Chronique|

Est-on en train de soudoyer les électeurs?

Le chef de la CAQ, François Legault, s’est présenté deux fois en Mauricie depuis le début de la campagne. Même si son parti n’apparaît pas menacé, il sera intéressant de voir, dans les prochains sondages, si les chiffres ont bougé... et en faveur de qui.

CHRONIQUE / La plus grande victoire des Québécois, ce serait peut-être, finalement, qu’ils élisent un gouvernement, non pas qui s’appelle Coalition, mais de coalition.


C’est fou la bataille de générosité à laquelle se sont livrés les cinq principaux partis politiques pour aider les Québécois à surmonter l’inflation qui les afflige.

Même si ça a été tardivement avec le Parti québécois, toutes les formations politiques se sont lancées à fond dans un genre de surenchère pour paraître celle qui aurait le plus gros cœur sur la main.



Ç’a été, dès le début de la campagne, comme un grand concours d’ingéniosité pour trouver des formules qui semblent originales et exclusives pour retourner dans la poche des Québécois de l’argent qu’on aura, de toute façon, presque toujours pris dans leurs poches.

C’est à qui accotait l’autre, tout en prétendant ne pas s’y référer, pour en distribuer au moins autant.

On recevra donc des chèques de la part de la CAQ, mais des «allocations de pouvoir d’achat» qui ne seraient pas des chèques de la part du Parti québécois, le dernier parti à embarquer dans la spirale de générosité.

Mais on aura aussi selon les promesses de certains, des baisses ou des crédits d’impôt, ou des bonis, avec plein de réductions ou de suspensions, au moins temporaires, de taxes de toutes sortes..



Le bonheur fiscal! C’est au moins 2000 $ peu importe le parti, mais ça pourrait monter jusqu’à 4000 $ avec le Parti libéral du Québec et même 5000 $ avec le Parti conservateur du Québec, et on ne calcule pas le boni parental de garderie des conservateurs.

Nos chefs politiques auraient revêtu dans les premiers jours de la campagne un bel habit de père Noël que ce n’aurait pas été saugrenu. On comprend qu’on ait dit qu’après les Noëls du campeur, on avait maintenant des Noëls des électeurs.

On pourrait se mettre sur la calculatrice pour vérifier de quel parti viendraient les meilleurs avantages économiques anti-inflation, son «meilleur bouclier» personnel, pour reprendre l’expression de la CAQ, étant donné que cela peut varier en fonction des revenus de chacun, des achats que l’on prévoit faire ou des services que l’on compte obtenir, de son âge ou de son statut social.

Comme ça peut devenir un peu compliqué de tout analyser, comparer, soupeser tout ça pour identifier le parti qui propose l’offre la plus avantageuse pour soi, sans compter qu’on peut avoir le souci de mettre dans la balance quelques considérations morales ou idéologiques, il n’y a pas beaucoup d’issues sauf celle d’élire un gouvernement de coalition.

Un gouvernement qui intégrerait des élus de tous les partis qui seraient tous tenus de respecter leurs promesses électorales.

Ce ne serait plus entre 2000 $ et 5000 $ qu’on recevrait, mais entre 12 000 $ et 15 000 $. Là on jase! On en finirait peut-être même par se dire que l’inflation, c’est bon, puisque ça n’enrichirait plus seulement les gouvernements, mais aussi nous, les bons citoyens.



Mais un grand conseil: ne dépensez surtout pas tout de suite ces grands retours présumés de vos taxes et de vos impôts.

Presque tous les partis ont amorcé la campagne électorale sur la question du pouvoir d’achat des Québécois qui s’effrite, comme si cela avait pu être identifié comme étant la question de l’urne.

Sauf qu’on a vu dans les jours suivants d’autres promesses pleuvoir par centaines de millions $.

À se demander s’il y a suffisamment d’argent dans les coffres de l’État pour permettre à nos chefs politiques de se rendre jusqu’à la fin de la campagne.

À se demander s’il y a quelque chose qu’on n’a pas compris. Les citoyens, enfin beaucoup, manquent d’argent pour soutenir leurs besoins et leurs habitudes de vie alors que les revenus de l’État semblent inépuisables.

On se doute bien que même si Ottawa, où on a eu la dépense facile, est revenu au premier trimestre en surplus budgétaire, la hausse de l’emploi, des salaires et des prix font aussi en sorte de remplir les coffres du Québec en impôts et taxes additionnels que l’on commence à soupçonner colossaux.

En attendant nos chèques de soutien et nos remboursements d’impôt, il va être intéressant de scruter les cadres financiers de nos partis politiques... Qui sait? Peut-être devraient-ils nous séduire financièrement encore plus fortement. Après tout, c’est notre argent!

Après une première semaine de campagne, il est difficile de dire s’il y a un parti ou un chef de parti qui se serait particulièrement distingué.



Il faudra attendre la publication d’un premier sondage pour voir s’il y a des choses qui ont bougé, dans quelle région si c’est le cas, et en faveur de quel parti.

On peut penser que la Coalition avenir Québec n’a pas vraiment eu à céder de terrain. Le chef caquiste s’est présenté deux fois en Mauricie et quelques ténors sont venus donner un petit coup de main à Donald Martel dans Nicolet-Bécancour. Mais ce n’est assurément pas parce que le parti aurait pu détecter un glissement de son vote.

La CAQ pourrait bien, et même ne devrait pas être fragilisée jusqu’au 3 octobre, jour du scrutin.

On a plutôt l’impression que la vraie lutte électorale, ce sera celle de qui formera la première opposition.

C’est le Parti libéral du Québec qui détenait cette position.

En général, entre deux sondages, pour présumer quel parti aurait un certain vent dans les voiles, on regarde celui qui est le plus attaqué par ses adversaires.

Si c’est le cas, ce serait le Parti conservateur du Québec.

Plusieurs ont été prompts à dégainer en sa direction jeudi pour tenir son chef et ses supporteurs responsables de la montée de violence verbale et de menaces à l’endroit des femmes et des hommes en politique.

C’est vrai que c’est le parti qui détonne le plus par ses prises de position, qui fait très «people», qui émet le plus d’émotions, qui a de fortes références de complotisme et de convois de «libârté» et dont le chef est porté par les plus fortes et fiévreuses assistances partisanes. Même, on le «trumpétise».

On devrait savoir cette semaine s’il y a des aiguilles qui ont bougé… et dans quel sens.

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Coup de cœur: La Classique internationale de canots, c’est la plus belle occasion de célébrer la Mauricie, de La Tuque à Trois-Rivières.

Coup de griffe: À l’époque du «cheuf» Maurice, on faisait plus que s’engueuler et se menacer, rouges et bleus, on se tapait dessus jusqu’à ce que ça coule. On y reviendrait?