{"accessibility":"METERED","authors":[],"channel":"Opinions","chapters":[{"contents":[{"accessibility":"METERED","authors":[{"description":{},"imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fc16142c1-0b9b-40c4-ab63-838b0b24ba20.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Brigitte Trahan","source":"Le Nouvelliste"}],"channel":"Actualités","chapters":[{"position":0,"text":{"fr":"

C’est toujours la firme GDG Environnement qui est responsable du programme d’épandage, cette année, du Bacillus thuringiensis israelensis ou Bti. «La prospection est commencée, les traitements débuteront prochainement selon les températures», indique Guillaume Cholette-Janson, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières. Même chose du côté Shawinigan où l’on compte sur cette opération annuelle pour diminuer de 80% la nuisance, et ce, jusqu’à la mi-septembre.

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Shawinigan assure que «le produit utilisé, le biolarvicide Bti, est sécuritaire pour la santé de la population et des autres organismes vivants. Il affecte seulement les larves des insectes piqueurs.»

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Les épandages aériens se font avec du Bti sous forme de petits granules tandis qu’au sol, le produit est employé sous forme liquide. «Le Bti est homologué par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada», souligne la Ville de Shawinigan.

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Rappelons que malgré cela, des citoyens de Shawinigan, de Trois-Rivières et d’autres municipalités du Québec ont formé l’organisme Non au Bti afin de dénoncer les effets du Bti sur les écosystèmes.

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Ce produit affecterait les chironomes dont se nourrissent plusieurs espèces, affirme ce regroupement en se basant sur des articles scientifiques mettant en garde contre les dangers potentiels sur le chaîne alimentaire, dont un paru en 2020 dans la revue scientifique Elsevier et cosigné par sept scientifiques d’Allemagne et de France.

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À la lumière de cette étude et de bien d’autres, Christiane Bernier, une citoyenne de Trois-Rivières et porte-parole de l’organisme Non au Bti, s’inquiète des effets à long terme des épandages du produit. Une pétition, dit-elle, avait été démarrée, mais la pandémie est venue en déranger le processus. «Je vais la reprendre», promet-elle.

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Le vice-président de GDG Environnement, Richard Vadeboncoeur, qualifie les critiques et lettres d’opinions qui s’élèvent contre le Bti de «cochonneries» et de «désinformation.»

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«C’est un petit groupe, une poignée d’opposants au Bti qui se sont trouvé une belle cause», déplore-t-il. Selon lui, ces gens, «par manque de connaissances scientifiques, vont véhiculer de la désinformation», fulmine-t-il.

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«L’absence d’impact total n’existe pas», reconnaît-il. Toutefois, «le contrôle biologique est de loin la meilleure alternative. Les chironomes [ces insectes dont se soucie tout particulièrement le groupe Non au Bti] ont été largement étudiés sur 40 ans», souligne-t-il. «Dans la très grande majorité, on s’aperçoit que oui, le Bti va tuer des chironomes, mais à dosage élevé en laboratoire, des dosages largement supérieurs à ce qu’on utilise quand on fait du travail», plaide M. Vadeboncoeur. «On met toujours les dosages minimaux», assure-t-il.

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Dans un courriel adressé en mars 2021 à l’organisme Non au Bti qui demandait au ministre Benoit Charette d’imposer un moratoire sur l’utilisation de ce produit, la direction des matières dangereuses et des pesticides du ministère de l’Environnement a répondu ce qui suit: «SAgE pesticides, l’outil québécois en matière de risque des pesticides pour la santé et l’environnement, statue que ce biopesticide présente des risques allant de négligeables à nuls pour les organismes vertébrés et non vertébrés non ciblés.» Québec n’a donc pas l’intention d’imposer de moratoire.

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Guillaume Cholette-Janson signale pour sa part que certes, «la Ville de Trois-Rivières est sensible aux préoccupations des citoyens, mais selon un sondage réalisé en 2019, 70% de la population se disait en faveur de ce traitement.»

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Toutefois, les propriétaires ont la possibilité de s’exclure du traitement sur leur terrain ou leur boisé privé en contactant le 311, signale-t-il.

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Faire appliquer le traitement par GDG dans les boisés situés en périphérie des secteurs urbanisés, soit Pointe-du-Lac, Trois-Rivières-Ouest, les Forges, Saint-Louis-de-France et Sainte-Marthe, coûte un peu plus de 1 million $ par année plus taxes.

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Shawinigan permet elle aussi aux citoyens d’exclure leur terrain des zones de traitement en remplissant le formulaire d’exclusion au shawinigan.ca/insectespiqueurs. Il est à noter que s’exclure de l’épandage n’est pas synonyme de s’exclure des frais liés au programme.

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Le ministère des Forêts de la Faune et des Parcs, dans un document d’orientation publié en 2019, indique que «la littérature sur les effets du Bti est toutefois variée, abondante et parfois contradictoire. Le manque d’études canadiennes sur les effets du Bti sur la faune et sur la chaîne trophique rend la prise de position délicate pour le MFFP.»

