Comme vous, peut-être, j’ai déjà succombé aux sirènes de mon téléphone pendant que je conduisais — des coups d’œil sur mes textos au feu rouge, des notifications que j’aurais totalement pu ignorer, des appels non urgents auxquels j’ai répondu sur le haut-parleur.
Alors, j’ai tout de suite accepté quand mon iPhone m’a suggéré le mode «au volant», lequel met automatiquement mes appels, mes messages textes et autres notifications en sourdine lorsque je conduis (je n’ai pas CarPlay ou un autre système Bluetooth).
Si quelqu’un essaie de me joindre pendant que je roule, il reçoit ce texto: «Je suis en train de conduire. La fonction “Concentration” étant activée, je lirai votre message à mon arrivée».
N’est-ce pas formidable? Il m’a suffi d’activer le mode «au volant» une fois pour éviter de devoir résister aux distractions de mon téléphone des centaines de fois, et peut-être ainsi empêcher des accidents.
C’est là l’immense pouvoir de l’option «par défaut» — c’est-à-dire ce qui se passe automatiquement lorsque vous ne faites rien.
Les technologies sont constellées d’options par défaut que l’on conserve sans trop se poser de questions. Sur nos téléphones, par exemple, on est nombreux à garder le navigateur Web déjà installé, le moteur de recherche proposé ou la sonnerie qui retentit en premier.
De plus en plus d’abonnements fonctionnent aussi à partir d’options par défaut. Ils se renouvellent automatiquement si vous ne les annulez pas.
On est ici dans une sphère relativement bénigne de nos vies. Mais il y a des options par défaut qui ont des impacts déterminants. Par exemple, les travailleurs ont tendance à épargner beaucoup plus pour leur retraite s’ils cotisent automatiquement à leur fonds de pension, a montré la recherche.
De la même manière, on est plus susceptibles de rembourser nos dettes ou de nous bâtir un coussin financier si on fait des versements automatiques que si on essaie de se souvenir chaque semaine de transférer des fonds dans un compte épargne.
Les options par défaut sont très efficaces parce qu’elles misent sur notre tendance à préserver notre énergie, à choisir le moindre effort.
Souvent, les options par défaut sont mises en place de l’extérieur, par des entreprises ou des gouvernements. Mais on peut aussi en instaurer pour soi-même.
L’idée, c’est de prendre une décision une fois pour éviter de devoir reprendre la décision chaque fois. On exerce notre volonté une fois, et on a (presque) la paix après.
Si, par exemple, vous avez du mal à réserver du temps dans vos journées pour faire de l’exercice, vous pouvez vous inscrire à un cours de spinning chaque lundi soir. Au lieu d’essayer de caser un moment pour pédaler vigoureusement chaque semaine, vous avez réglé le dossier pour deux mois, toujours le lundi, à 19h30.
Même principe pour l’alimentation. Si vous avez un penchant pour les Whippets le soir avant de vous coucher, vous pourriez faire le choix de bannir ces biscuits de votre garde-manger et de les remplacer par des noix.
Quand une fringale nocturne se pointera, vous choisirez par défaut la poignée d’amandes, ce qui rendra sûrement votre microbiote plus heureux qu’une guimauve chocolatée.
Récemment, j’ai aussi expérimenté avec les options par défaut sur l’écran d’accueil de mon téléphone.
J’ai éjecté les applications de médias sociaux et je les ai remplacées par des applications de sites d’information et de bouquins virtuels.
Ce simple rebrassage a fait chuter le temps que je perds sur Facebook ou Twitter et a fait augmenter mon temps de lecture d’articles ou de livres.
J’ai pris la décision une fois. Et depuis, on dirait que c’est le téléphone qui décide pour moi.