L’idée que la matière ne disparaisse pas, mais qu’elle se retrouve simplement sous une autre forme, avait bouleversé les savants de son époque. Or, après plus de 200 ans, on apprend avec stupéfaction que les feux d’artifice ne s’évanouissent pas dans la nature comme par magie. Les célébrations sont tout à coup un peu moins réjouissantes dévoilant la question qui s’impose: où va la matière qui s’éclipse de notre vue?
D’abord transformé en dioxyde de carbone, le CO2 libéré par les feux d’artifice contribue à accentuer l’effet de serre. Ce n’est pas souhaitable, mais le pire n’est pas là. On lance déjà consciemment dans l’atmosphère de plus importantes quantités de gaz carbonique avec les cheminées des industries et les pots d’échappement des voitures. Par contre, ce qu’on ne savait pas nécessairement jusqu’à récemment, c’est que les jolis feux d’artifice projettent des millions de particules fines composées de poussière de métaux et de résidus de poudre que l’on respire sans même s’en rendre compte.
On a tous été choqués d’apprendre que les océans remplis de plastique déchiquetaient la matière au gré des vagues et des courants marins. Les minuscules particules devenues invisibles à l’œil nu sont alors absorbées par les poissons que nous mangeons. Le plastique n’a pas disparu, il s’est transformé et pollue juste plus sournoisement en s’immisçant dans la chaîne alimentaire.
Ces faits indiscutables ont tout pour me chicoter les méninges. Je réalise qu’il y a un tas de matière qu’on utilise au quotidien et qui s’évapore ou qui s’envole. Mais puisque nous ne sommes pas dans la comédie américaine «Envy» où le personnage de Jack Black rend jaloux son voisin – incarné par Ben Stiller – en commercialisant un vaporisateur qui fait disparaître les excréments de chien, on est bien obligé de réaliser que Lavoisier avait vu juste.
Quoique… La réalité n’est pas très loin de cette fiction avec la compagnie «Febreze» qui affirme que son produit élimine réellement les odeurs grâce à la découverte d’une petite molécule d’amidon sophistiquée. Mais je me demande, tous ces produits pour parfumer l’air qu’on filtre avec nos poumons sont-ils exempts de conséquences sur la santé?
Mon grand intérêt pour le cinéma m’a enseigné les dangers de l’invisible avec entre autres le percutant film inspiré de faits vécus «Dark Waters». On y apprend que la compagnie qui a créé le Téflon, «DuPont», a fermé les yeux pendant des années sur les rejets toxiques que produisait l’entreprise dans les années 80 aux États-Unis. Le plus angoissant est d’apprendre que la compagnie existe encore aujourd’hui et que la molécule chimique responsable de la terrible et mortelle contamination se trouve toujours sur nos poêles et poêlons. Même les produits similaires qui ont été créés pour remplacer le Téflon ne sont pas confirmés plus sécuritaires. C’est exactement pour cette raison qu’il n’est pas recommandé de chauffer une poêle avec un revêtement antiadhésif à feux vifs.
Je pense aussi au gel antiseptique que j’utilise plusieurs fois par jour pour enfiler mes emboîtures de membres supérieurs. Je dois badigeonner mes moignons avec une substance transparente identique au «Purell», produit que l’on connaît que trop bien en cette ère pandémique. Dans mon cas, ça me permet de glisser à l’intérieur des coquilles tout en favorisant le contact avec les électrodes qui font fonctionner mes prothèses. Cette matière qui semble disparaître est absorbée par ma peau… y a-t-il des dangers reliés à ma consommation abusive de désinfectant?
La même préoccupation se pose pour les déodorants, les crèmes, les savons, les shampoings, les revitalisants, les parfums, les teintures, le maquillage… alouette! Bien que la science ait tenté d’établir des liens avec le cancer du sein ou l’Alzheimer, la corrélation avec les sels d’aluminium que contiennent certains produits qu’on achète à la pharmacie n’a pu être prouvée. Pas encore.
Car il y a beaucoup trop de données à évaluer pour arriver à cibler qui est réellement fautif. On a qu’à penser aux accidents nucléaires qui ont rejeté des matières radioactives dans l’environnement, aux innombrables pneus qui s’usent sur nos routes et s’amincissent transformant le caoutchouc en poussière. On consomme beaucoup trop de substances qui «disparaissent».
Où va le lave-glace qu’on utilise comme de l’eau? Où va le «Jet-Dry», ce liquide qui assèche pourtant la vaisselle!? Où vont les additifs et les agents de conservation ajoutés aux aliments qu’on ingère? Où vont les résidus de ma peinture acrylique lorsque je lave mes pinceaux?
Et si c’était l’accumulation de toutes ces matières invisibles qui circulent dans l’air, dans l’eau, dans la terre – et forcément dans la nourriture – qui cause des maladies comme le cancer ou des troubles comme le spectre de l’autisme?
Je ne suis pas une scientifique, mes informations pour écrire cet article ont été pigées sur les sites de Québec Science, du Gouvernement du Canada, d’actu-environnement et de connaissances pigées ici et là. Mon interprétation est assurément teintée par mon contact avec le monde de l’invisible. Je sais que trop bien que l’invisible n’est pas irréel pour autant. Un de ses représentants, une vilaine bactérie mangeuse de chair, me l’a déjà prouvé.
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Trêve de réflexions, je «disparais» en vacances pour les deux prochaines semaines. Mais comme «rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme», je serai de retour le 28 août, ressourcée!