Sans vouloir induire un esprit dramatique, et surtout sans vouloir introduire comme en catastrophe un train, même léger, de mesures barrières à appliquer sans tarder, le Dr Boileau avait quand même admis que le Québec était entré, comme en Europe, dans une septième vague de COVID.
Mais on comprend que ces quelques nouvelles statistiques en montée fulgurante sur la COVID et les recommandations à la prudence qui les accompagnaient n’allaient d’aucune façon freiner le désir des amateurs de pop et de hip-hop, jeunes en général, de s’installer bien serrés devant la scène du Fleuve pour acclamer leurs vedettes, dont Alicia Moffet.
Tout comme au Festival de Québec, vous n’auriez pas dissuadé le moindre fan de X Ambassadors de se priver de se survolter devant sa prestation et de tendre les bras pour l’accueillir et lui faire faire la vague au-dessus de la foule.
Ce n’est pas que les jeunes sont immunisés contre toute contagion, mais ce ne sont pas quelques nouveaux soucis sanitaires qui auraient pu réduire l’assaut des punks au cours du dernier week-end du FestiVoix et des rappeurs qui ont pris la relève mercredi et jeudi.
Ce sont plutôt, pour le grand nombre, des tiktokeurs qui ne se précipitent surtout pas devant leurs écrans de télévision pour se renseigner sur l’état du monde et encore moins pour se morfondre de quelques imprécations à caractère sanitaire.
On pourra peut-être mieux mesurer ce samedi soir et demain si la forte poussée à la hausse des nouveaux cas déclarés de COVID et les hospitalisations qui les accompagnent ont eu quelques effets sur le moral collectif, ou d’une partie de la population.
Il serait quand même surprenant qu’avec les artistes aussi connus que populaires qui viendront clore le FestiVoix, il y ait quelque festivalier qui se prive de son passeport.
Les fans de Simple Plan, par exemple, ne voudront rater sous aucun prétexte leurs retrouvailles avec le groupe et personne ne voudra non plus se priver de regarder dimanche dans le rétroviseur des Cowboys fringants.
S’il se trouvait par hasard des traumatisés, vous pourriez jouer au scalper, car il y a plein de monde désespéré disposé à acheter un billet, même à fort prix.
On ne s’attend assurément pas non plus à ce que les manèges de l’Expo de Trois-Rivières tournent au ralenti. Après deux années de morosité, l’événement était tellement attendu qu’il ne ratera pas son grand retour.
Et l’amphithéâtre tournant de la Cité de l’énergie ne devrait subir aucun fléchissement pour son tout premier spectacle à saveur country, le Crazy Country.
Même si le ministre et le directeur de la Santé publique ont soigneusement évité de donner un ton dramatique à leur intervention, on pouvait craindre qu’elle jette une douche froide sur les grands événements estivaux.
Qu’on vienne briser le party.
À Trois-Rivières, mais il en est aussi ainsi à peu près partout, le retour des grands événements estivaux «à la normale» s’annonçait pour être un succès, parfois historique.
Ce qui témoigne que la population éprouvait un grand besoin de retrouver enfin ses étés remplis de festivités et de chaleur humaine.
Pour l’instant, malgré quelques prévisions de contagion qui doivent être source d’inquiétude, on n’a pas perçu de grands mouvements de repli dans la population.
Elle était trop en manque sévère de sa dose d’adrénaline festivalière.
On n’assiste pas à des psychoses sociales comme on a pu en connaître à certains moments, dont aux Fêtes de 2021, même si sur le plan statistique, on dépasse déjà les données de la quatrième vague.
Comme société, on semble réagir comme si on n’avait vraiment pas le goût de replonger dans la morosité covidale.
Peut-être qu’en effet, si c’est une source de tracas sur le plan personnel, on connaît les mesures préventives qui peuvent être prises.
À chacun d'assumer son niveau de protection, à agir en personne responsable, comme il a été suggéré.
Cela a pour l’instant juste relancé un peu la fréquentation des centres de vaccination, plutôt désertés jusque-là.
Mais ce sont surtout des gens deux, mais surtout trois fois vaccinés, avec parfois une infection passée en prime, donc des convaincus des mérites de la vaccination, qui ont pris des rendez-vous.
On ne s’attendait pas à une vague estivale de COVID. Déjà qu’au début, on nous prévenait, selon les expériences passées, qu’à la quatrième vague, le virus faiblirait beaucoup.
Sans compter qu’on avait tenu pour acquis que l’été, le Corona faisait trêve de combat.
On sait maintenant que de la lignée d’Omicron sont sortis des matamores, les BA.4 et BA.5, des jeunes «bullies» qui ne respectent rien, qui veulent se battre avec tout le monde, qu’on ait été infecté ou pas assez à leur goût, comme s’ils s’étaient vantés à leurs géniteurs de finir le «job» qu’eux n’avaient pas terminé.
On sait qu’ils sont plus contagieux que tout ce qu’on avait connu jusque-là. Par contre, les nouveaux fanfarons sont peut-être moins dommageables.
Notre été, qui apparaissait si brillant, si convivial, n’apparaît pas compromis, du moins pas encore.
On verra en septembre, comme pour tout le reste, où on en est.
Allons-y quand même avec une certaine prudence, ne serait-ce que pour s’assurer de se rendre à la fin de l’été.