Mercredi, une équipe du Progrès a eu le privilège de découvrir une infime partie des coulisses du parc zoologique en suivant le quotidien d’une guide naturaliste, d’une gardienne et d’une technicienne en enrichissement. Et leur journée a débuté par la visite de l’enclos des tigres.
Mashka n’a pas mis longtemps avant de sentir le délicieux fumet de la viande congelée, malgré ses 4000 m2 de territoire.
De la passerelle, on peut observer le félin se délecter de son enrichissement et jouer avec comme un gros chat le ferait avec une souris. Un spectacle à la fois attendrissant, hypnotisant et un peu terrifiant, quand on voit ce que ses crocs sont capables de faire à un bloc de glace.
« L’enrichissement, c’est pour stimuler les animaux, parce qu’ils n’ont pas les contraintes qu’ils ont dans la nature », explique Cindy Lavoie, guide naturaliste au Zoo de Saint-Félicien depuis huit ans. Elle connaît les animaux sur le bout des doigts et s’occupe de faire de la sensibilisation dans le parc auprès des visiteurs.
« Les enrichissements vont être chaque jour différents, de différents goûts ou d’aspects divers. Le but est de les faire travailler pour leur nourriture, ajoute Christine Harvey, la technicienne en enrichissement. Il y a aussi des enrichissements de jeu. »
Ceux-ci peuvent prendre la forme d’une balançoire en bois pour les macaques japonais, d’un bois de wapiti pour les grizzlis ou encore d’une dinde en papier, tout en plumes et poils provenant d’autres animaux, pour les couguars.
Le parc zoologique a une politique très stricte concernant le bien-être de ses animaux : le contact avec eux est minimisé au maximum pour garder leur instinct naturel, de prédateur ou de proie.
Alors que le tigre se régale de sa friandise glacée, la fine équipe repart en voiturette pour aller distribuer des collations aux habitants des sentiers de la nature. Au passage, elle s’arrête pour observer les macaques japonais, se laisse adoucir par la mignonnerie des petits pandas et s’amuse devant le spectacle d’un grizzli lançant en l’air son bois de wapiti avant de le récupérer et de recommencer son manège.
Cohabitation
Le zoo compte environ 400 animaux de 75 espèces différentes et certaines d’entre elles habitent ensemble. « On pourrait en avoir plus, mais ça veut dire de plus petits espaces de vie, et les animaux sont priorisés par rapport aux visiteurs », mentionne Cindy.
Ours noirs, wapitis, chiens de prairie, bœufs musqués, bisons et cerfs de Virginie arpentent en toute liberté le parc des sentiers de la nature, d’une superficie de 324 hectares, sans qu’aucun malheur ne se produise.
Tout ce beau monde cohabite grâce à la vigilance des gardiens qui viennent donner de la nourriture et des collations quatre fois par jour et qui vérifient l’état de santé de leurs pensionnaires.
« Les ours noirs sont nourris tout le temps pour réduire la prédation », commente la gardienne Valérie Paquette.
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De petits gourmands
Aussitôt embarqué dans la camionnette remplie de pommes, de granules et de gourmandises en tout genre, il ne faut pas attendre longtemps avant d’être rejoint par les ours noirs. Ils reconnaissent de loin celle qui vient affectueusement les nourrir.
À travers la fenêtre du véhicule, on leur lance des fruits et des croquettes à la viande. Pas question de sortir quand un ours est dans le coin, sa réaction peut être imprévisible, c’est pourquoi Valérie veille au grain.
Un peu plus loin, un groupe de bisons et de wapitis attend avec impatience son foin et ses pommes. Les animaux ont leurs petites habitudes, comme cette femelle bison, abandonnée et élevée au biberon, venue chercher son dû directement à l’arrière de la camionnette, ou encore cette femelle wapiti, qui a suivi la bande de joyeux lurons jusqu’à l’enclos des orignaux dans l’espoir de se faire flatter et de manger dans leur auge.
