Nous avions rendez-vous via une plateforme de visioconférence. Lydiane est apparue dans mon écran avec son cellulaire dans la main, le visage souriant et les cheveux dans le vent. Elle marchait tout en parlant.
Cette amoureuse du plein air était à l’extérieur de sa maison en pleine rénovation. J’ai eu l’impression de me promener avec elle dans les rues de son quartier de Québec pendant cet entretien à quelques jours de la fête des Mères, sa première d’une longue série.
«C’est vrai ça! Ça fait bizarre!», s’est-elle exclamée en réalisant que c’est à son tour de se laisser parler d’amour en tant que nouvelle maman d’une petite Zoé, 3 mois et demi.
Le nourrisson a déjà un voyage à son actif, au Mexique. Si la tendance se maintient, le poupon visitera l’Europe à l’automne. D’ici là, à l’été, le bébé découvrira les joies du camping dans la belle province.
Zoé a intérêt à aimer bouger. Sa mère n’a pas l’intention de s’en priver.
«Lydiane autour du monde», vous connaissez sûrement. Ce nom lui va comme un gant... ou un sac à dos. C’est ce qu’elle porte en quasi permanence depuis 2013.
Notre première rencontre remonte justement à cette période de grand changement dans sa vie. L’ancienne agente immobilière et ex-participante d’Occupation double m’avait reçue dans son condo qu’elle venait de vendre, à Trois-Rivières. Tous les meubles et la voiture décapotable avaient également trouvé preneurs.
La jeune femme était sur le point de plier bagage pour se rendre aux Philippines, sa première destination avant de poursuivre sa route sur d’autres continents, seule et sans billet de retour.
«J’ai comme un volcan à l’intérieur de moi qui a besoin d’explorer», avait-elle dit pour expliquer sa décision de partir en terres inconnues.
Son souhait n’a pas mis de temps à se réaliser.
Un an plus tard, des compagnies se sont associées à la voyageuse qui a également animé sa propre émission où on pouvait la suivre tout au long de ses périples. Très populaire sur les réseaux sociaux, «Lydiane autour du monde» est devenue une entreprise avec une boutique en ligne, des conférences, des chroniques à la télé et à la radio, des livres dans lesquels elle relate ses récits de voyage et donne des conseils...
Depuis près de neuf ans, Lydiane St-Onge, qui a aujourd’hui 35 ans, a profité à fond de sa vie composée de sensations fortes.
L’hyperactive de nature a fait de la randonnée en Patagonie, a grimpé le Kilimandjaro, a marché pendant neuf jours sur la Grande Muraille de Chine, a fait une expédition au cœur de la jungle colombienne, etc. On l’a vu faire de l’escalade, du surf, du parachute, de la plongée sous-marine et j’en passe.
La liste est longue et impressionnante pour cette fille qui a toujours été libre de tracer son itinéraire comme bon lui semble.
Lydiane s’est souvent demandé pourquoi il y a cette intensité en elle, ce besoin viscéral de se sentir aussi vivante.
«J’aime me donner un défi et me dépasser, mais parfois, ça joue contre moi.»
Comme lorsqu’elle s’est attaquée au camp de base de l’Everest, en faisant fi d’une bronchite qui a gagné du terrain, elle qui avait «énormément» de symptômes du mal d’altitude. On a dû l’évacuer en hélicoptère, mais aussitôt remise sur pied, Lydiane St-Onge prenait le prochain vol pour une nouvelle destination.
L’intrépide aventurière a longtemps ressenti un vertige à l’idée de devenir mère. À vrai dire, Lydiane n’avait pas l’intention de faire ce grand saut dans le vide avant de rencontrer Tomas, son amoureux qu’elle présente comme un «super partenaire de vie, un papa hyper impliqué et plein d’amour».
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À ses côtés, la jeune femme a apprivoisé cette question qui revenait sans cesse dans sa tête, à savoir si l’arrivée d’un bébé allait chambouler son existence dans laquelle elle s’épanouissait pleinement.
«J’avais autant peur que le goût d’avoir des enfants.»
Zoé a décidé pour Lydiane, en se pointant dans le ventre de celle qui, même enceinte, a maintenu son rythme effréné, comme si de rien n’était. La notion de repos, Lydiane ne connaît pas. Toujours en train de repousser ses limites.
Durant le premier trimestre, la sportive a fait une randonnée de vélo de 120 kilomètres, en prenant place dans le peloton de tête qui roulait à 30 km/h. À cinq mois de grossesse, la future maman a parcouru le fleuve en kayak, de Montréal et Québec. Et trois jours avant d’accoucher, elle était sur ses skis de fond...
Parlant de prouesse digne d’une épreuve olympique, Lydiane a été bien servie durant les dix-sept heures de travail qui ont précédé la naissance de Zoé.
La jeune femme se croyait entraînée pour vivre les douleurs de l’enfantement, elle qui, durant ses nombreuses aventures autour du monde, a connu son lot de blessures qui font mal juste à y penser: une double fracture du coude, une subluxation de la hanche droite, l’ongle du gros orteil arraché...
La future maman se disait: «Je suis prête à tout! Ça va bien aller. Je connais ce niveau de souffrance.»
Non.
Elle rit de bon coeur en se moquant gentiment de sa naïveté.
La beauté dans tout cela, c’est que la douleur a disparu à la seconde où son enfant s’est retrouvé dans ses bras.
«Quelle expérience surhumaine! Wow!»
Depuis que Zoé s’est glissée dans le porte-bébé, Lydiane apprend à ralentir, à s’arrêter pour profiter du fameux moment présent, à «laisser aller», dit-elle avec confiance.
