Ce qui produit le vent, c’est la différence de pression barométrique entre deux endroits. Comme tous les gaz, ceux de l’atmosphère se déplacent des endroits où la pression est plus forte vers ceux où elle est plus faible. Et plus l’écart est prononcé, plus le vent soufflera fort.
Pas besoin d’un gradient de pression énorme pour que l’air se déplace, remarquez. Par exemple, vendredi matin, le sud du Québec se trouvait dans une zone considérée comme de «haute pression» parce que le baromètre indiquait environ 101,7 kiloPascal (kPa, la normale est de 101,3 kPa), et elle était considérée comme basse dans le nord du Québec et de l’Ontario avec des lectures tournant autour de 100,7 kPa. Ce genre de différence suffit pour faire souffler le vent, surtout si le gradient ne s’étend pas sur une longue distance. Pour donner une idée de ce qui constitue un écart de pression extrême, il y avait vendredi un ouragan (Earl) qui passait sur l’Atlantique, et la pression (très anormalement basse) autour du cyclone était d’environ 96,5 kPa, ce qui provoquait des vents de 155 km/h, d’après le site Zoom Earth [https://zoom.earth] — où l’on trouve d’ailleurs de très belles animations montrant l’évolution de la pression atmosphérique, c’est à voir. (Précisons qu’il y a aussi d’autres facteurs que les écarts de pression qui sont impliqués dans la formation d’un ouragan, mais c’est une autre histoire.)
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/QXZ2CX5X3FA2RMUUPZCOE3OALY.png)
Maintenant, qu’est-ce qui cause ces gradients de pression à la surface de la Terre ? Ce sont principalement des écarts de températures, lit-on sur le site de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Les gaz prennent de l’expansion quand ils chauffent. Ils deviennent alors moins denses (le même nombre de molécules gazeuses occupent désormais un volume plus grand) et ont donc tendance à s’élever. Or si, dans une région donnée, une partie de l’air s’en va en altitude, cela implique forcément qu’à la surface, il en restera un peu moins — et si les gaz se raréfient, ne serait-ce qu’un petit peu, la pression va diminuer.
Le principal mécanisme de «production» du vent, c’est ça. Et le principal moteur qui l’actionne, c’est le Soleil, dont les rayons chauffent le sol et l’air juste au-dessus. Alors bien entendu, une fois que le Soleil se couche ou qu’il est très bas à l’horizon et qu’il ne réchauffe plus grand-chose, il n’y a plus (ou en tout cas, pas mal moins) d’air chaud qui s’élève du sol en laissant une zone de basse pression derrière lui. C’est pour cette raison que les vents ont tendance à tomber à la brunante, et à reprendre le lendemain dans la journée.
* * * * *
Pas plus de séisme qu'avant
«Il me semble que la fréquence des tremblements de terre augmente. Les changements climatiques causant le dégel des pôles et l’augmentation du niveau des océans pourraient-ils être responsables ? Par exemple, le niveau croissant des océans pourrait-il peser davantage sur la croûte terrestre et provoquer ces tremblements de terre ?», demande Ghislain Jacques, de Québec.
Le raisonnement derrière cette question n’est pas sans mérite. On sait que pendant la dernière glaciation, le poids des glaciers de plusieurs kilomètres d’épaisseur qui recouvraient la moitié nord de l’Amérique était tel qu’il a fait s’enfoncer considérablement la plaque continentale. Lorsque les glaces se sont retirées, il y a plusieurs milliers d’années, la plaque s’est mise à remonter, et elle le fait d’ailleurs encore : autour de la baie James, où le «rebond post-glaciaire», comme on l’appelle, est à son maximum, le sol s’élève s’élève d’environ 1 cm par année, et c’est autour de 1 ou 2 mm/an à Québec.
Certains travaux ont associé des rebonds post-glaciaires à une activité sismique accrue — mais notons que d’autres n’ont pas trouvé de signe que ces mouvements du sol causeraient des tremblements de terre. Quoi qu’il en soit, l’idée que la fonte des glaces et la hausse du niveau de la mer, avec la redistribution des masses qu’elle implique, puisse avoir des conséquences sur la sismicité n’est en théorie pas complètement farfelue.
En pratique, cependant, on n’observe aucune tendance à la hausse dans le nombre de tremblements de terre — du moins, pas si on tient compte du fait que la détection s’est améliorée dans le temps. Si l’on ne retient que les séismes tellement puissants (magnitude 8 et plus) qu’ils n’ont pas pu échapper à la détection, on se rend compte qu’il n’y a pas de tendance à la hausse depuis un siècle, comme le montre le graphique ci-dessous.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/7DYLC37M5BD6XPZWFNCLDUJ7BQ.png)
Selon la Commission géologique américaine (USGS), il n’y a pas plus de tremblements de terre qu’avant. «On s’attend à ce qu’il y ait environ 16 séismes majeurs à chaque année, lit-on sur le site du USGS. Cela inclut 15 séismes de magnitude 7 et un de magnitude 8 ou plus. Au cours de 40-50 dernières années, nos archives montrent que la moyenne à long terme a été dépassée une douzaine de fois [ce qui n’est pas anormal, d’un point de vue statistique, ndlr].»
* * * * *
Vous vous posez des questions sur le monde qui vous entoure ? Qu’elles concernent la physique, la biologie ou toute autre discipline, notre journaliste se fera un plaisir d’y répondre. À nos yeux, il n’existe aucune «question idiote», aucune question «trop petite» pour être intéressante ! Alors écrivez-nous à : jfcliche@lesoleil.com.