Chronique|

Je vote pour le retour du dimanche d’autrefois

Photo: Stephane Lessard Magasinage de noel au Centre Les Rivieres.

CHRONIQUE / Dimanche dernier, notre cafetière rend soudainement l’âme alors qu’elle prépare notre breuvage chaud d’après-souper. Beaucoup moins dramatique que si la défectuosité concernait un électroménager de la trempe du réfrigérateur, on prend la nouvelle avec légèreté. La solution est à la portée de main. Demain, on ira acheter une nouvelle machine à café… Zut! Il faut attendre une autre journée… lundi, c’est la fête du Travail et tout est fermé.

Devant le fait inhabituel de se buter à des portes closes en plein jour, je me suis remémoré que lorsque j’étais enfant, les magasins n’ouvraient jamais le dimanche. Et pourtant, nos parents arrivaient tout naturellement à planifier leurs commissions hebdomadaires alors qu’ils étaient dans la fleur de l’âge. Ça doit paraître impressionnant aux yeux des jeunes familles d’aujourd’hui, mais en fait, gérer les dépenses sur six jours était un acquis. Ils n’avaient pas le choix. Ça fonctionnait tout simplement ainsi.



Même si quelques métiers obligeaient les uns à travailler, les autres profitaient d’un vrai jour de congé avant de recommencer une autre semaine au calendrier.

Le dimanche était donc le synonyme d’une journée de repos.

Avant l’abolition de la Loi sur l’observance du dimanche en 1987, la société québécoise vivait sur un autre rythme, plus lent il me semble que celui d’aujourd’hui. Avec le recul des années, je m’interroge sur les bienfaits qu’apportaient les dimanches de notre enfance. Les gens n’avaient pas plus de temps pour se visiter? Pour se déposer? Pour mieux s’organiser?

C’est peut-être parce que la soudaine maladie que j’ai contractée au moment où mon entreprise de peinture artistique remportait le succès espéré, que j’ai été obligée de prendre conscience des priorités à dimension humaine avant celles imposées par le tempo effréné de la consommation actuelle.



On peut voir les épreuves comme une punition suprême ou même cosmique. Certains abandonnent, trop déroutés par l’introspection nécessaire pour s’en sortir. Mais d’autres, comme moi, choisissent plutôt de profiter de cet arrêt sur le quotidien pour réorienter leurs valeurs.

C’est vrai qu’au début de ma nouvelle vie, les options étaient considérablement restreintes. Amputée aux deux bras et aux deux jambes, vous pouvez facilement vous imaginer la répercussion de cette immobilité forcée dans toutes les sphères de ma vie. Comme il y a toujours un peu de positif dans le négatif, j’ai bénéficié de ma nouvelle lenteur pour mieux profiter du moment présent. Et à l’instar de la fable de La Fontaine «Le lièvre et la tortue», j’ai appris que peu importe le temps que peut prendre le trajet vers nos objectifs, l’important est de toujours avancer, un pas après l’autre. Et pourquoi pas au passage, prendre le temps de savourer son environnement.

La pause dominicale offrait sûrement aux citoyens les outils pour continuer d’avancer sereinement. Je me demande si la cadence d’aujourd’hui annexée au bombardement continuel d’informations auquel nous sommes exposés ne serait pas responsable des nombreuses dépressions et du mal de vivre.

Quand on y pense, c’est fou comme l’économie a pris tant d’importance que même une pandémie n’a pu la retenir de progresser très longtemps. On a bel et bien vu le retour des dimanches d’autrefois, mais les fermetures prescrites par le gouvernement pour permettre aux commerçants de souffler un peu avec les absences hémorragiques n’ont pas duré.

Avec la pénurie de main-d’œuvre, le retour des dimanches aux commerces fermés ne serait-il pas une solution à envisager? Moi, je voterais pour un ralentissement économique afin qu’on s’assure que tout le monde soit apte à naviguer sur le bateau de l’évolution.

Et puisque nous sommes en élection, je ne peux passer sous silence la proposition de Québec Solidaire de surtaxer les VUS. On ne peut qu’être en accord avec la valeureuse intention de réduire la pollution. Mais il faut aussi tenir compte de certaines réalités. Gabriel Nadeau-Dubois a déjà évoqué que des exceptions pourraient s’appliquer aux familles avec deux enfants et plus. Mais a-t-il pensé aux personnes handicapées? Ce n’est pas par choix que nous utilisons des VUS pour nous déplacer… une petite voiture ne peut juste pas contenir un fauteuil roulant ou un équipement adapté.

D’ailleurs, c’est particulier de constater qu’aucun parti n’arrive avec des promesses pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap. Je sais bien que le sujet n’est jamais très populaire, alors je me permets de rappeler que c’est 16% de la population, soit plus d’un million de personnes, qui vit avec un handicap. Et que malgré les difficultés, on a tout de même le droit et le devoir de voter!