Chronique|

Merci, les Cats!

Ce que les Cataractes ont apporté dans la région au cours des dernières semaines, c’est inestimable.

CHRONIQUE / Ça aurait été parfait. Ramener non pas une, mais deux coupes à Shawinigan, on n’aurait pas pu demander mieux. Mais le parcours des Cataractes de Shawinigan au tournoi de la Coupe Memorial s’est terminé lundi soir au Nouveau-Brunswick, dominés en prolongation par les Bulldogs de Hamilton qui accéderont à la finale, en renvoyant les Cats à la maison. Mais nos Cataractes n’ont certainement pas à rougir de cette performance. Pas plus qu’ils n’ont à rougir de la saison qu’ils viennent de nous offrir. Non, ils n’ont pas perdu lundi soir. Ils ont complété la tête haute une année qui passera à l’histoire à Shawinigan.


Quelques minutes avant le début du match, l’entraîneur Daniel Renaud s’est présenté dans la chambre de ses joueurs avec un paquet d’enveloppes à la main. Une pour chacun des joueurs. À l’intérieur de ces enveloppes, des lettres personnalisées qui leur étaient adressées. Des mots, bien souvent rédigés par les familles et les proches, pour leur insuffler l’envie de se battre, mais aussi pour leur rappeler l’essentiel: qu’ils ont toutes les raisons d’avancer la tête haute, peu importe le résultat.

La saison qui vient de s’achever pour les Cats, elle passera à l’histoire pour un millier de raisons. D’abord pour avoir ramené la coupe du Président à Shawinigan après une finale enlevante contre les Islanders, mais surtout en dépit de plusieurs prédictions qui ne les voyaient pas accéder à cette finale, et certainement pas à pouvoir mettre la main sur ce précieux trophée. C’était une première en 53 ans d’histoire. Le seul trophée de l’histoire des Cats qui n’avait jamais été ramené à la maison, voilà qu’il est désormais marqué au fer rouge de la griffe de l’équipe shawiniganaise.



Mais surtout, c’était une saison au cours de laquelle on avait besoin de vivre de tels succès, de voir la foule se soulever de nouveau, de voir le Centre Gervais Auto se remplir à craquer. Cette saison qui a débuté alors que personne, ou à peu près n’avait le droit de venir assister aux matchs, aurait très bien pu se terminer dans une indifférence totale, si l’équation de performances décevantes s’était ajoutée au calcul.

Il faut dire que les équipes de la LHJMQ, comme bien des ligues d’ailleurs, en ont fait des sacrifices pour que le sport puisse continuer, même en temps de COVID. Éclosions, confinement, quotidien d’équipe en bulle, l’éloignement des familles et des amis, et j’en passe. De quoi saper le moral de certains, mais de quoi se tailler un fort esprit d’équipe pour d’autres.

L’organisation des Cats a visiblement choisi le chemin le plus positif à travers les épreuves. Ils ont su en tirer le meilleur.

Ce qui a mené aux séries éliminatoires, à une équipe qui a su se faufiler entre des performances redoutables, d’autres relevant de coups de chance, mais sans jamais perdre de vue l’objectif.



Et dans les estrades, une foule qui se faisait de plus en plus nombreuse. Un public qui a réappris, après deux années à reléguer aux oubliettes, à se rassembler, à crier son enthousiasme, à fêter de nouveau en public. À profiter du spectacle en foule, au nom du sport qu’il n’a jamais cessé d’aimer profondément, même quand un virus l’a forcé à s’en éloigner.

Après tout cela, de voir le toit du Centre Gervais Auto se soulever. De voir la 5e rue de la Pointe se bonder de partisans venus fêter la fierté de leur équipe. Il y avait là quelque chose de plus grand qu’une simple victoire, aussi historique puisse-t-elle être.

Il y avait là l’expression de l’existence qui a vraiment repris son cours normal... et de toute une équipe qui nous donnait des centaines de raisons de vouloir célébrer ce retour à la vie dans l’euphorie la plus totale. Le sport a ceci de beau: il rassemble, il euphorise, il conquiert l’esprit et le coeur des gens. Il marque le temps.

Et dans dix ans de ça, on se rappellera encore cette conquête mémorable, autant qu’on se rappelait avec justesse cette année celle des dix ans de la Coupe Memorial de 2012. Et peu importe où chacun de ces joueurs se trouvera, il aura cette saison gravée sur le coeur, comme ces mots qui ont été gravés dans la lettre qu’ils ont pu lire silencieusement, quelques minutes avant d’entrer sur la glace lundi soir.

Alors non, les Cats ne ramèneront pas la Coupe Memorial à la maison. Mais ce qu’ils ont apporté dans la région au cours des dernières semaines, c’est géant.