La famille de M. Larose a compris depuis longtemps quel était son souhait: celui de vieillir à domicile. Tant que cela lui sera possible, c’est au milieu de ses souvenirs qu’il écoulera ses dernières années de vie. Un choix pour lequel la famille a dû se battre à de multiples occasions, puisque le système actuel semble beaucoup plus enclin à favoriser le placement en hébergement. Mais chez les Larose, on a choisi de se tourner vers les organismes qui lui apporteront de l’aide à domicile. Même si on y fait passer actuellement les économies d’une vie.
À raison de plus de huit heures de soins à domicile par jour, M. Larose reçoit de l’aide pour se lever le matin, pour ses soins personnels, la préparation de ses repas, son coucher, le ménage et différents services qui lui rendront la vie plus facile. Pour ses enfants, qui habitent tous à une bonne distance, c’est à la fois un soulagement, mais aussi un grand sentiment d’injustice que de savoir qu’on ne finance pas davantage l’aide à domicile.
Sa fille, Danielle Larose, explique que sur douze mois de soins, les subventions actuellement disponibles pour permettre ce maintien à domicile ne couvriront pas plus de deux mois de dépenses. Le reste? À la famille de l’assumer.
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«Il est privilégié, on le sait. Mais ça ne devrait pas être un privilège. Tout le monde devrait pouvoir avoir accès à ça si c’est ce que la personne désire. C’est ça, vieillir dans la dignité», résume Danielle Larose.
Son père est loin d’être seul dans son cas. Dans la MRC Des Chenaux, qui fait partie du comté de Champlain, on compte pas moins de 350 personnes qui font appel aux services d’Aide chez soi Des Chenaux pour des soins à domicile. Mais combien ne figurent pas sur cette liste, ayant jeté la serviette et choisi l’hébergement devant l’impossibilité de se permettre des services?
«À l’heure actuelle, la très grande majorité des personnes âgées qui souhaitent demeurer à domicile n’ont pas les moyens de se payer plus d’une heure et demie de soins par semaine. C’est l’équivalent de quelqu’un qui viendra faire le ménage deux fois par mois. C’est loin d’être suffisant pour garder notre monde à la maison. Mais on a une culture de l’hébergement au Québec, à travers tout le système de santé. Il faut que cette mentalité change», considère Manon Trottier, directrice d’Aide chez soi Des Chenaux.
Un peu partout dans le comté de Champlain, la question des soins de santé et des soins de proximité est sur toutes les lèvres. Partout, on a vu la centralisation des services vers les pôles urbains affecter plusieurs clientèles, dont les personnes âgées qui ont parfois du mal à assurer leurs déplacements. À Sainte-Anne-de-la-Pérade, des lits ont été fermés à la résidence, explique le préfet de la MRC des Chenaux, Guy Veillette.
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Du côté de Mékinac, dont sept des dix municipalités se retrouvent dans le comté de Champlain, c’est l’accès à un médecin de famille qui soulève de vives inquiétudes en ce moment. «C’est un enjeu majeur. Tellement de gens chez nous n’ont pas de médecin de famille. Depuis l’implantation du Guichet d’accès à la première ligne, c’est un véritable fiasco! Nos citoyens n’arrivent pas à avoir de réponse, ils se butent à des messages enregistrés et n’ont parfois pas de retour avant 24 heures ou 36 heures. Une dame l’autre jour me disait avoir attendu une semaine avant d’avoir un retour. C’est inacceptable», déplore le préfet de la MRC de Mékinac, Bernard Thompson.
En 2021, Mékinac a perdu six médecins d’un seul coup, ce qui n’a pas aidé à améliorer cette accessibilité. Les services de transport collectif ne sont actuellement pas adaptés à permettre un transport efficace vers les pôles urbains pour assurer les suivis médicaux. «Pour le transport collectif, les subventions sont calculées au nombre de passages, mais ne tiennent pas compte des distances à parcourir. C’est une solution mur à mur pour tout le Québec qui n’est absolument pas adaptée à un territoire comme le nôtre. C’est comme si le gouvernement n’avait aucune conception de ce qu’est la ruralité», ajoute Bernard Thompson.
Dans la catégorie du mur à mur, le comté de Champlain a aussi souffert des nouvelles dispositions de la Loi 103, qui empêche le développement de nouveaux secteurs tant que tout le territoire n’a pas été comblé. Pour des municipalités comme Saint-Narcisse et Hérouxville, ça cause un sérieux problème, alors qu’il n’y a plus de terrains à offrir aux résidents qui voudraient venir s’y installer.
