Église Sainte-Marguerite: la plupart des squatteurs sont partis

Bien que l’organisme Point de rue affirme avoir pu relocaliser toutes les personnes qui squattaient l’église Sainte-Marguerite, quelques personnes semblent y être retournées. Deux tentes étaient installées à proximité de l’église, jeudi et vendredi.

Alors que la démolition de l’église est imminente, les quelques personnes en situation d’itinérance qui y avaient élu domicile ont pour la plupart quitté, selon l’organisme Point de rue. Celui-ci se réjouit d’ailleurs de la compréhension et de la collaboration de la Ville de Trois-Rivières dans ce dossier sensible.


Le directeur général de l’organisme, Philippe Malchelosse, indique avoir été informé de l’octroi du permis de démolition il y a une dizaine de jours. Il a toutefois demandé à la Ville de retarder le début des travaux pour laisser le temps à son équipe de faire les interventions nécessaires pour s’assurer du bien-être des personnes qui logeaient dans l’église.

«C’est bien que la Ville ait une telle complicité avec les organismes communautaires. Je ne veux pas en nommer, mais ce ne sont pas toutes les villes qui auraient agi de la même façon. On est allé voir les personnes qui étaient là et on a pu trouver des solutions temporaires pour elles. On veut s’assurer que les gens ne seront pas là quand les démolisseurs arriveront», explique-t-il.

Les interventions menées par l’équipe de l’organisme se sont par ailleurs bien déroulées, selon lui. Toutes les personnes qui se trouvaient sur place sont parties, selon les informations dont il disposait, vendredi.

«Ce n’est jamais une bonne nouvelle que de devoir chasser des personnes d’un lieu où elles s’abritent, mais en même temps, on était bien conscients qu’elles n’étaient pas à l’hôtel. On ne veut pas recevoir un appel de l’hôpital parce que quelqu’un a reçu des débris sur la tête. La situation ne pouvait pas durer. Il y a une personne qui nous a même remerciés de prendre soin d’eux, elle était consciente que c’était dangereux de rester là», précise M. Malchelosse.

Celui-ci salue également la bienveillance des patrouilleurs de la Direction de la police de Trois-Rivières, qui ont parfois eu à intervenir sur place.

De son côté, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec indique ne pas craindre que le lien entre ces personnes et ses intervenants soient rompus en raison de leur relocalisation.

«Avec nos partenaires, il a été possible d’agir proactivement, de s’assurer de garder un filet social en place. Les gens qui bénéficient de différents services comme l’aide alimentaire et l’hébergement temporaire, on ne les perdra pas de vue», assure Caroline Morin, agente d’information au CIUSSS.

Des tentes toujours présentes

Lors du passage du Nouvelliste sur place, jeudi, il restait toutefois deux tentes sur le terrain de l’église, à l’extérieur du périmètre protégé par des grilles. Deux femmes s’y trouvaient, depuis quelques jours, selon nos informations. L’une d’elles était auparavant installée à l’arrière du bâtiment, près du presbytère. Elle se disait inquiète pour la suite des choses.

«Je suis handicapée et ma machine [son triporteur, NDLR] est brisée. Je ne peux pas marcher, ça me fait trop mal. Je ne sais pas ce qui va arriver avec nous», exprime Marie-Hélène De Cevres.

Marie-Hélène De Cevres dit ne pas savoir où aller lorsqu’elle sera forcée de quitter le terrain de l’église Sainte-Marguerite. Elle fait partie des quelques personnes qui n’ont pas encore quitté les lieux, alors que la démolition du bâtiment est imminente.

Cette dame, qui dit vivre dans la rue depuis un an et demi, indique toutefois être suivie par une intervenante du CIUSSS. Des démarches seraient en cours afin de lui trouver un toit.

«Mais ce n’est pas facile de trouver un refuge adapté à mon handicap et qui acceptera mon chien», poursuit-elle.

Selon le Centre Le Havre, situé en face de l’église, il restait également quelques personnes à l’intérieur en date de jeudi. Elles sont toutefois bien moins nombreuses que lors de la visite du Nouvelliste à l’intérieur de l’église, vers la fin juillet.

Selon Philippe Malchelosse, de Point de rue, il est possible que des personnes soient revenues chercher leurs affaires, puisque selon ses intervenants, tout le monde avait quitté les lieux. Il en profite également pour rappeler que si des personnes en situation d’itinérance ne peuvent parfois être hébergées dans des ressources comme le Centre Le Havre, ce n’est pas simplement en raison d’un refus.

«Pour des raisons de confidentialité, je ne peux parler de la situation de ces personnes. Mais si, par exemple, une personne a des problèmes de santé mentale et crie toutes les nuits dans sa chambre, quelqu’un qui est en crise toutes les nuits, elle ne peut être hébergée tous les soirs au Havre. Elle a besoin de soins avant tout», souligne-t-il.

Besoin de solutions à long terme

Le phénomène de l’itinérance a pris de l’ampleur au Québec, depuis le début de la pandémie, comme l’ont confirmé plusieurs organismes communautaires. Trois-Rivières ne fait pas exception: le Centre Le Havre confirme que ses sites d’hébergement sont complets depuis le début de la pandémie.

«On refuse rarement des personnes, mais on n’ouvrira pas plus de lits, parce qu’on répond aux besoins locaux. Il faut dire que Trois-Rivières est à mi-chemin sur deux grands axes, soit Québec-Montréal et La Tuque-Sherbrooke. Si on ouvre plus de lits, ils vont se remplir, mais ce sont des personnes de l’extérieur de la région qui vont les occuper», explique Karine Dahan.

Philippe Malchelosse demeure pour sa part inquiet pour la suite des choses. Même si les squatteurs de l’église Sainte-Marguerite ont été relogés, il s’agit de solutions temporaires, rappelle-t-il. Pour des solutions à long terme, la crise du logement limite considérablement les options.

«On achète du temps. Mais si c’est rendu que l’UQTR nous appelle pour trouver des solutions pour héberger des étudiants étrangers, ça montre l’ampleur de la crise du logement. Si c’est difficile pour des personnes qui ont une situation stable de trouver un loyer, imaginez à quel point c’est dur pour des personnes qui n’ont pas cette stabilité. Ça prend une offre de logements plus variée, avec des logements abordables, supervisés, d’urgence et de transition», réitère-t-il.