Taux directeur en hausse : les taux variables toujours avantageux

Même si un taux variable a du sens financièrement, il y a toujours d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte.

La Banque du Canada annoncera vraisemblablement une hausse du taux directeur mercredi. Mais malgré cette augmentation, et celles à venir, les taux hypothécaires variables restent toujours avantageux selon Philippe Simard, directeur hypothécaire au Québec chez Ratehub.ca.


« En ce moment, les écarts de taux entre le fixe et le variable sont très grands, explique-t-il. On parle presque de 2 % d’écart alors même si le taux variable augmentait de 1 % ou 1,25 %, ce à quoi le marché s’attend d’ici la fin de l’année, le client aura quand même un taux plus bas que s’il avait signé un taux fixe. Historiquement, les gens qui ont pris un taux variable ont toujours été gagnants. »

« Si on regarde les deux dernières années, on a augmenté de 20 %, explique Alexandre Boisvert, copropriétaire de l’agence immobilière IR de Sherbrooke. Ça serait illogique de penser qu’on va encore augmenter de 20 %, mais les indicateurs disent qu’il y aura une augmentation beaucoup plus minime que les années passées. Je pense qu’on va se rapprocher des augmentations normales de 2 % à 5 % par année. »

C’est aussi l’opinion que partage Charles Brant, directeur du service de l’analyse du marché de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

« On évalue à une hausse de 3 % des prix pour 2022 au Québec dans l’unifamiliale », mentionne-t-il.

La hausse des taux d’intérêt aura un impact sur le marché selon lui.

« Il est possible qu’on voit une hausse des prix en début d’année puis qu’on voit une correction dans la deuxième moitié en raison de la hausse des taux d’intérêt, souligne-t-il. Ça aura un impact significatif sur les taux variables et les taux hypothécaires fixes 5 ans remontent depuis quelques semaines. Le niveau d’endettement devient quand même important. Ces facteurs devraient freiner un peu le marché et la hausse des prix. »

M. Brant prévoit aussi une légère hausse de l’offre. 

« Les rentes de retraite ne sont pas indexées et avec l’inflation ça pourrait être un incitatif pour les personnes plus âgées de vendre leurs propriétés pour encaisser un gain en capital et se protéger de l’effet négatif sur leur rente, explique-t-il. Il est possible que plus de ménages soient en difficulté et doivent se départir de leur maison. Mais ce sera encore marginal et il faudra beaucoup de propriétés sur le marché pour retrouver l’équilibre. »

M. Boisvert estime aussi que la pandémie va devenir de moins en moins un frein.

« On commence à être habitué de vivre en pandémie, indique-t-il. Si on avait des projets sur pause, on ne les met plus nécessairement sur pause. Il y aura donc possiblement plus d’inventaires sur le marché.»

Selon M. Brant le déséquilibre entre l’offre et la demande ne date pas seulement de la pandémie.

« Il y a eu très peu de construction unifamiliale dans les 10 ou 15  dernières années par rapport à la demande qu’on a connue dans les 5 dernières années, indique-t-il. Il y a un écart important qui s’est creusé entre l’offre et la demande et ça s’est accentué avec la pandémie. Il y a aussi beaucoup de résidents non permanents qui sont venus au Québec en raison de la pénurie de main-d'œuvre.»