Juliette des sept allégresses sera présenté sept fois, les 7, 8 et 9 avril à 19 h 30, le dimanche 10 avril à 14 h, les jeudi et vendredi 14 et 15 avril à 19 h 30 ainsi que le samedi 16 avril à 16 h à la salle Anaïs-Allard-Rousseau de la Maison de la culture.
La compagnie est née en 1920 sous le nom du Cercle dramatique qui deviendra les Compagnons de Notre-Dame en 1929. C’est donc en 2020 que l’organisme est officiellement devenu centenaire. Il semble qu’on aurait vécu une importante pandémie cette année-là, ce qui explique que c’est deux ans plus tard qu’on fête cet anniversaire.
Ce n’est assurément pas parce que les Nouveaux Compagnons n’avaient pas prévu les choses d’avance: c’est il y a cinq ans qu’on a présenté une demande au comédien, auteur et metteur en scène Patric Saucier de créer un spectacle pour marquer l’anniversaire aux cent bougies.
«On m’a demandé de monter quelque chose de grandiose, explique l’homme de théâtre. On a mis sur pied un comité de lecture pour aller puiser des extraits de pièces qui ont marqué les 100 ans des Nouveaux Compagnons. C’était difficile de donner une cohérence au produit et on en est venu à la conclusion qu’il serait mieux d’écrire quelque chose d’original spécifiquement pour l’occasion.»
L’auteur avait besoin d’un fil conducteur. Il a pensé à solliciter un personnage rassembleur, qui soit de toutes les époques. «C’est Juliette, de Roméo et Juliette qui s’est imposée, dévoile-t-il. C’est peut-être la pièce la plus célèbre du théâtre. Pourtant, je ne voyais pas le duo avec Roméo mais Juliette seule, symbole de l’amour qui a traversé le temps. Je me suis demandé ce qu’est Juliette aujourd’hui et en ai imaginé sept déclinaisons qui constituent la pièce.»
Pourquoi ce titre de Juliette des sept allégresses? «Parce que la compagnie était installée entre les murs de l’église Notre-Dame-des-Sept-Allégresses à ses débuts et que c’est une appellation que je trouve particulièrement belle.»
Tout le théâtre
Le spectacle sera donc constitué de sept tableaux dans lesquels on partira à la recherche de Juliette. Saucier a voulu sept approches très différentes les unes des autres qui vont dans tous les sens, attendus comme surprenants. «Ce que je veux célébrer, c’est qu’une compagnie de théâtre francophone puisse atteindre 100 ans en Amérique. C’est une fête pour tout le théâtre. Je m’amuse donc avec différents genres: j’ai un tableau tout en vers, dans un autre, on fait du clown ou on joue avec des masques, on emprunte au jeu d’ombre... Il y a des bouts très poétiques, d’autres complètement fous: c’est un mélange de tout ce qui fait le théâtre en somme.»
Si l’approche offre une immense liberté au créateur, elle est aussi exigeante. Patric Saucier en convient mais atténue néanmoins l’ampleur du défi. «Tout ça fait partie du théâtre que je fais personnellement depuis près d’une quarantaine d’années. J’ai un bagage, des trucs appris en travaillant avec Robert Lepage, Serge Denoncourt ou même Peter Brook avec qui j’ai suivi un atelier. Je vais chercher ce que je sais bien faire et mets tout ça ensemble. L’idée, c’est que pendant 100 minutes, les spectateurs soient entraînés dans plein d’univers. Certaines scènes sont plus baroques, d’autres plus poétiques alors que d’autres sont remarquables par leur beauté visuelle. On a quand même une impression d’homogénéité du fait que ça se déroule comme un véritable parcours en sept étapes.»
On ne lèvera pas le voile sur toutes les inspirations de l’auteur, contentons-nous d’indiquer qu’il reprend la fameuse scène du balcon de Roméo et Juliette d’une façon originale et étonnante. Un autre tableau se veut un hommage aux auteurs alors qu’un autre encore s’inspire d’un pan plus ou moins oublié de l’histoire du théâtre québécois. Arrêtons ici les indiscrétions pour laisser tout le plaisir de la surprise aux spectateurs.
La mise en place de tout ça n’a certes pas été de tout repos. On avait entrepris les lectures et même les répétitions il y a 26 mois, avant même la pandémie. Par la suite, il a fallu faire avec elle. «On a entrepris des ateliers, notamment, qu’il a fallu arrêter. On a repris les répétitions à un certain moment pour les abandonner de nouveau. On a répété en Zoom. Il nous a fallu remplacer des comédiens contraints d’abandonner ou certains parce qu’ils ne croyaient plus qu’on arriverait à finalement présenter le spectacle. Mine de rien, ça implique quand même 19 interprètes.»
«Ce qui est très heureux dans tout ça, c’est que les gens qui se sont joints en cours de route sont extrêmement investis. Je n’ai pas la distribution que j’avais imaginée au départ mais j’ai découvert des interprètes de talent très ouverts et très disponibles. Les gens ont travaillé sérieusement chacun de leur côté. J’ai même une comédienne de Sainte-Anne-de-la-Pérade qui vient à Trois-Rivières quatre fois par semaine pour répéter! J’ai avec moi un groupe de gens aussi fous que moi.»
«C’est vraiment un show de gang, explique le metteur en scène. Il n’y a pas de tête d’affiche autour de laquelle la pièce tourne. J’ai travaillé avec les forces de chacun et suis vraiment très heureux du résultat. On m’a donné carte blanche et je me suis permis plein de choses. Ça va être un spectacle unique : du sur-mesure pour le centenaire des Nouveaux Compagnons.»
En une seule phrase lâchée en cours de conversation, l’auteur donne à l’expérience tout sa signification. «Je me suis mis à la tâche pour offrir un cadeau aux Nouveaux Compagnons et en fin de compte, c’est à moi que le TNC a fait un magnifique cadeau.»
Les billets sont disponibles par l’intermédiaire de la billetterie de la salle Thompson.