Préposés aux bénéficiaires: bon taux de rétention après l'embauche, plaide Dubé

Le ministre sortant de la Santé, Christian Dubé

Le programme de formation accélérée des préposés aux bénéficiaires, qui devait permettre de former 10 000 nouveaux employés prêts à travailler à l'automne 2020, a donné des résultats, selon le ministre sortant de la Santé, Christian Dubé.


«Des 10 039 préposés aux bénéficiaires qui ont été embauchés, 8159 sont toujours à l’emploi, pour un taux de rétention de 81%», souligne-t-il, sur Twitter. 

Lundi, les Coops de l’information révélaient que 40% des 13 445 candidats inscrits au cours accéléré de préposés aux bénéficiaires, assorti d’une bourse de 9200$ à condition de travailler au moins un an, n’ont pas terminé la formation ou ont quitté le métier. Et même s’ils n’ont jamais mis les pieds dans un Centre d'hébergement de soins longue durée (CHSLD), plusieurs ne seront pas obligés de rembourser Québec.

Dans les faits, quelque 3500 boursiers ont abandonné la formation en cours de route, tandis que 1880 autres ont démissionné dans les deux premières années de travail en CHSLD.

Pour Christian Dubé, il importe de «calculer le taux pour les personnes embauchées, et non l’inscription au programme», alors que «les cours de formation continuent».

«Nous nous étions engagés à former en accéléré 10 000 préposés aux bénéficiaires et c’est ce que nous avons fait», ajoute Marjaurie Côté-Boileau, directrice des communications au cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux.

Conditions de travail

Si les primes et les bourses ont attiré bon nombre de candidats, Québec Solidaire (QS) estime que le prochain gouvernement doit se concentrer sur les conditions de travail pour maintenir en poste le plus de gens possible.

«Ce qui fait en sorte qu'on retient les gens ou non, ce sont les conditions de travail», croit Gabriel Nadeau Dubois, pour qui «les services publics au Québec ne sont pas assez un bon employeur».

«Travailler en santé, ça ne devrait pas être synonyme de sacrifier ma qualité de vie, dit-il. C'est ça depuis trop longtemps. C'est ça qui fait en sorte que les gens quittent.»



Le co-porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois

Le Parti québécois s'engage quant à lui à abolir le temps supplémentaire obligatoire. Une condition de travail qui peut faire peur aux étudiants avant même de commencer leur carrière. 

«Comment retenir les nouveaux préposés à l'emploi quand on leur impose encore du temps supplémentaire obligatoire, qu’ils ont à leur charge plus de 20 ou 30 patients et qu'on les traite comme des numéros?», demande le député sortant Joël Arseneau.

L'embauche des quelque 8159 préposés avec le programme accéléré, en l’espace de deux ans, n'impressionne pas non plus les libéraux, qui estiment que la méthode Legault n'est pas assez efficace. La formation politique compte miser sur les travailleurs plus âgés pour augmenter le bassin de préposés aux bénéficiaires.

«Le Parti libéral du Québec mettra les bouchées doubles pour augmenter les efforts de requalifications des travailleurs vers les secteurs où la demande est la plus forte. Le PLQ veut instaurer les ratios personnels soignants-patients. Pour ce faire, notre parti mettra sur place des incitatifs afin de favoriser la rétention et le retour de travailleurs expérimentés sur le marché de l’emploi. Ce n’est pas compliqué; 40%, c’est la note de François Legault en matière de pénurie de personnel dans les CHSLD», laisse tomber Catherine Dostie, responsable des communications au Parti libéral.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime

S'il est élu en octobre, le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ) pense qu'il pourrait faire mieux avec un principe de «concurrence», mais aussi en éliminant les mesures «mur à mur».

«François Legault promettait mer et monde et il était bien fier de dire qu'il allait recruter 10 000 préposés en un claquement de doigts, a réagi Éric Duhaime, de passage à Québec. On est des gens qui croient à la concurrence. On croit aussi que les employés doivent être traités comme des gens respectables. Ce n'est pas acceptable d'imposer du mur-à-mur et d'avoir une mesure hypercentralisée. On pense qu'une décentralisation va faciliter les relations de travail dans le système de santé.»

Avec Thomas Laberge et Olivier Bossé, Le Soleil