, puis P c’est pour pâte», pointe Mme Tardif, doigt tendu vers les piles de billes marquées d’une lettre. Sur le ton de la complicité, le gestionnaire fait le tour des projets de modernisation de l’entreprise avant que la caquiste ne poursuive sa route et sa campagne.

Au fait, avez-vous fait votre choix, M. Bellemare?, demande le journaliste. «Ben oui, je l’ai dit à madame!».