La région s’unit pour une zone d’innovation en transition énergétique

Le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, son homologue de Shawinigan, Michel Angers, la mairesse de Bécancour, Lucie Allard, et le recteur de l’UQTR, Christian Blanchette.-

À six mois de l’échéance électorale, la région s’unit pour réclamer une zone d’innovation en transition énergétique qui regrouperait l’UQTR ainsi que les villes de Bécancour, Trois-Rivières et Shawinigan.


Si cette dernière avait au départ son propre projet de zone d’innovation sur l’électrification des transports, son ajout au dossier de Trois-Rivières et Bécancour devenait essentiel pour que le gouvernement du Québec puisse accorder son feu vert et les millions de dollars qui accompagnent le concept, comme on l’a vu une première fois en Estrie.

Reconnaissant que la conférence de presse tenue mardi à l’UQTR se voulait stratégique, le maire de Shawinigan, Michel Angers, a admis que le nouveau projet régional avait «beaucoup plus de chances de s’inscrire dans la prochaine vague des zones d’innovation».

«On veut indiquer à l’ensemble du Québec, au gouvernement du Québec, que les trois villes sont prêtes à travailler ensemble avec un objectif de répondre aux aspirations, particulièrement du ministère, relatives à la transition énergétique, l’hydrogène, les batteries, l’électrification des transports. C’est le coeur qu’il souhaite faire dans le mandat actuel et si éventuellement, il y en a un autre», a-t-il confié en entrevue.

Et si jamais la désignation d’une zone d’innovation devait ne pas survenir avant le scrutin provincial, le maire Angers se dit confiant que «tous les gouvernements, quels qu’ils soient, vont toujours miser sur l’innovation et sur la façon de se démarquer mondialement». «Et c’est le gouvernement du Québec qui a intérêt à faire des annonces», s’est-il plu à signaler. 

Par cette future Vallée de la transition énergétique, on souhaite ainsi attirer des talents, des entrepreneurs, de grands donneurs d’ordres ainsi que des chercheurs du Québec et d’ailleurs. 

«L’implantation d’une zone d’innovation interrégionale ne peut se faire sans l’engagement profond et la collaboration des principaux acteurs du milieu. En mettant nos forces en commun et en profitant du soutien que procure la désignation d’une zone d’innovation, notre région pourrait devenir une plaque tournante à l’échelle internationale en matière de développement des technologies et des pratiques innovantes en transition énergétique», a commenté le recteur de l’UQTR, Christian Blanchette.

«Je suis particulièrement fier de compter sur l’expertise de nos chercheurs, notamment ceux de l’Institut de recherche sur l’hydrogène, pour le développement d’un aussi ambitieux projet», a-t-il renchéri.

Pour lui, le dépôt d’un nouveau projet de zone d’innovation avec les trois villes ne représente pas un retour à la case départ. «On s’est déjà assuré que les projets étaient complémentaires», précise M. Blanchette.

Pour la mairesse de Bécancour, Lucie Allard, une telle alliance prometteuse et ingénieuse «changera définitivement nos paysages économiques et milieux de vie respectifs, tout en permettant à l’UQTR de prendre un leadership en recherche pour le domaine de la transition énergétique».

«La force d’une zone d’innovation, c’est être un grand nombre. La base, c’est la recherche et c’est pour rayonner. On est complémentaire et uni. Et on a besoin des milieux de vie pour accueillir tous ces travailleurs. Nous avons besoin de nos partenaires municipaux et économiques. Il y en aura pour tout le monde, il faut arrêter de faire des guerres de clocher, mais s’unir», plaide-t-elle. 

«Plus que jamais, l’expression "l’union fait la force" prend tout son sens. Aujourd’hui, nous saisissons l’opportunité de faire front commun pour développer une zone soudée par les expertises intrinsèques et diversifiées de nos trois villes. Le caractère attractif de la région nous assure de notre capacité à attirer une main-d’oeuvre qualifiée nécessaire au déploiement des nouvelles technologies», a affirmé le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche.

Et selon son adjoint parlementaire pour mener ce projet à l’échelle provinciale, Donald Martel, il n’est pas impossible que Shawinigan soit intégrée dans la future zone d’innovation Bécancour–Trois-Rivières sous le créneau de l’énergie verte.



«C’est le défi qu’on se donne dans les prochaines semaines, les prochains mois. Est-ce qu’il y a moyen d’intégrer tout ça? Si oui, ça devient quelque chose de très intéressant. Les deux projets individuels sont très intéressants, mais est-ce qu’il y a moyen de les intégrer les deux en même temps», a-t-il confié au Nouvelliste.

