La victoire historique de Hugo Houle décryptée: une part de magie et beaucoup de travail

Hugo Houle a filé seul sur près de 40 km avant de signer une éclatante victoire d’étape, mardi au Tour de France.

Hugo Houle a conquis le cœur de bien des gens, autant des amateurs de cyclisme que des néophytes, en s’adjugeant la 16e étape du Tour de France, mardi dans les Pyrénées. Professeur à l’UQTR, Frédéric Domingue côtoie l’athlète depuis quelques années. Il a accepté de décrypter pour nous cette victoire qui passera à l’histoire.


Houle fréquente le Laboratoire d’innovations et technologies pour le sport et la performance humaine (L-TIPS), sur le campus de Trois-Rivières. Là-bas, Frédéric Domingue, un professeur du Département de génie électrique et génie informatique, compile les données du cycliste professionnel et de plusieurs autres athlètes.

À écouter le chercheur, travailler avec Hugo Houle est un pur bonheur. Pour plein de raisons.

«Hugo se montre très exigeant envers les données et son analyse de performance. Il y a des cyclistes talentueux sur le World Tour, mais tous n’adhèrent pas aux données scientifiques mises à leur disposition. Hugo fait partie de ceux qui y croient, qui redemandent des instruments de mesure. En tant que chercheurs, on a besoin de coureurs comme lui!»

Après sa victoire, «l’éthique de travail irréprochable» de la fierté de Sainte-Perpétue fut vantée par ses équipiers de la formation Israel-Premier Tech.

Pour le téléspectateur, sa manière de dominer cette 16e étape a marqué les esprits. On parle tout de même d’un type qui n’avait jamais gagné de course sur la scène internationale... et qui accomplit enfin l’exploit au Tour de France!

«De se détacher seul à 40 km de l’arrivée, ça ajoute de la splendeur! Il n’a pas volé cette victoire, ce n’était pas dans une petite échappée. Ceux qui suivaient la course ont eu le temps de savourer l’exploit qui se dessinait et ça, c’est tout à l’honneur de Hugo. En fait, courir en solitaire ne lui fait pas peur, puisque c’est un spécialiste du contre-la-montre!»

Oui, il y avait un peu de magie dans tout ça. Surtout que cette étape était disputée dans des conditions de chaleur extrême.

Professeur à l’UQTR, Frédéric Domingue côtoie Hugo Houle depuis quelques années au Laboratoire d’innovations et technologies pour le sport et la performance humaine (L-TIPS).

«Je ne suis pas spécialiste de la physiologie et du corps humain, donc c’est difficile pour moi d’expliquer comment il a pu répondre de si belle façon par une telle chaleur. Par contre, c’est clair que les cyclistes ont été affectés. Certains le sont plus que d’autres, Hugo semble s’en être bien sorti.»

Enchaîner au lieu de subir

Chaque année, des participants se voient forcés à l’abandon au Tour de France. Peu importe le grand tour auquel il a pris part (France, Italie ou Espagne), Hugo Houle a toujours complété ces éreintantes épreuves.

Et en 2022, il prouve par la plus belle des méthodes qu’il peut dorénavant se battre, voire s’imposer à l’avant. «Ce qui m’impressionne le plus, c’est la capacité à enchaîner les journées, de décrocher une victoire à la 16e étape. Hugo était encore capable de donner le meilleur de lui-même, et ce, en dépit d’un parcours très exigeant. Ça représente des efforts considérables.»

C’est la différence entre ce Tour 2022 et le premier du Centricois, en 2019 (il avait alors pris le 91e rang au cumulatif). «Il peut maintenant contribuer tout au long du Tour. On est ailleurs. Là où les meilleurs cyclistes professionnels se démarquent, c’est quand ils ne subissent plus les épreuves, mais qu’ils sont en mesure de les enchaîner.»

Et pas seulement au Tour de France. «Non, il faut regarder plus loin. Hugo a été excellent en finissant 13e de Paris-Nice, en mars», rappelle Frédéric Domingue.

«Il a déjà parcouru plus de 9000 km de courses cette année. Je ne parle que des compétitions, je ne vous parle même pas du volume d’entraînement!»

Pas un touriste!

Hugo Houle a relevé avec brio les défis que constituaient deux grands cols: le Port de Lers (11,4 km à 7%) et le Mur de Péguère (9,3 km à 7,9%).

C’est notable, d’autant plus que Houle n’est pas reconnu comme un grimpeur, mais plutôt comme un rouleur. En fait, son rôle est en mutation au sein de son équipe.

«Il a la chance de s’exprimer, il est loin d’être un touriste chez Isarel-Premier Tech! Même que son équipe l’a encouragé à pousser pour la victoire, il avait carte blanche. Mardi, c’était le scénario idéal pour lui: les équipes de tête du classement général ont laissé les autres se distancer et au final, cela a souri à Hugo. Il y a eu un enchaînement de situations pour lui permettre de réaliser son rêve, mais à la fin, le gros du mérite lui revient.»

Le chercheur a hâte de pouvoir discuter avec son client du laboratoire L-TIPS. Hugo Houle est attendu au Québec dans quelques semaines, à l’aube des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal, qui se dérouleront respectivement les 9 et 11 septembre.