Pour Trois-Rivières, le revenu viable s’élève à 37 869$ pour une personne monoparentale avec un enfant en CPE et 61 385$ pour un couple avec deux enfants en CPE. Ce qui fait que parmi les sept villes étudiées, c’est à Trois-Rivières que le coût de la vie est le moins élevé, à l’exception légèrement du Saguenay pour ce qui est d’une personne seule.
«Au Québec, environ une personne sur cinq vit sous le seuil du revenu viable», souligne Julia Posca, chercheuse à l’Institut. Et selon elle, l’augmentation du salaire minimum de 13,50$ à 14,25$ l’heure en début de semaine est loin d’être suffisante pour atteindre le niveau du revenu viable.
«En travaillant à temps plein, il faut au moins 18$ l’heure pour arriver. Dans certaines localités, ce taux horaire est insuffisant», affirme-t-elle.
Selon la 8e édition de cette étude qui porte sur une période de crises multiples, il faut entre 25 128$ et 34 814$ à un ménage composé d’une personne seule pour vivre dignement, hors de la pauvreté, au Québec en 2022.
On y met aussi en évidence l’importance de l’accès au transport en commun et l’impact de l’inflation pour les personnes au bas de l’échelle.
Le coût du transport influence fortement le calcul du revenu viable, qui augmente drastiquement dans les localités où le transport en commun est très limité.
«Si le service de transport en commun ne permet pas de faire ses déplacements quotidiens vers l’école, la garderie ou encore le travail, le revenu du ménage doit être suffisant pour couvrir l’achat d’une, voire deux voitures, et c’est là que le bât blesse», fait remarquer Mme Posca.
Et c’est particulièrement vrai cette année alors que la forte croissance des prix touche notamment ceux de l’essence. «En plus d’être en cohérence avec la lutte contre la crise climatique, investir massivement dans le transport en commun permettrait de réduire la dépendance des ménages à l’automobile pour leurs déplacements», a-t-elle ajouté.
Quant à l’aide financière de 500$ offerte par le gouvernement du Québec aux personnes touchant des revenus jusqu’à 100 000$, elle sera largement insuffisante, à son avis, pour contrer les effets de l’inflation.
«Les différents programmes de soutien du revenu sont déjà insuffisants. Il faudrait les bonifier et les ajuster en fonction de l’inflation plutôt que d’offrir un chèque ponctuel à tout le monde. Il faudrait que les protections sociales minimales offertes par l’État telles que l’aide sociale couvrent les besoins de base de façon prévisible et récurrente, et que le salaire minimum permette une sortie de la pauvreté. C’est ce qui fait la force du revenu viable : être basé sur le coût d’un panier réel de biens et services qui permettent de vivre dignement», conclut la chercheuse.