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La situation a beau être préoccupante, les experts ont beau s’inquiéter, nos gouvernements ne réagissent pas fort, fort, tant en Ontario qu’au Québec.

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Comme si un décalage s’était installé entre les autorités de santé publique et le gouvernement.

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À Ottawa, la directrice- médecin chef de la santé publique, Vera Etches, recommande vivement le port du masque devant une remontée des cas confirmée par l’analyse des eaux usées. Mais pas le gouvernement de Doug Ford qui continue de laisser les gens déambuler sans masque dans les centres commerciaux, les restaurants, les bars, les écoles…

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Au Québec aussi, on se dirige vers la fin du port obligatoire du masque à compter de la mi-avril. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, tente d’obtenir la levée de l’urgence sanitaire. Mais face à la montée du nouveau variant, «pas question de resserrer les règles pour le moment», a-t-il tranché jeudi.

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En Europe, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reproché à plusieurs pays d’avoir levé trop brutalement les restrictions plutôt que d’adopter une approche graduelle et mesurée. C’est ce qu’on observe ici aussi. Les plus cyniques diront que c’est de la faute des élections provinciales qui approchent à grands pas, en juin en Ontario, et en octobre au Québec. Préoccupés par leur cote de popularité, nos élus n’ont sans doute pas envie d’imposer de nouvelles restrictions sanitaires à une population plus qu’écoeurée de porter le masque, au risque de voir des manifestants assiéger les parlements.

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Peut-être aussi que, sans le dire ouvertement, nos gouvernements profitent du fait que le petit cousin d’Omicron, le BA.2, est moins agressif pour tester la capacité de la population à se responsabiliser face au virus. Ce n’est pas une mauvaise idée en soi. Le scénario le plus probable, selon l’OMS, est que le virus continuera d’évoluer, mais que la sévérité de la maladie s’amenuisera avec le temps.

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Responsabiliser les gens face à la COVID, j’en suis. Si on sait où on s’en va. Et l’ennui, c’est que tout le monde navigue un peu à vue en ce moment avec le BA.2.

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Depuis la fin des tests PCR à grande échelle, qui avaient notamment permis de détecter rapidement l’apparition d’Omicron, la santé publique est privée d’un instrument de mesure important. Si bien que le nouveau sursaut de la pandémie serait grandement sous-estimé.

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Or on sait déjà que le BA.2 est hypercontagieux. Un individu atteint peut en infecter 10-12, disent des experts. En plus, il est particulièrement contagieux lorsque les individus atteints n’ont pas encore de symptômes.

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C’est préoccupant dans la mesure où tant au Québec qu’en Ontario, les gens vaccinés et asymptomatiques ne sont soumis à presque plus de restrictions. Ils peuvent sortir, travailler, magasiner, même si quelqu’un de leur entourage immédiat a la COVID. Sans briser aucune règle sanitaire, un individu vacciné et asymptomatique peut donc contaminer en un clin d’oeil une équipe de hockey, un milieu de travail, une classe…

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C’est bien de responsabiliser la population, sauf que la capacité de nos hôpitaux et de nos écoles ne s’est pas améliorée comme par miracle après la cinquième vague. Si le Québec et l’Ontario se retrouvent de nouveau à court d’infirmières, d’enseignants et de travailleurs au cours des prochaines semaines, on ne sera pas plus avancés.

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Vous me direz qu’il faudra tous attraper le virus un jour. Que c’est même ainsi qu’on bâtira notre immunité collective. Or déjà, avec ce qu’on observe en Europe, ce n’est pas si simple. En France, le Syndicat des biologistes a noté que «des gens qui ont été contaminés il y a un mois ou un mois et demi sont recontaminés». De quoi remettre en cause une partie de la politique sanitaire française, qui part du principe qu’une personne testée positive il y a moins de deux mois présente un «risque négligeable» en cas de contact avec un malade du coronavirus, relate le quotidien français Libération.

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Tout le monde en a marre de vivre dans la peur du virus. L’ennui, c’est qu’il y a encore une ou deux raisons de le craindre.

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