Le député de Nicolet-Bécancour admet que «Shawinigan a un très beau projet qui est avancé». «Ils ont des avantages reliés à leur centre collégial de transfert de technologie, au centre de recherche d’Hydro-Québec, tout ce qui est électrique. Il y a quelque chose d’intéressant relié à l’utilisation de la batterie», fait-il remarquer.

Pour ce qui est de Bécancour–Trois-Rivières, le responsable des zones d’innovation au Québec, qui parle de zones collaboratives, soulève la renommée de l’UQTR en matière d’hydrogène alors que le parc industriel de Bécancour compte une entreprise telle que Air Liquide, «qui est le plus gros générateur d’hydrogène au Canada».

En point de presse, jeudi, son grand patron a pu enfin expliquer le concept qui découle de son livre écrit en 2013 sur le projet Saint-Laurent. Inspirée par la Silicon Valley, son idée a germé à la suite d’un constat.



«Quand on regarde la recherche au Québec, on est parmi les meilleurs au monde. Quand on regarde la commercialisation de la recherche, on est parmi les derniers au monde. On a du travail à faire pour être capable de passer de la recherche à la commercialisation», a admis M. Legault.

Pour lui, l’écart de richesse du Québec avec ses voisins est injustifiable.

On a tout pour réussir au Québec. On a des universités qui sont de calibre international et des entrepreneurs très créatifs. L’idée, c’est de rapprocher nos chercheurs vers les entreprises, d’avoir des espaces communs.

«L’idée des zones, c’est de choisir des pôles d’expertise et développer des fleurons québécois. Une des raisons importantes pourquoi le Québec est moins riche, c’est qu’on a moins de grandes entreprises québécoises. Les zones d’innovation, c’est une opportunité de développer des fleurons», renchérit le premier ministre.

Celui-ci précise que l’un des critères utilisés pour choisir les zones d’innovation, «c’est qu’il y ait des partenaires privés». Ainsi, pour les deux premières annoncées en Estrie, pas moins de 533 M$ proviennent des entreprises privées tandis que le gouvernement du Québec injecte 157 M$.

Et pour qu’un projet de zone d’innovation soit retenu parmi la trentaine de dossiers soumis, «on veut de l’argent du privé et on veut réunir l’institution du savoir et les entreprises sur une thématique gagnante pour le Québec», décrit le ministre Fitzgibbon.



«On a une équipe qui regarde tous les projets. Il y a des endroits au Québec où on est performant. Ces endroits seraient sujets à avoir une zone. On travaille à mettre en place tous les morceaux et on va attendre quelques mois», ajoute celui qui est également ministre responsable du Développement économique régional.

«C’est important que ça soit un partenariat entre le gouvernement, les universités et les entreprises dans un domaine où on a des chances d’être dans les meilleurs au monde. Ça prend un certain temps. Il faut que ça soit bien attaché, un vrai partenariat dans des domaines où on a des chercheurs et des entreprises qui sont prêtes à mettre de l’argent à risque pour qu’ensemble, on développe et qu’on commercialise de la recherche», spécifie le premier ministre.

Les zones d’innovation regroupent donc des acteurs de la recherche, de l’industrie ainsi que des milieux de l’enseignement et de l’entrepreneuriat qui favoriseront la culture de l’innovation pour attirer plus d’investissements, générer plus de recherche et contribuer de façon durable à leurs communautés, a-t-on résumé.

Finalement, «cette nouvelle façon de développer l’économie au Québec», dira Donald Martel, ne sera pas épargnée par le défi de main-d’oeuvre alors que la région métropolitaine de recensement de Trois-Rivières, qui comprend Bécancour, affiche un taux de chômage de 5,1% en janvier 2022, soit une faible hausse de 0,1 point, comparativement à 6,6% un an plus tôt. En Mauricie, le taux de chômage est passé de 3,7 % à 4,3 %, contre 8,1 % en janvier 2021.

«La Mauricie a connu, comme le reste du Québec, des pertes d’emploi en janvier, avec une baisse de 3200 emplois. La RMR de Trois-Rivières, quant à elle, a perdu 400 emplois, mais est quand même dans une meilleure posture qu’en janvier 2021, puisqu’elle compte 200 emplois de plus qu’un an auparavant. La dernière vague de la pandémie a eu un impact sur le marché de l’emploi régional. Le début de l’année a été plus difficile, mais nous poursuivons nos efforts pour répondre aux défis du marché du travail», a commenté le ministre régional, Jean Boulet.