Il faut dire que, depuis 2016, un accord de coopération unit les deux villes. Touchant d’abord l’entrepreneuriat, le numérique et la culture, les volets du développement touristique, de la transition énergétique, de l’éducation et de la jeunesse se sont ajoutés en 2021. De nombreuses collaborations ont ainsi lieu dont, par exemple dans le volet culturel, des échanges d’auteurs entre Les Univers givrés et le Festival international de bande dessinée de Chambéry. Un événement auquel j’ai d’ailleurs eu le bonheur de participer en 2018 et qui a sans contredit marqué ma vie personnelle et professionnelle. Dès que j’ai mis les pieds dans cette ville, j’ai été frappé par deux éléments: la beauté du centre historique qui a préservé son architecture médiévale et, surtout, la complicité qui s’établit naturellement, sans trop savoir pourquoi, entre Chambériens et Shawiniganais.
La pandémie aura toutefois retardé de nombreuses initiatives au cours des dernières années. D’ailleurs, la présence de Lara et de Julien, initialement prévue en 2020, fut reportée à deux occasions avant d’avoir finalement lieu cette année.
Depuis leur arrivée, au début du mois d’avril, c’est un flot incessant d’élèves de 4 à 14 ans qui vont à leur rencontre. Des centaines de jeunes ont ainsi l’opportunité d’entrer en contact avec les artistes et leur univers jumelant l’art et la technologie, mais aussi d’en apprendre un peu plus sur cette commune du département de la Savoie, située au pied des Alpes françaises.
Habitués à voyager à travers le monde pour différents projets, que ce soit en Suisse, au Mexique ou en Thaïlande, c’est la première fois qu’ils s’installent à l’étranger pour une si longue période, comprenant autant d’interventions culturelles. Mais au-delà de l’aspect professionnel, c’est de toute évidence la qualité du contact humain qui frappe Lara et Julien jusqu’à maintenant. Particulièrement, la présence bienveillante de Nino Mancuso, médiateur culturel - volet numérique à Culture Shawinigan, qui les a littéralement pris sous son aile. Ils m’en parlent d’ailleurs de la même façon dont on parle d’un ami: «Nino nous a fait découvrir la cabane à sucre et assister à une partie de hockey des Cataractes. Et bientôt, il nous amènera même voir du catch (de la lutte).»
Quand je leur demande de résumer leur séjour jusqu’à maintenant, leur réponse est sans équivoque: «Que du bonheur!» Une joie d’abord attribuable à l’expérience humaine qu’ils vivent, mais aussi à une certaine fierté de représenter leur patelin de l’autre côté de l’océan.
Les ententes de coopération entre des villes du Québec et de la France sont nombreuses. Mais qu’est-ce qu’on en voit habituellement? En premier lieu, l’aspect politique, à travers des photos protocolaires prises à l’hôtel de ville lors de la signature des ententes. Puis, l’aspect économique, par l’entremise de communiqués qui publicisent les retombées. Pendant l’heure que j’ai passée en compagnie de Lara et de Julien, j’ai été le témoin privilégié d’une autre facette de ces ententes qui est rarement mise de l’avant et dont l’impact est pourtant bien tangible: la qualité des échanges humains qu’elles permettent et les amitiés internationales qu’elles font naître.
Alors que s’achevait notre discussion, Lara m’a glissé, débordante d’enthousiasme face à tout ce qu’ils ont l’occasion de vivre depuis quatre semaines: «on a toujours des étoiles plein les yeux». À cet instant, j’aurais dû lui dire qu’elle n’avait pas besoin de me le préciser, que c’était la toute première chose que j’avais remarquée à mon arrivée, avant même que l’on prenne le temps de se saluer. Les étoiles dans les yeux et le bonheur d’être là.