Carpe Diem: un milieu de vie innovant dans l’église Saint-Sacrement

De haut en bas, Jean Poliquin, président du conseil d’administration de la Fondation Carpe Diem, Marc Dontigny, président du conseil d’administration de Carpe Diem, le ministre Jean Boulet et la directrice générale, Nicole Poirier.

Carpe Diem, qui a fait l’acquisition de l’église du Très-Saint-Sacrement en janvier 2021, prévoit y investir quelque 9 millions $ afin d’en faire un centre de services, de formation et de recherche international qui sera aussi le pilier d’un projet modèle de quartier multigénérationnel, soit un milieu de vie innovant pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, leur famille et même tout le secteur autour de l’église.


Il s’agit d’un deuxième projet majeur pour l’organisme dirigé par Nicole Poirier, le premier rappelons-le étant l’agrandissement de la maison Carpe Diem du côté du presbytère de l’église Saint-Sacrement et du stationnement, acquis eux aussi par l’organisme il y a quelques années.

Toutefois, ce projet-là stagne, malheureusement, malgré les grands besoins exprimés dans la population pour ce genre de service. «Ça a été bloqué par un partenaire, la SCHL (du côté fédéral) qui n’a pas injecté l’argent», explique Mme Poirier. «On serait supposé être en train de construire», déplore-t-elle. Selon le président du conseil d’administration de l’organisme, Marc Dontigny, c’est l’explosion des coûts des matériaux de construction qui aurait freiné la SCHL. «Les sous sont là, mais ils ne savent pas comment les donner. On ne lâche pas le morceau», précise-t-il d’un même souffle. «Ça va juste prendre un petit peu plus de temps.»



Carpe Diem jouit en effet d’une grande notoriété. Étant un OSBL, ses frais d’administration sont quasi nuls, donc «quand les gens investissent dans Carpe Diem, ils savent que les sous s’en vont directement aux personnes», souligne-t-il.

Comme on s’en doute, rien n’arrête la fondatrice de Carpe Diem et son équipe. En attendant que ce problème se règle, elle et son conseil d’administration vont de l’avant avec un second projet d’envergure, celui de l’église du Très-Saint-Sacrement sur le boulevard Saint-Louis.

Le ministre Jean Boulet était d’ailleurs sur place, mardi, pour confirmer l’octroi d’une aide financière de 2,5 M$ en provenance du Programme visant la requalification des lieux de culte patrimoniaux.

Marc Dontigny explique que l’achat de l’église permettra de poursuivre la mission de Carpe Diem. On entend y tenir des activités culturelles, notamment, pour profiter de l’acoustique de l’édifice, mais également, «offrir des services de proximité», précise-t-il. Un gymnase est déjà aménagé au sous-sol, mais on souhaite avoir également un café et une coiffeuse, par exemple, soit des services de proximité dont les gens pourraient bénéficier en y allant à pied.



Carpe Diem a retenu les services d’une firme spécialisée dans l’attribution de nouvelles fonctions aux églises vendues. «Ça nous a aidés à trouver quel créneau choisir, explique-t-il. Carpe Diem a investi, grâce à sa Fondation, quelque 250 000 $ pour acheter l’église Saint-Sacrement. Même si le montant peut sembler dérisoire pour un édifice de cette ampleur, «il faut l’entretenir», fait valoir M. Dontigny.

«On veut que tout ce qui se passe ici soit en continuité avec notre mission», explique Nicole Poirier. «On a identifié depuis de nombreuses années les besoins à domicile. Les gens veulent vivre et vieillir chez eux. Nous allons déjà à domicile. On voudrait aussi que les gens viennent chercher des services ici, par exemple venir à pied chercher un sandwich, boire un café, voir du monde», résume-t-elle. Le gymnase est déjà fonctionnel», ajoute la directrice de Carpe Diem qui a aussi reçu du soutien de la Fondation Mirella et Lino Saputo.

L’église, qui peut contenir 600 à 1000 personnes, deviendra principalement «une salle multifonctionnelle qui va être équipée pour accueillir des spectacles, du théâtre, de la culture, mais on ne se transforme pas en promoteur de spectacle», précise Mme Poirier. À la demande de culture 3R, d’ailleurs le lieu servira de remplacement à la salle J.-A.-Thompson durant ses grands travaux de réaménagement prévus à partir de 2024.

«Ça peut être aussi corporatif, pour des gens qui cherchent une salle pour un colloque», ajoute-t-elle, mais principalement l’espace sera consacré au volet formation de Carpe Diem, renchérit Marc Dontigny. «Notre mission est de promouvoir l’approche Carpe Diem au Québec et ailleurs», rappelle-t-il, notamment avec l’Europe qui participe à des formations en ligne. Le vaste espace du rez-de-chaussée sera favorable à ce genre d’activité ainsi qu’à un espace café-sandwicherie.

En plus d’accueillir un gymnase, le sous-sol compte plusieurs locaux qui vont servir à divers services «qui seront en cohérence avec notre mission. Ça peut être des services de réadaptation, par exemple, des cours de RCR, un atelier de bricolage, une cuisine collective, bref, tout ce qui favorise la possibilité de vieillir chez soi», explique Nicole Poirier. Ce n’est rien de moins qu’un projet de quartier multigénérationnel qui sommeille derrière cette acquisition.

Si tous les espaces se concrétisent, au fil des ans, c’est donc jusqu’à 9 M$ qui pourraient être injectés dans ce nouvel édifice selon les coûts estimés par l’architecte au dossier. «Il y a d’autres programmes et des fondations» qui peuvent contribuer à atteindre l’objectif, laisse entendre la directrice générale.

Cet avant-projet pourrait permettre de lancer des appels d’offres dans les prochains mois, dit-elle. «Notre objectif, c’est de commencer en janvier», dit-elle.