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«Dans la MRC Des Chenaux, nous sommes à 97% en territoire agricole et forestier. Je ne crois pas qu’on abuse. Mais si on veut continuer d’attirer du monde chez nous, il va falloir nous donner les moyens de le faire», croit Guy Veillette, qui est aussi maire de Saint-Narcisse.
Pour attirer ces mêmes personnes, il sera nécessaire de compléter rapidement le passage de la fibre optique pour desservir les citoyens, notamment à Hérouxville et Saint-Adelphe, de même que le réseau cellulaire qui fait des siennes un peu partout, déplorent les deux préfets. «On est en 2022. Internet et le cellulaire, ça devrait être un automatisme, autant que l’électricité l’est devenue», souligne Bernard Thompson.
Le prochain gouvernement, croit-il, devra également revoir la façon dont il attribue les places en garderie, sachant que les dispositions actuelles, encore une fois, ne tiennent pas compte de l’étendue du territoire.
«On a accordé 26 places à Saint-Adelphe et 20 places à Saint-Tite, ce qui vient de fermer les possibilités pour l’ensemble du territoire. Mais avec le territoire que nous avons, ça devient difficile de penser qu’une personne fera autant de route pour aller reconduire son enfant chaque matin. Encore une fois, on semble oublier la réalité des régions comme la nôtre», considère Bernard Thompson.
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À Saint-Tite, le Festival western bat son plein ces jours-ci. Des airs de fête qui font du bien, après près de trois années d’absence en raison de la pandémie. Mais la question du bien-être animal n’a toujours pas été réglée, et l’organisation attend encore et toujours le dépôt du rapport produit par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, à savoir si la Loi sur le bien-être animal viendra affecter ou non la tenue des activités de rodéo.
«C’est toujours en suspens et on attend les résultats qui pourraient avoir un impact sur l’avenir des rodéos. Mais cette loi avait été conçue pour empêcher le développement de chenils mal tenus et d’élevages sauvages. Les rodéos n’ont rien à voir avec l’esprit de la loi», clame Bernard Thompson.
Au Festival western, où on a collaboré aux travaux du MAPAQ à l’intérieur d’un comité conjoint de travail où siégeaient également des groupes de défense des droits des animaux, on se dit confiant d’obtenir des réponses sous le prochain gouvernement. «Évidemment, nous avons hâte de connaître les résultats. Nous demeurons confiants d’avoir des nouvelles encourageantes, car nous sommes très soucieux d’assurer le bien-être de nos animaux», affirme la présidente du Festival, Nadia Moreau.
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Au Parc de la rivière Batiscan, on attend avec beaucoup d’impatience le développement du nouveau Centre des sciences, un projet porté par le Cégep de Trois-Rivières et qui nécessitera des contributions fédérales et provinciales. Le dossier étant toujours à l’étude à Québec et Ottawa, c’est donc forcément le nouveau gouvernement provincial qui devra se prononcer là-dessus.
Mais à Sainte-Anne-de-la-Pérade, sur le bord du fleuve, rien ne tient plus à coeur à Guy Larose que de pouvoir profiter de sa maison et avoir l’aide qu’il lui faut pour y parvenir. Bien appuyé sur sa marchette, il traverse la porte pour revenir dans le salon. Ça commence à devenir plus frais dehors.
«Il y a quelques mois, il est tombé et s’est blessé à la hanche. Nous avons dû l’hospitaliser et il est allé en maison de convalescence. Là-bas, on a vu à quel point il en a vite perdu sur le plan cognitif. Il se laissait aller. C’est chez lui qu’il veut être, c’est ici qu’il est bien. Peut-être que s’il n’avait pas pu revenir à la maison avec tous les soins, il ne serait plus parmi nous», résume sa fille.
La famille, comme tant d’autres, espère donc voir l’enveloppe pour les soins à domicile être bonifiée. Pour que davantage de personnes âgées puissent y avoir accès.
Pour que jusqu’au dernier jour, Guy Larose puisse continuer de tourner le regard vers son fleuve, la tête remplie de beaux souvenirs.
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Circonscription de Champlain
- Population: 72 020
- Nombre d’électrices et d’électeurs inscrits: 59 910
- Superficie (km2): 1 899,67
- Densité de population (personnes par km2): 37,91
Source: electionsquebec.qc.ca
Candidats annoncés dans Champlain pour l'élection du 3 octobre
- Coalition avenir Québec: Sonia LeBel (députée sortante)
- Parti libéral du Québec: Jérémy Leblanc
- Parti québécois: Alexandre Litalien
- Parti conservateur du Québec: Steve Massicotte
- Québec solidaire: Marjolaine Trottier
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