Plus précisément, la Communauté Droit animalier Québec (DAQ) demande à la Cour supérieure du Québec de mettre un terme à la prise du veau au lasso et au terrassement du bouvillon, deux activités qui, selon elle, compromettent le bien-être et la sécurité de ces animaux. La porte-parole de DAQ, Oana Zamfir, rappelle qu’en 2017, le professeur de droit à l’Université de Montréal Alain Roy avait obtenu de former un comité d’observateurs pour documenter les rodéos se déroulant pendant le Festival.
«Des personnes ont été mandatées pour faire des vidéos. Des vidéos ont aussi été publiées par le Festival en 2020, et des membres de DAQ ont aussi pris des images pendant le Festival, l’an dernier. Après analyse de ces images, DAQ en est arrivé à la conclusion qu’il y a des abus et des mauvais traitements pouvant affecter la santé des veaux et des bouvillons», explique-t-elle.
L’organisation s’appuie par ailleurs sur un rapport produit à sa demande par le vétérinaire français Geoffroy Autenne. Celui-ci conclut qu’«indépendamment des mesures prises afin d’assurer le bien-être animal […], les épreuves de la capture du veau au lasso et du terrassement du bouvillon dans le cadre du rodéo, porte [sic] systématiquement atteinte à la santé de ces derniers», par des manipulations qui exposent les animaux «à des méthodes de contentions et de manipulations violentes […] menant à un état de détresse de l’animal» et par «l’exposition systématique à des douleurs aiguës».
La Communauté DAQ demande donc, dans sa demande d’injonction, que la Cour interdise ces deux activités et ordonne au Festival western «de veiller au respect de la présente ordonnance». Mme Zamfir rappelle que depuis l’adoption de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal, en 2015, les propriétaires et gardiens d’animaux doivent s’assurer que le bien-être de ceux-ci ne soit pas compromis.
«La Loi affirme que les animaux ne sont pas des choses, mais des êtres doués de sensibilité», rappelle-t-elle.
Mme Zamfir ne savait pas, vendredi, quand la demande d’injonction serait entendue par un juge.
La Communauté DAQ est un organisme de bienfaisance voué à l’avancement du droit animalier au Québec. Selon son site web, il regroupe notamment des juristes, des vétérinaires, des universitaires et des experts dans des domaines comme les sciences cognitives, l’éthique et l’environnement.
Pour sa part, le Festival western de Saint-Tite a confirmé par communiqué, vendredi, «la réception d’une demande d’injonction de la part de la Communauté Droit animalier Québec», mais refuse de commenter davantage. L’événement assure cependant qu’il «a toujours respecté les lois et règlements en vigueur et que l’organisation continue d’offrir son entière collaboration à l’ensemble des travaux touchant au bien-être animal».
Le Festival rappelle également qu’il attend toujours un rapport du comité consultatif chargé d’encadrer les rodéos au Québec. Ce comité avait été mis sur pied par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) en 2017, dans la foulée du dépôt d’une injonction par le professeur Alain Roy, en 2017, pour faire interdire un rodéo dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. M. Roy avait accepté de retirer sa demande après avoir eu l’autorisation du Festival Western d’observer et de documenter ses rodéos.
Le Nouvelliste s’est enquis, vendredi, de l’avancement des travaux du comité. Dans une réponse par courriel, le MAPAQ indique que ces travaux sont toujours en cours, en rappelant que «les rodéos présentent une multitude d’épreuves qui doivent être analysées individuellement au regard de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal».
«Le ministère présentera les conclusions de cette analyse dès que toutes les étapes auront été complétées. Nous n’avons pas les détails pour le moment de la date du dépôt du rapport», indique-t-on.
Rappelons que la 54e édition du Festival western de Saint-Tite doit se dérouler cette année du 9 au 18 septembre.