«Ça a été énergisant de revoir tous ces beaux sourires» lorsque l’allègement des mesures sanitaires a permis d’enlever le masque dans les écoles, indique la porte-parole des écoles privées de la région, Julie L’Heureux, directrice de l’Institut secondaire Keranna. «Avant, il fallait lire sur les sourcils.».
Certes, ça sent le retour à la normalité. «Les bals de finissants ont lieu, de même que les soupers de fin d’année pour les enseignants, mais rien ne sera plus comme avant la pandémie même si l’on revenait à une totale normalité», l’automne prochain, prévoit de son côté la présidente du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges, Claudia Cousin.
«Les deux années de pandémie ont quand même fait mal aux apprentissages», rappelle-t-elle.
Luc Galvani le voit bien, lui aussi. «Il va y avoir du rattrapage à faire. On a eu une baisse au niveau de la diplomation et de la qualification. On était à 82% pour notre PEBR (Plan d’engagement vers la réussite) et là, malheureusement, on est à 74,7%», constate-t-il.
Luc Galvani précise que les CSS ont récemment eu un avant-goût des règles budgétaires qui s’en viennent «et beaucoup d’argent sera investi au niveau du mentorat et du tutorat.» Une structure sera donc mise en place pour aider les élèves, dit-il.
«Les taux de réussite ont baissé un petit peu, mais moins qu’on pensait», indique de son côté le directeur général du CSS de l’Énergie, Denis Lemaire. On ne fera pas doubler les élèves parce qu’il y a des acquis où il ont eu plus de difficultés. On prend les élèves où ils sont rendus et on va les amener plus loin. On va mettre plus d’énergie pour que les prochaines années, on les accompagnera davantage», dit-il. «Le problème qui nous guette, ce sont les ressources. J’aurais beau avoir un million $, si j’ai trois TES de moins, je ne suis pas aidant», plaide-t-il toutefois.
Pascal Blondin, lui, constate que le pourcentage d’élèves vulnérables s’est accru durant la pandémie. Selon son analyse, toutefois, les élèves ont développé d’autres forces, au cours des dernières années, comme la résilience et la persévérance et même une plus grande capacité d’adaptation, et ce, même si la dernière année a connu elle aussi son lot de problèmes liés aux mesures sanitaires, comme les absences du personnel et des élèves et les difficultés de recrutement, notamment. «On se croise les doigts pour un retour à la normalité» pour la rentrée d’août, dit-il.
Du côté des écoles privées, la porte-parole, Julie L’Heureux, n’avait pas encore le bilan des performances académiques des élèves, mais en se fiant sur les données de l’an dernier, la diplomation ne devrait pas avoir changé, prévoit-elle. Les écoles privées ont en effet multiplié toute l’année les initiatives de récupération via des rencontres et des documents de récapitulation. «C’est plus la motivation scolaire qui inquiétait en début d’année», signale Mme L’Heureux puisque les activités parascolaires, sources importantes de motivation, ont été longtemps interdites par la Santé publique.
Chantal Légaré, présidente du Syndicat de l’enseignement de la Mauricie, constate que les enseignants aimeraient bien amorcer, cet automne, une année normale. L’année 2021-2022 «a été difficile», dit-elle en rappelant qu’autour de la période des Fêtes, le milieu scolaire avait connu un nouveau confinement.
Malgré les efforts des enseignants, la réussite académique est «à géométrie variable» cette année, confirme-t-elle. «Il y en a qui devront travailler fort l’an prochain», prévoit-elle.
Luc Galvani se réjouit que malgré tout ce qui s’est passé au cours de la dernière année, «on n’a pas eu de bris majeur dans les services. On est dans une meilleure posture qu’on était l’année dernière pour les vacances. L’été passé, les gens étaient revenus des vacances pas tout à fait bien reposés», rappelle-t-il.
Denis Lemaire, pour sa part, se dit fier de la collaboration au sein de son CSS grâce à laquelle il n’y a pas eu d’arrêt de service, dit-il en qualifiant cette réussite de «magique» et en reconnaissant que tous ces efforts ont toutefois un prix, soit la fatigue du personnel, des élèves et même des parents.
De belles réalisations
Malgré cette deuxième année COVID, beaucoup de belles choses ont été accomplies au cours de cette année difficile.
Du côté du CSS de la Riveraine, on a ouvert la nouvelle école à Saint-Célestin et l’on est en train de construire celle de Saint-Sylvère. Une promesse d’acquisition d’un terrain a également été déposée pour la construction d’une future école dans le secteur Sainte-Angèle-de-Laval en 2025.
Au CSS du Chemin-du-Roy, des formations de courte durée ont été créées pour répondre rapidement aux besoins du secteur de la santé, comme le cours de préposé aux bénéficiaires et d’infirmière auxiliaire. «On est un des CSS à en avoir le plus fait au Québec», souligne Luc Galvani en soulignant aussi la réalisation des projets COUD qui permettent aux étudiants de faire 40% de leur formation en entreprise tout en étant payés à plein temps.
Depuis deux ans, le CSS du Chemin-du-Roy travaille aussi sur une répartition des services complémentaires «pour être en mesure d’assurer un minimum dans chacune de nos écoles. On a revu toute l’approche», dit-il. M. Galvani précise que 93 abolitions de postes ont été faites auprès du personnel de soutien et 131 autres ont été créés par la suite «et la bonne nouvelle, c’est qu’on va être en mesure de les combler», dit-il. Les gens qui ont perdu leur poste dans le cadre de ce réaménagement vont assurément en avoir un autre l’an prochain, dit-il.
Les travaux de construction du Lab-école de Maskinongé sont commencés un agrandissement sera fait également à l’école Marguerite-Bourgeois. Un grand parc-école a été inauguré récemment à l’école Les Terrasses.
Denis Lemaire, de son côté, se réjouit de la création d’un nouveau certificat en suppléance réalisé en collaboration avec l’UQAT. Une quarantaine de personnes se sont inscrites à la formation. On a aussi créé une attestation en éducation spécialisée en collaboration avec le Cégep de Shawinigan.
Les écoles privées, elles, ont mis beaucoup d’efforts de concertation cette année pour s’assurer que des classes extérieures puissent être aménagées pour favoriser l’apprentissage des élèves, souligne Mme L’Heureux.