Chronique|

Ça fait du bien de vous revoir, cowboys!

Les rues sont de nouveau bondées à Saint-Tite, après trois ans sans une édition normale du Festival western de Saint-Tite.

CHRONIQUE / C’est venu comme une bouffée d’air frais dès la sortie de l’auto. Un vent frisquet de septembre qui rime généralement avec la doudoune, la chemise carreautée et le chapeau en Mauricie. Un mercredi soir au rodéo comme on avait l’habitude d’en vivre depuis 1967. Sauf que cette fois, ça valait encore plus cher que d’habitude, on aurait dit. Ce vent aux effluves de crinière de cheval et de selle en cuir, on ne l’avait pas senti depuis trois ans. Ce vent qui nous a vite fait voir que, oui, ça fait du bien de vous revoir, cowboys!


À Saint-Tite ces jours-ci, on n’a plus tellement envie de parler de pandémie. La dernière vraie édition, elle s’était tenue en 2019. En 2020, on avait tôt fait de constater qu’il ne servait à rien de rêver à une édition, aussi anormale aurait-elle pu être. En 2021, sous de sévères restrictions, quelques rodéos avaient pu se tenir, mais les rues étaient restées désertes de kiosques, de vendeurs et de semeurs d’ambiance à la suite d’une directive de dernière minute de la Santé publique, menant à cette déchirante décision de la Ville.

Quelques courageux campeurs étaient quand même venus y passer leurs vacances, mais soyons francs... ce n’était pas ce que septembre doit être à Saint-Tite.



Cette fois-ci, nous y sommes! Les rues sont de nouveau bondées, les spectateurs sont de nouveau collés les uns sur les autres dans les estrades. Ça danse sur le trottoir, ça se promène à cheval. Ça déambule entre les kiosques de boules au miel, de queues de castor et de poutines. Ça magasine les motorisés, ça fréquente le Saloon et la Countrythèque, ça bâtit des souvenirs à la Place de la famille. Ça trinque chez À La Fût, ça trinque au 500... disons-le, ça trinque un peu partout!

«Pour nos festivaliers, je peux dire que nous sommes de retour à 100%. Maintenant, en ce qui concerne l’équipe, il faut comprendre qu’il y a trois années qui se sont écoulées. En trois ans, l’équipe s’est renouvelée à près de 50%. Alors pour la moitié du personnel, c’est un premier vrai festival. On a parfois l’impression de commencer nos dossiers à 85%, on a parfois l’impression que la bouchée est très grande. Mais la grande chance qu’on a, c’est d’avoir retrouvé pratiquement l’ensemble de nos précieux bénévoles. Ce sont eux qui jouent la mémoire du festival, c’est grâce à eux qu’on peut avancer et faire en sorte que tout soit parfait», résume la présidente de cette édition, Nadia Moreau.

Nadia Moreau, présidente de la 54e édition du Festival western de Saint-Tite.

Une boussole fidèle et essentielle que sont ces bénévoles, eux qui permettent encore et toujours que l’événement puisse avoir lieu, pandémie ou pas.

À l’entrée des estrades, quelques minutes avant le rodéo, mes collègues et moi avions érigé un petit stand du Nouvelliste, histoire d’aller à votre rencontre et de vous proposer un concours. Ça défilait devant nous, partageant sourires et salutations. Ici, un couple de Granby, là du Saguenay. Cette dame venue du Vermont, cet homme en visite du Nouveau-Brunswick. Cet autre couple qui devait repartir pour la Suisse quelques jours plus tard, mais qui ne pouvait pas manquer Saint-Tite. Et bien sûr, de nombreux résidents de la municipalité, qui bénéficiaient ce soir-là de la possibilité de réserver leurs billets pour le rodéo avant tout le monde. Un petit privilège pour ceux qui «prêtent» leur ville chaque année.



Bref, autant des gens du coin de la rue que du bout du monde, nous laissant bien comprendre que le virus n’aura pas eu raison de la notoriété de l’activité, qui continue de faire parler d’elle à l’échelle nationale et internationale.

Le feu d’artifice commence, les flammes jaillissent à l’entrée des cowboys dans l’arène. La prière du cowboy et l’hymne national, et voilà la soirée partie! La toujours impressionnante course de sauvetage ou l’échange de cavalier. Les chevaux qui auront malmené bien des cavaliers, les taureaux qui n’auront pas donné beaucoup de chances aux compétiteurs. Et tellement de spectateurs qui sont partagés entre encourager le cowboy ou se réjouir pour le petit veau qui a réussi à s’échapper.

Les rodéos sont de retour dans une formule qu’on connaissait depuis 1967.

Seul petit changement aux couleurs habituelles, le drapeau du Canada normalement défilé par les cavaliers a fait place à une écharpe noire qui flotte au vent. Symbole que même dans l’arène, on se souvient du décès de la reine.

Mercredi soir, à mi-parcours de cette édition du festival, le rodéo se termine. Il en restera autant à présenter qu’il s’en est présenté depuis le début des festivités. «On est à mi-chemin, mais on voit la ligne d’arrivée. Là, pour le deuxième week-end, on sait que l’ambiance est toujours plus survoltée, que les gens ont envie de faire encore plus le party. Il reste de beaux spectacles, dont celui de Matt Lang qui est complet. En ce moment, à la billetterie, une personne sur deux veut avoir des billets pour Matt Lang. Ce n’est plus possible. C’est un beau problème», constate la présidente.

Le genre de beau problème qu’on prendrait cent fois plutôt que de repasser par une période de l’histoire qu’on veut clairement oublier.

Le vent s’annonce encore plus frais d’ici dimanche, l’automne est clairement parmi nous. Alors à Saint-Tite, on revêtira la plus grosse doudoune, la chemise plus chaude et les bottes. Mais il ne sera pas question de rester à la maison. Les rues seront bien occupées jusqu’à la dernière minute. Ces rues bondées qui nous manquaient, bien honnêtement.

«Ça fait du bien de se revoir, de voir nos festivaliers, nos bénévoles. En ce moment, à chaque fois qu’il y a une réunion d’un comité, on assiste toujours à de grandes retrouvailles. Il y a des airs de party de famille à Noël», insiste Nadia Moreau.