Le hic, c’est que si vous n’êtes pas activement impliqués dans le milieu culturel, vous n’avez sans doute pas eu connaissance de l’activité. Vous n’étiez sûrement pas présent ce jour-là au HEC Montréal et vous n’avez pas écouté la rediffusion en ligne. Je me trompe?
C’est pourquoi je prends le temps de vous en glisser un mot. Parce que je considère que c’est un sujet essentiel à aborder et que je sais pertinemment que vous avez, à un degré ou à un autre, un intérêt envers notre culture. Je ne peux malheureusement pas en dire autant du Parti conservateur, seule formation politique à briller par son absence. En introduction, l’animateur Sylvain Massé a d’ailleurs brièvement fait fi de sa neutralité pour décocher cette flèche: « Bien que chaque parti ait été invité de la même façon, celui-ci a conclu que ce n’était pas important de déléguer quelqu’un. Si vous prenez le temps de lire leur plate-forme, vous verrez que la culture est aussi présente que leur candidat.»
Les représentants des quatre autres partis se sont ainsi partagé la scène durant deux heures, répondant tour à tour aux questions.
Évidemment, ce fut l’occasion pour eux de mettre en lumière quelques-unes de leurs priorités. D’entrée de jeu, Ruba Ghazal de Québec solidaire a ciblé le rapatriement des pouvoirs en culture, la mise au pas des GAFA et le développement d’une politique de la découvrabilité. Pierre Nantel du Parti québécois a également émis le souhait de rapatrier les pouvoirs, allant jusqu’à souhaiter la création d’un CRTQ, un conseil de la radiodiffusion et des télécommunications du Québec. Nathalie Roy de la Coalition avenir Québec a quant à elle exprimé la volonté de protéger la culture québécoise, d’encourager le rayonnement à l’international et de faire de la lecture une priorité. Finalement, Frantz Benjamin du Parti libéral du Québec, qui a tenu à spécifier qu’il était présent à titre de candidat et de poète, a mis de l’avant l’accès à la culture et l’instauration d’un fonds dédié à la création, directement financé par les géants du numérique.
Le dernier bloc, consacré aux questions du public, a permis de constater l’ampleur et la variété des préoccupations du milieu. Il fut par exemple question de lecture, du patrimoine vivant, du loisir culturel, de la diffusion en salle de la musique, de la philanthropie culturelle et du soutien aux artistes et organismes autochtones. Des sujets, ainsi que bien d’autres, qui ne trouvent que très rarement écho dans une campagne électorale.
Moi qui suis habituellement plutôt critique face aux discours électoraux, je dois avouer avoir été agréablement surpris du degré de préparation des orateurs et de la qualité de la plupart des propos entendus ce soir-là. J’ai même perçu une certaine sincérité de leur part. Et croyez-moi, c’est rare que cela m’arrive. Évidemment, il reste à espérer que ces jolis discours se transforment en actions concrètes au lendemain des élections.
D’ici le 3 octobre, souhaitons que cet amour pour la culture témoigné par les candidats présents se propage jusqu’aux plus hautes instances de leur parti et, surtout, que ce grand débat sur la culture n’ait pas été le seul de la campagne.
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Le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec a rédigé 13 recommandations à l’intention des partis. Celles-ci visent à soutenir le développement culturel et en assurer sa vitalité sur l’ensemble des territoires du Québec. Vous pouvez le consulter ici:
https://rcrcq.ca/public/assets/Plateforme-recommandations-RCRCQ-Élections%202022.pdf
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À la fois auteur, communicateur et entrepreneur, François St-Martin est impliqué dans le milieu culturel depuis près de 30 ans. Son parcours l’amène à explorer différentes facettes des arts et de la culture, dont la scénarisation de bandes dessinées. Au cœur de sa démarche: l’amour de la langue française et le désir de poser un regard bien personnel sur le monde qui l’entoure.