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Région: un vote éminemment générationnel

CHRONIQUE / Les résultats du sondage Segma Recherche présentés cette semaine dans Le Nouvelliste et au 106,9 Mauricie ne constituaient sans doute pas une grande surprise en nous révélant que la Coalition avenir Québec domine largement dans les intentions de vote dans Trois-Rivières et dans Laviolette–Saint-Maurice.


Même en constatant que les intentions de vote dirigées vers la CAQ sont assez supérieures par rapport à celles de l’ensemble du Québec, ce n’est encore là pas une véritable surprise.

Au cœur du Québec central, la Mauricie se révèle presque toujours un genre de synthèse du vote... francophone.

Mais ce que le sondage de Segma fait peut-être le plus ressortir, c’est à quel point le caractère générationnel des préférences politiques exprimées, et éventuellement du vote, se reflète dans les résultats obtenus.

Quand on constate que la CAQ va chercher le plus gros de ses appuis, tant dans Trois-Rivières que dans Laviolette–Saint-Maurice, chez les 60 ans et plus, on ne s’étonne plus qu’elle soit plus dominante dans la région que dans l’ensemble du Québec.

Dans Trois-Rivières, 72% du vote caquiste provient des 60 ans et plus et dans Laviolette–Saint-Maurice, c’est 71,1%.

La Mauricie est l’une des régions les plus vieillissantes du Québec. Il est donc normal si la génération des 60 ans et plus s’y retrouve en proportion plus élevée et que la CAQ en profite plus qu’ailleurs.

Sans rien enlever de mérite à la députée sortante Marie-Louise Tardif, la démographie de sa circonscription lui apporte un sacré coup de pouce électoral.

D’autant que dans son cas, la génération la plus populeuse qui suit celle les boomers, les 45-59 ans, lui est aussi fortement acquise.

Cette démographie explique probablement aussi que le Parti conservateur y performe un peu moins bien que sur le plan national.

On pourrait en déduire que c’est peut-être en raison de la candidature de l’ancien maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, un homme controversé, qui a souvent eu maille à partir avec la députée Tardif, s’il lui manque quelques points dans les intentions de vote.

C’est peut-être davantage parce qu’il n’arrive à véritablement recruter des appuis significatifs que chez les 30-44 ans.

Dans Trois-Rivières, la conservatrice Karine Pépin parvient à faire cinq points de mieux en élargissant sa base entre les 18-29 jusqu’aux 45-59.

Mais on s’entend que pour les conservateurs, chez les 60 ans et plus, c’est la disette totale. Il y a comme un effondrement. Dans Trois-Rivières, c’est 5,1% de leurs appuis et dans Laviolette–Saint-Maurice, guère mieux, à 5,5%.

Et ce n’est pas le vote des 18-29 qui pourrait compenser.

Québec solidaire peut aussi presque oublier les boomers. Dans Trois-Rivières, cette clientèle électorale n’atteint même pas les 4%. Et même si on double dans Laviolette–Saint-Maurice (8,1%), ça reste très marginal.

On oubliera les libéraux qui sont à toutes fins utiles éradiqués de cette génération, avec un apport de 3,9% de leurs appuis dans Trois-Rivières et… 1,2% dans Laviolette–Saint-Maurice.

On ne se surprendra pas davantage que les candidats de Québec solidaire trouvent leur plus gros bloc d’appuis chez les 18-29 ans.

Ce ne serait pas tout à fait exact, mais on ne serait pas loin de la vérité en résumant que les mamies et les papis votent majoritairement pour la CAQ, que les conservateurs séduisent avant tout une partie de leurs enfants... et que la relève familiale, les millénariaux, n’a surtout d’yeux et d’oreilles que pour les troupes solidaires de Gabriel Nadeau-Dubois.

Quant au Parti québécois, il ramasse ses votes de façon à peu près égale dans toutes les catégories d’âge, sauf chez les 30-40 ans, mais ça reste l’indigence générale.

Chez les 30-44 ans, c’est le PCQ et la CAQ qui se partagent le gros lot.

La solide performance depuis le début de la campagne et au débat de TVA de leur chef Paul St-Pierre Plamondon pourrait susciter quelques remords chez d’anciens péquistes «égarés» à la CAQ et à peine chez QS.

La remontée péquiste dans le Québec francophone qui a été relevée dans le plus récent sondage de Léger devrait quand même toucher un peu la région. Mais ça restera négligeable et ça ne devrait pas changer l’ordre des positions.

Avec plus de 30 points d’avance dans Trois-Rivières et plus de 40 dans Laviolette–Saint-Maurice, la CAQ a les moyens de se délester d’un peu de votes sans éprouver quelque nervosité que ce soit.

Sans compter, on le sait, que plus on gagne en âge, plus on fait l’effort de se rendre aux urnes. Ce qui va avantager nettement la CAQ, puis à un degré moindre, le PCQ... et beaucoup moins QS, à moins qu’on fréquente l’université, qu’on ait comme adresse Trois-Rivières et qu’on veuille utiliser les boîtes de scrutin qui seront déposées à l’UQTR.

Mais dans les 18-29, tout le monde ne va pas à l’université.

On peut toujours chez certains espérer quelques miracles électoraux, un invraisemblable renversement spectaculaire de dernière heure. Sauf qu’on va pouvoir aller voter par anticipation dès dimanche et lundi.

Même si autrement, il reste une dizaine de jours de campagne, on compte de moins en moins de vrais indécis ou de chancelants.