Jacques T. Watso, Québec solidaire, Nicolet–Bécancour: «C’est une fois un Abénakis...»

Le candidat solidaire dans Nicolet-Bécancour, Jacques T. Watso, discute scénario avec une cinéaste-mentor de la Wapikoni mobile.

Jacques T. Watso ne manque pas d’humour. Tandis que le studio de la Wapikoni mobile s’installe à Odanak pour quelques semaines, le candidat solidaire dans Nicolet-Bécancour mûrit une blague de son cru. «C’est une fois un Abénakis...», commence-t-il, œil allumé et sourire en coin, jetant les bases d’un scénario en gestation.


Depuis 2004, dans un cadre convivial, la Wapikoni invite les autochtones, jeunes et moins jeunes, à s’initier au septième art. Devant, derrière la lentille, les membres des communautés laissent ainsi libre cours à leur imagination, leurs aspirations, leurs joies, leurs peines. Les courts-métrages qui en émergent flirtent avec la légèreté ou le propos engagé, c’est selon.

Pour la première fois, la caravane, ses caméras et ses tables de montage font escale en bordure de la Saint-François. On brise la glace à l’occasion de la journée portes ouvertes. Jacques T. Watso et son épouse, Catherine Boivin, coordonnatrice du projet dans la communauté, sont de la partie. On apprend qu’au cours des prochains jours, ils se prêteront tous deux au jeu de la réalisation...

Jacques T. Watso, à bord de la caravane Wapikoni, en compagnie de son épouse, Catherine Boivin.

Et Jacques T. Watso a déjà un synopsis en tête. «C’est une blague, tu sais du genre: c’est une fois un gars...», expose-t-il. Une rigolade comme un prétexte pour montrer Odanak de l’intérieur, dans toute sa couleur et son originalité, propose le candidat. Trop souvent, les communautés autochtones sont dépeintes de l’extérieur, sur fond de clichés, déplore-t-il. «En plus, on ne raconte plus d’histoires. Avant les réseaux sociaux, on avait des conteurs, on dirait qu’on n’a plus ça», pointe le scénariste d’un jour.

«J’avais d’autres idées, plus politiques... mais comme c’est ça que je fais à la journée longue, je voulais toucher à autre chose», fait valoir M. Watso. Une invitation à rire, à voir et à montrer, comprend-on. Pas question cependant de vendre le «punch» aujourd’hui. «La projection des œuvres est pour le 19 septembre», laisse-t-on savoir.

Puis, sur une note patriotique, le conseiller abénakis souligne que sa communauté est un terreau fertile de cinéastes. «La pionnière c’est Alanis Obomsawin, mais il y a aussi Kim O’Bomsawin, qui a fait plusieurs réalisations, il y a Mélanie O’Bomsawin, Angie O’Bomsawin. Il y a Julie O’Bomsawin, qui a une maison de production, Kassiwi Média... c’est pas mal pour une petite communauté. Sans parler de la Cour suprême», laisse tomber le pince-sans-rire, en allusion à la nomination récente de Michelle O’Bonsawin au plus haut tribunal du pays.

Fier Abénakis, Jacques T. Watso entend toutefois faire la part des choses au cours de la campagne. Il compte se faire discret sur sa candidature à Odanak même. «Ici, je reste conseiller», insiste-t-il. À l’extérieur, il dit vouloir mener la lutte sur des thèmes qui lui sont chers. Pauvreté, vieillissement de la population, accès à la santé, pérennité de l’agriculture, les enjeux sont multiples, observe le politicien.

Une vraie course électorale, pour le dire simplement, mais qui ne l’empêchera pas de continuer de jouer son rôle parmi les siens. Quitte à se glisser quelques instants derrière une caméra, le temps d’une bonne histoire et de se permettre de rire un peu.