Homicide à la sortie d’un bar: Gentilly sous le choc

L’onde de choc est encore perceptible au lendemain de l’homicide survenu dans la nuit de mardi à mercredi, à la sortie d’un bar, secteur Gentilly, à Bécancour.

Les rubans jaunes des policiers ont disparu, mais les effluves du drame qui s’est joué la veille flottent encore dans l’air, secteur Gentilly, à Bécancour. Incrédulité, stupeur, les mines sont longues. Christian Poisson, accusé d’homicide involontaire coupable dans l’affaire, est le fils de la propriétaire du bar en face duquel le corps de Yannick Dufort a été retrouvé dans la nuit de mardi à mercredi. Une aura de tristesse plane maintenant sur le bistro de quartier, habituellement prisé et chaleureux.


Dans les rues du village, on tentait toujours jeudi matin de s’expliquer l’inexplicable. «C’était barré icitte, c’était barré là-bas, on pouvait pas passer. Je pense qu’il y avait 17 chars de police au poste, un moment donné. Ils ont retrouvé le corps en plein milieu de la rue», raconte un travailleur prenant la pause à l’ombre du clocher de l’église.

Selon les témoignages recueillis par Le Nouvelliste, Christian Poisson en serait venu aux coups avec Yannick Dufort, alors que celui-ci «ne lâchait pas sa blonde». La conjointe de l’accusé travaillait derrière le bar, semble-t-il.



Difficile toutefois d’en savoir plus. Tandis que l’affaire est dans les mains des enquêteurs, on comprend que les clients étaient peu nombreux dans l’établissement au moment des événements. «C’est un petit bar tranquille, dans un village tranquille, un soir de semaine», expose une cliente de la pharmacie, à deux pas de l’endroit où Yannick Dufort a perdu la vie.

Le travailleur d’un commerce voisin raconte pour sa part «être allé prendre une bière, vers huit-neuf heures», mardi soir, soit quelques heures avant l’altercation fatale. «C’était pas mal tranquille, je comprends pas ce qui a pu arriver», laisse-t-il tomber.

Personne ne semble vraiment connaître la victime. Dans une pizzeria à l’entrée du village, on indique cependant que l’homme de 38 ans était venu déposer son CV à son arrivée dans le secteur. «On lui avait dit: viens, on va essayer... mais il n’est jamais venu», relate Vincent Audet, copropriétaire du restaurant. «Ça fait même pas un an, il restait au motel, il se cherchait un loyer», poursuit-il.

Quant à l’accusé, également âgé de 38 ans, les témoignages laissent entrevoir un homme sans histoire, au tempérament calme. «Ce n’était pas un gars violent», répète-t-on, là où l’événement est évoqué. «Il jouait au hockey, mais je ne l’ai jamais vu se battre au hockey», pointe un commerçant.



Les deux hommes impliqués dans l’altercation étaient somme toute discrets, comprend-on, au hasard des conversations. De fait, c’est surtout par le biais de la propriétaire du bar terrasse Côté-Sud que les résidents du secteur se sentent interpellés par le drame. La femme d’affaires, pour qui tous n’ont que de bons mots, est dévastée par la tragédie, se désole-t-on.

«C’est terrible ce qu’elle vit», chuchotent citoyens, commerçants, voisins et amis. «Tout le monde aime Kathleen, c’est quelqu’un de dynamique et de super impliquée», confie-t-on. L’épreuve que traverse la mère de famille donne une dimension toute tangible aux événements. Tissée serrée, c’est comme si toute la communauté avait perdu une partie d’elle-même dans la nuit fatale.

«Ça fait 40 ans que je suis arrivé ici, je ne pensais jamais voir ça», reprend un passant en secouant la tête.

Christian Poisson demeure détenu et devrait comparaître vendredi pour son enquête sur remise en liberté.