Après avoir obtenu son permis il y a une dizaine de jours, le Groupe Mouradian a clôturé le site en plus de réaliser quelques travaux préparatoires au cours des dernières semaines. «On a enlevé l’électricité, les lignes de gaz et s’assurer que tout était sécuritaire. Par la suite, il y avait les vacances de la construction. Le démolisseur a rapatrié ses équipements et il y en avait certains qui entraient aujourd’hui [lundi] pour débuter», indique le président, Georges Mouradian
L’opération qui devait commencer en principe à partir de mardi devrait durer environ trois mois. «C’est une bâtisse imposante et il y a certains des matériaux que l’on va traiter localement, comme le béton, parce qu’on en aura besoin pour la construction. Il y aura beaucoup de triage à faire, c’est ce qui explique les délais, indique le promoteur. Il y a aussi certaines choses que l’on veut récupérer, dont les cloches, donc on veut faire ça de façon sécuritaire.»
Pour ce qui est de la construction, elle devrait débuter au printemps, et comprendra sept immeubles de trois étages, avec des stationnements souterrains. Ceux-ci devraient comprendre 21 loyers pour un total de 147 unités de logement.
Le tout devrait être constitué de loyers de 3 et demi, 4 et demi et 5 et demi. «Ce devrait être un tiers, un tiers, un tiers. On est en train de travailler les plans finaux», mentionne le promoteur immobilier qui a déjà soumis des esquisses à la Ville de Trois-Rivières et qui devra soumettre les plans finaux avant d’obtenir les permis de construction.
Grâce à une entente avec la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il devrait y avoir au moins un des sept immeubles qui sera constitué de logements abordables. «C’est à peu près une trentaine d’unités sur le total qui devraient être des logements abordables. Ça se pourrait que ce soit plus élevé. Ça va se clarifier dans les prochains mois», précise M. Mouradian.
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«La demande a été déposée il y a plusieurs mois. Nous avons eu une acceptation préliminaire. Le secteur a été approuvé pour ça. Il reste l’aspect financement qui sera soumis dans les prochains mois, mais on ne prévoit pas de surprise de ce côté-là», ajoute le président du Groupe Mouradian.
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Une page d’histoire
Les promoteurs ont aussi prévu l’aménagement d’un mémorial dans la cour centrale des sept immeubles. Une des cloches de l’église sera en effet placée à l’intérieur d’un petit chapiteau afin de commémorer l’église et le curé Chamberland sous lequel la paroisse a connu son essor.
En plus de ce mémorial, d’autres projets seraient en pourparlers pour conserver le patrimoine immatériel de l’église de Sainte-Marguerite-de-Cortone. «Il y a eu du travail qui a été fait pour éventuellement faire une visite virtuelle de l’église. Je pense qu’il y a eu des témoignages», indique le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, qui souhaite qu’on se souvienne de l’importance de ce symbole de résilience qui s’apprête à disparaître.
C’est que cette église, qui avait été bâtie en deux phases, en 1950 et 1957, avait été en quelque sorte le cœur de ce quartier défavorisé qui avait été construit en grande partie à la suite d’une vaste mobilisation initiée par le chanoine Louis-Joseph Chamberland.
En 1944, il avait fondé le syndicat coopératif d’habitation, qui avait permis une poussée fulgurante au développement de ce secteur de la ville de Trois-Rivières, notamment grâce à la construction de centaines de logements sociaux.
«Les pionniers du quartier, ce sont les mêmes qui ont bâti cette église-là, rappelle le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, qui rappelle que l’initiative du curé Chamberland avait permis de créer de l’habitation, mais également de nouveaux propriétaires qui s’étaient impliqués dans la construction du quartier en allant aider leurs voisins.
«Quand les pères de famille revenaient à la maison, ils faisaient souper les enfants et ils repartaient pour un autre quart de quatre ou cinq heures pour la coop. C’était un dévouement et le curé avait organisé tout ça pour que personne ne travaille pour sa propre personne, mais que tout le monde travaille pour tout le monde», raconte le conseiller.
Celui-ci admet qu’en cette période trouble de crise du logement, une telle solidarité aurait de quoi inspirer les Trifluviens. «C’est un modèle qu’il serait bien de remettre à jour. De créer des coopératives d’habitation à Trois-Rivières, ce peut être intéressant. Il y a des modèles d’avant qui peuvent être innovants aujourd’hui», continue-t-il.
«Je n’ai jamais parlé au curé Chamberland, mais je suis convaincu qu’il connaissait bien la différence entre un quartier de propriétaires et de locataires, souligne Dany Carpentier. La citoyenneté n’est pas du tout la même. Dans Sainte-Marguerite, ce sont des gens qui sont fiers, qui s’occupent de leur propriété. Ça paraît que c’est un quartier de propriétaires.»
Le conseiller ajoute que des leçons doivent également être tirées du projet actuel, ne serait-ce que par la façon de procéder pour obtenir une acceptabilité sociale à la suite d’une consultation. «Avant le dossier du redéveloppement du site de l’église Sainte-Marguerite, cet enjeu-là était peut-être moins pris en compte», soutient-il.
«Aujourd’hui, on ne peut pas ne pas impliquer le citoyen, ajoute le conseiller. Si on veut partir du bon pied avec des projets majeurs de développement, il faut impliquer le citoyen qui réside à côté. Ça va de soi. Des fois, les habitudes de la Ville de Trois-Rivières et des promoteurs, en cette matière, n’étaient pas de mettre la table avec les citoyens.»
«Je pense au prochain développement d’Olymbec, dans la bâtisse des Filles de Jésus, à proximité du sanctuaire. Il faut que les citoyens puissent s’impliquer, même s’il est tard, pour mieux comprendre et mieux être écoutés», lance le conseiller.