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À Trois-Rivières, on estime que le Bti a un taux d’efficacité de plus de 95%, indique M. Cholette-Janson.

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Christiane Bernier souligne que le but de l’organisme Non au Bti n’est pas «de faire fermer la compagnie [GDG Environnement]. Nous, c’est la biodiversité qui nous inquiète. Il n’y a pas juste les gaz à effet de serre. La perte de la biodiversité nous menace aussi», rappelle-t-elle. Alors «on continue nos actions», dit-elle.

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À la suite des propos de M. Richard Vadeboncoeur de GDG Environnement dans journal Le Nouvelliste du 25 avril, plus enflammés par des impulsions que par des arguments, il nous semble ici pertinent de laisser parler objectivement les faits réels et la science dans le dossier du Bti.

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Les faits

1. L’insecticide Bti vise les larves de moustiques et de mouches noires, le seul biocide qui est jeté dans l’eau. La recette exacte des produits utilisés est protégée par le secret industriel, donc on ne sait pas exactement ce qui est épandu et quels en sont les effets à long terme. Selon les fiches signalétiques, en moyenne 10% seulement des ingrédients sont issus de la bactérie, le reste étant des adjuvants inconnus.

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2. Le Bti affecte non seulement les moustiques et les mouches noires, mais aussi sept autres insectes de la famille des diptères et aussi des insectes qui ne piquent pas comme les chironomides (Boisvert et Boisvert 2000) et les Simulium jenningsi (une mouche noire).

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3. Comme tous les pesticides, le Bti est homologué par Santé Canada, sauf que cet organisme n’a pas révisé le dossier depuis les années 80, donc les données sur lesquelles se base l’homologation sont désuètes.

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4. On constate un déclin d’insectes partout dans le monde, ni le Canada et ni le Québec n’y échappent. Des chercheurs, qui ont compilé 73 études menées sur 40 ans, ont constaté que plus de 40% des espèces d’insectes disparaissent dans le monde et un tiers des espèces est en voie de disparition Biological Conservation. Le Bti, insecticide de confort, ajoute une pression supplémentaire aux autres causes de ce déclin.

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5. Le Bti participe donc au déclin d’oiseaux insectivores et de d’autres espèces qui se nourrissent d’insectes. Selon un rapport de 2019 publié entre autres par le gouvernement canadien, Nature Canada et Canards illimités, le Canada a perdu 40% à 60% de ses oiseaux de rive, d’oiseaux de prairie et d’insectivores aériens. La diminution des populations de certaines espèces d’hirondelles, de martinets et d’engoulevents a atteint de 90% à 95% au Québec, depuis 40 ans, selon QuébecOiseaux. La diminution d’insectes serait la première cause de ce déclin.

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6. Une équipe de scientifiques, dont Valérie Langlois, scientifique québécoise à l’Institut national recherche scientifique (INRS), arrive à la conclusion que le Bti affecte également les vertébrés: l’étude, commandée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) en 2020, a démontré qu’une exposition au Bti sur les têtards de la grenouille des bois et les têtards du crapaud d’Amérique a modifié la composition de la communauté bactérienne intestinale du têtard du crapaud d’Amérique et a significativement changé le temps médian de métamorphose du têtard de la grenouille des bois.

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7. L’étude de la scientifique Stéphanie Allgeier (2018) de l’Université de Landau en Allemagne a démontré qu’une exposition au Bti, quelle que soit la formulation appliquée, indiquait une détoxification, des réponses antioxydantes ainsi qu’une altération de l’activité neuronale de la grenouille des bois.

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8. Dans un document publié par le MFFP en 2019, Orientation relative au contrôle des insectes piqueurs à l’aide du Bti et du Bsph on peut y lire, entre autres, que le Bti peut avoir des répercussions sur le fonctionnement des réseaux trophiques et des écosystèmes. Les chironomes [non piqueurs] constituent souvent les diptères les plus abondants des milieux humides et les milieux aquatiques et peuvent être réduits de 65% à plus de 90%. En conclusion, ce document recommande d’utiliser des méthodes alternatives et économiques pour les municipalités, telles que les pièges à moustiques et préconise aussi le principe de précaution.

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9. Selon l’avis de toujours les mêmes trois Trifluviens, un sondage réalisé en 2019 aurait démontré que 70% de la population se disait en faveur du traitement au Bti. Comment 70% de la population de Trois-Rivières peut être positif face au service de contrôle des insectes piqueurs, alors que, selon ce même sondage, 69% des répondants ne connaissaient pas ou peu le service?

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En conséquence, si «cochonneries» sont dites, elles ne viennent ni des chercheurs indépendants qui se penchent sur les effets néfastes du Bti et ni des citoyens, qui, comme nous, cherchent à protéger notre biodiversité!

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Christiane Bernier

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Danièle Dugré

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Coalition Biodiversité Non au Bti

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