« On a plusieurs points de nourriture à travers les sentiers pour que tous les animaux puissent manger et aussi pour préserver l’environnement », indique Valérie.
Ensuite, direction les doyens du parc, deux vieux grizzlis de plus d’une trentaine d’années, qui salivent d’envie devant leurs enrichissements glacés accompagnés de petites gâteries. Confortablement assis sur leur postérieur, ils se jettent en avant et fouillent pour trouver ce qu’on leur lance.
« Tu peux les envoyer plus loin, avec leurs gros museaux, ils vont pouvoir les trouver. Ça les fait bouger et redécouvrir leur habitat », conseille Valérie à la journaliste du Progrès.
La distribution d’enrichissements continue avec les loups gris et les loups blancs, qui se sont léché les babines après avoir avalé leurs boulettes de canard.
Pour finir, la petite troupe passe par le territoire des chiens de prairie, qui se précipitent quasiment sous les roues de la voiture pour quémander leurs croquettes. De l’intérieur, on leur en jette à grandes brassées en lâchant des onomatopées qui rendent compte du charmant et mignon spectacle qui se déroule sous nos yeux.
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Clinique vétérinaire
Chaque parc zoologique a sa clinique vétérinaire. Au Zoo de Saint-Félicien, c’est Marie-Ève Seguin, technicienne en santé animale, qui occupe ce domaine depuis 25 ans.
La clinique possède une salle de traitement, de chirurgie et de radio, une pharmacie, un laboratoire et tous les appareils nécessaires pour mener à bien une opération ou une mise bas.
Il arrive parfois que les animaux soient envoyés à la faculté de médecine vétérinaire de Sainte-Hyacinthe lorsqu’ils nécessitent un traitement ou une opération en particulier.
« On fait aussi beaucoup de médecine préventive, explique Marie-Ève. On vaccine et vermifuge tous nos animaux, ils ont tous un dossier, et on vérifie régulièrement les selles. »
Lors du passage du Progrès, un canard et une tortue serpentine étaient en isolement dans des box pour être soignés.
« Tous nos animaux sont importants, même les plus petits », note Cindy.
Marie-Ève est parfois obligée de se déplacer sur le terrain quand elle ne peut pas faire entrer les gros animaux dans sa clinique.
« Par exemple, un bœuf musqué, il nous referait la décoration, alors je vais aller l’anesthésier et m’en occuper dans son habitat, raconte-t-elle. Mais j’aime ça, j’aime qu’il n’y ait aucune journée pareille, on y va au gré des journées et il y a des défis tous les jours. »
Plus qu’une passion, travailler avec les animaux est une véritable vocation. Marie-Ève Seguin, Cindy Lavoie, Valérie Paquette, Christine Harvey et Andrée-Anne Guay, coordonnatrice aux ventes et au marketing, qui a accueilli l’équipe du Progrès, ont toutes les cinq développé l’envie d’évoluer avec les animaux lorsqu’elles étaient hautes comme trois pommes.
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Préparation d’un enrichissement
Dans les cuisines, plusieurs employés s’affairent à préparer de délicieux repas pour les pensionnaires. Christine propose à la journaliste de mettre la main à la pâte afin de confectionner un enrichissement gourmand pour les trois grizzlis orphelins du parc. Au menu : wrap, truite fraîche, pommes, mangues, fraises, bleuets de saison et trèfles.
Une fois devant leur enclos, l’objectif est de lancer les collations aux jeunes grizzlis sans faire de jaloux. Tous les trois se pressent devant la barrière afin de recevoir leurs gourmandises, pour le plus grand bonheur des visiteurs.
Cette journée enrichissante s’est terminée par une visite dans le tunnel des castors, l’observation des géladas et de l’espièglerie des loutres, sans oublier un passage obligé devant les rois du parc, les ours blancs.
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