Avouez que l’image est forte.
La semaine climatique de merde qu’on vient de vivre dans la région d’Ottawa-Gatineau nous aura rappelé au moins une chose: notre société est cruellement dépendante de l’hydro-électricité.
Nous sommes très fiers de notre énergie verte et propre. Mais lorsqu’elle vient à manquer, nous voilà comme la cigale à la fin de l’été dans la fable de La Fontaine, à quémander un peu de nourriture (ou d’essence) à la fourmi qui en est fort bien pourvue…
Près d’une semaine après le passage d’une tempête de vent, doublée d’orages violents qui a privé de courant des centaines de milliers de gens dans la région d’Ottawa-Gatineau, on réalise à quel point on ne peut vivre sans notre Hydro.
En me promenant dans les quartiers de Gatineau dans les heures suivant la tempête, j’entendais partout le bourdonnement sourd des génératrices à essence. Privés de courant pendant une période prolongée, les gens empruntaient les moyens du bord pour épargner la nourriture accumulée dans les frigos et les congélateurs. Je n’irai pas leur reprocher de sauver leur bouffe en faisant brûler du pétrole. Mais quand même, tant pis pour les émissions de gaz à effet de serre!
Au Québec, le débat sur la transition énergétique a beaucoup tourné autour du fait de tout rendre électrique, des transports au chauffage des maisons, en passant par les industries, les commerces, les institutions…
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Mais la transition énergétique, ça veut aussi dire réfléchir à ce qui arrive si une source d’énergie se tarit soudainement à cause d’une tempête de vent. Ou à cause d’une guerre. En Europe, des pays songent à se tourner vers le charbon, le combustible fossile le plus néfaste pour le climat, afin de compenser le boycottage du pétrole et du gaz russe. Et vive le retour des pluies acides!
La tempête de verglas de 1998 nous avait déjà fait réaliser notre vulnérabilité à l’hydro-électricité. Les orages violents de la fin de semaine dernière, un phénomène météorologique qui porte le nom de derecho, ramènent cette réflexion au goût du jour. Dans mon quartier, les vents violents ont coupé net des pins centenaires. La tempête, aussi soudaine que violente, a surpris des gens sur la rivière, dans la forêt… Le derecho a fait au moins 9 morts en Ontario et au Québec.
Pourquoi ne pas enfouir tous les fils électriques pour les protéger à tout jamais des vents violents?
La question a été posée à la PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, lors de son passage à Gatineau cette semaine. Parce que c’est impossible, a-t-elle répondu. Le réseau de fils électrique d’Hydro-Québec fait l’équivalent de 6 fois le tour de la terre. La facture pour les enfouir au grand complet s’élèverait à quelque à 100 milliards de dollars…
L’autre phénomène climatique qui a gâché la semaine, c’est la menace des troisièmes inondations en cinq ans à Gatineau, après 2017 et 2019. Cette fois, c’est une pluie exceptionnelle qui est en cause en Haute-Gatineau. En deux jours, il est tombé plus d’eau que la moyenne d’un mois de mai. Le réservoir Baskatong s’est rempli dans le temps de le dire, menaçant de déborder jusqu’à Maniwaki, Wakefield et même Gatineau, 200 km plus bas…
La bonne nouvelle, c’est que les pluies qu’on annonçait jeudi et vendredi seraient moins fortes que prévu. Si bien qu’on s’attend à ce que les inondations, s’il y en a, fassent moins de dommages qu’en 2017 et 2019 dans le secteur de la Pointe-Gatineau. Espérons-le de tout cœur.
En matière de bouleversements climatiques, on peut dire que la population de Gatineau et d’Ottawa y a goûté depuis quelques années, en incluant la fameuse tornade de septembre 2018. Dans notre région, l’urgence d’agir pour réduire le réchauffement a déjà pris une dimension très concrète.
On a tous trouvé que la pandémie a bouleversé nos vies. Mais vivre 24, 48, 72 heures sans électricité, parfois plus, nous fait prendre conscience que les restrictions sanitaires risquent d’être de la petite bière si on les compare à de véritables restrictions climatiques.
Ça fait peur!