Une bonne amie, une voyageuse qui a déjà connu les joies de la maternité lui avait dit ceci peu de temps avant que Lydiane donne naissance à sa fille...
«Avoir un enfant, c’est comme partir en voyage dans un pays un peu plus dangereux, que tu ne connais pas trop. Tu ne sais pas ce qui s’en vient, mais tu sais que tu vas vivre de très beaux moments et des bouts plus difficiles. Tu vas apprendre la langue sur place et mille et une choses. Avoir un enfant, c’est cela. Tu pars à l’aventure. Tu ne sais pas du tout ce qui t’attend, mais c’est excitant!»
Lydiane a adoré ce parallèle qu’elle partage à son tour aux futures et nouvelles mamans.
Bonne fête des Mères et, surtout, bon voyage!
«Je trouve mon équilibre dans la nouveauté», dit-elle comme pour s'excuser de tout plaquer sans regarder en arrière. Vouée à la réussite, la courtière en immobilier a décidé de changer de vie en allant voir comment ça se passe ailleurs sur la planète. Lydiane est convaincue qu'elle n'a plus une minute à perdre pour vivre le moment présent.
Dimanche matin, elle sera en direction des Philippines avant de poursuivre sa route vers l'Asie. Ensuite? Rien. En fait, tout lui reste à voir, à ressentir et à comprendre.
Si son visage vous rappelle quelqu'un, c'est que vous avez déjà regardé Occupation double, la télé-réalité où des hommes et des femmes célibataires flirtent et s'éliminent comme dans un jeu de stratégie jusqu'à ce qu'un couple soit proclamé grand gagnant.
Lydiane Saint-Onge était au nombre des participants de l'édition 2009 dont les péripéties se sont déroulées en République dominicaine et en Afrique du Sud. Sur ce, la diplômée en gestion hôtelière du Collège Laflèche souligne qu'en présentant sa candidature à Occupation double, elle n'a jamais eu la prétention d'y dénicher son prince charmant, encore moins de rafler une maison construite spécialement pour eux dans une chic banlieue montréalaise où auraient grandi leurs nombreux enfants. Non. Cohérente avec sa passion innée des voyages et des rencontres, la jeune femme s'est plutôt laissé séduire par l'exotisme des lieux du tournage. Voilà pour son côté romantique.
À vrai dire, Lydiane perçoit sa vie comme une checklist et participer à une télé-réalité en faisait partie. «C'est fait!», lance-t-elle en riant.
Bien entendu, on lui parle encore, mais de moins en moins, de son passage à Occupation double. Quatre ans plus tard, l'agente Remax s'en porte très bien ainsi, elle qui, la première, avoue avoir perdu de l'intérêt pour une émission où elle répète n'avoir jamais cherché l'amour, encore moins son quinze minutes de gloire.
Lydiane Saint-Onge a toujours assumé son statut de célibataire en quête de sens et c'est encore plus vrai aujourd'hui. Avant et après Occupation double, elle a beaucoup voyagé, souvent seule, pendant quelques mois, voire un an. «J'ai comme un volcan à l'intérieur de moi qui a besoin d'explorer. J'ai toujours cru que j'étais capable de le satisfaire, mais ce n'était jamais assez», dit-elle pour expliquer son départ dans quelques heures avec, cette fois, un aller simple.
Lydiane ne part pas en claquant la porte même si à 26 ans, elle a décidé de quitter un emploi intéressant, payant et prometteur, de vendre son condo meublé comme dans un magazine de déco, de se départir de sa luxueuse décapotable et de liquider sa garde-robe griffée incluant une cinquantaine de paires de souliers.
La belle hausse les épaules, sourire en coin. Il y a longtemps qu'elle a réalisé que les achats superflus, c'est comme les relations superficielles, un truc sans lendemain.
Lydiane Saint-Onge n'agit pas sur un coup de tête même si elle vient à peine d'officialiser sa décision de partir pour vivre son plus grand rêve: «Vivre ma vie à ma façon, y mordre à pleines dents, découvrir, rencontrer, apprendre... C'est ce qui me motive à me lancer dans cette grande aventure!», écrit-elle sur sa page Facebook (Lydiane autour du monde) où des milliers de personnes la suivent déjà dans son odyssée.
Lydiane Saint-Onge parle d'un processus décisionnel qui s'est enclenché lentement, au rythme de nombreuses lectures et de profondes réflexions sur la vie d'aujourd'hui. «Travailler, gagner de l'argent et consommer... Je ne suis pas sur la terre pour ça», affirme celle qui refuse de tracer sa destinée, préférant renouveler son passeport pour dix ans.
Reviendra-t-elle un jour au Québec? Impossible pour Lydiane de répondre à cette question. «Mes racines sont ici. Je vais sûrement revenir à mon point de départ, mais pour combien de temps? Je ne le sais pas», ajoute une fille qui a toujours pu compter sur l'appui des membres de sa famille, à commencer par celui de ses parents qui ont également quitté leur travail d'agents immobiliers dans la région pour aller s'établir en Nouvelle-Calédonie.
Lydiane souhaite voyager pendant les deux prochaines années pour ensuite, peut-être, s'établir en Australie. La sportive de nature n'est pas inquiète. Elle saura trouver du boulot pour subvenir à ses besoins avant de repartir de plus belle là où ses pas la dirigeront.
«Mon rêve est de vivre de mes voyages», ajoute Lydiane Saint-Onge qui aimerait également travailler à bord d'un voilier, être guide de montagne, faire partie d'une équipe professionnelle de football féminin... Alouette! Comment y arrivera-t-elle? «La vie est un jeu et je compte m'amuser!»