Lancée en grande pompe par Québec alors que la COVID-19 s’appelait toujours «le nouveau coronavirus», l’initiative du Panier Bleu avait emballé bon nombre de Québécois. On promettait une solution de rechange toute bleue à Amazon pour encourager l’achat local, pendant que les commerçants étaient frappés par une première vague de fermetures massives.
Finalement, l’absence de plateforme transactionnelle aura eu raison de la pertinence du projet, selon les fondateurs du Bon panier.
«On a vraiment été hyper surpris d’à quel point c’était long et cher pour le gouvernement de faire un site web, et qu’il n’ait pas de plateforme d’achat directement sur leur site, explique Audrey-Ann Jean-Weisz. En connaissant bien le domaine, on s’est dit que ça n’avait pas de bon sens.»
En septembre 2020, avec ses collègues Renaud Guyon, Roberto Mas et Raphaël Picard, ils ont décidé de prendre les choses en main et de créer leur propre plateforme, s’assurant qu’elle soit facile d’utilisation et surtout, transactionnelle. En juillet 2021, le groupe de programmeurs lançait Le bon panier.
«Aucune entreprise que nous connaissons ne peut se permettre d’attendre deux ans que notre gouvernement rende sa plateforme transactionnelle, quand les Amazon de ce monde occupent déjà tout le terrain», note Audrey-Ann Jean-Weisz.
«La pandémie a été très difficile pour plusieurs entreprises du Québec et la lenteur de notre gouvernement dans ce dossier nous a forcés à trouver des solutions pour aider les commerces locaux à vendre leurs produits et leurs services», ajoute-t-elle.
Environ huit mois après le lancement de la plateforme, plus d’une centaine d’entreprises du Québec s’y logent. Une douzaine sont issues de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Plusieurs entreprises de la grande région de Montréal s’y sont également jointes, tout comme des commerçants de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, du Centre-du-Québec et des Laurentides.
Pour l’instant, on retrouve beaucoup de produits artisanaux parmi les 20 000 articles affichés, mais pas seulement. Il est possible d’y magasiner des matelas, des vêtements ou encore des articles de sports provenant de marchands québécois.
«On souhaite attirer les PME. On y va beaucoup par des approches personnelles, mais toutes les compagnies enregistrées au Québec peuvent s’y inscrire facilement», note Mme Jean-Weisz.
La plateforme québécoise récolte une commission de 10% des ventes, alors que le géant Amazon accapare plutôt 15% des recettes en moyenne, en plus de différents frais (expédition, publicité, etc.). L’inscription y est gratuite, et les marchands disposent d’une plateforme autonome afin d’afficher leurs produits.
«C’est du win-win, juge la cofondatrice. Autant on permet à des artisans d’avoir accès à une plateforme transactionnelle facile d’utilisation et avantageuse, autant ils nous permettent d’élargir notre offre», se réjouit-elle.
En 2021, 48% des achats en ligne des Québécois ont été effectués sur Amazon, pour un total de 7,8 milliards de dollars.
Une plateforme conviviale pour rivaliser avec les grands
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Beaucoup d’attention a été mise dans les détails de l’interface, confirme la programmeuse, et maintenant entrepreneure. «On veut que le site soit facile à utiliser, parce qu’Amazon l’est.»
La facilité d’utilisation et le design accueillant sont d’ailleurs des parties centrales du plan de développement de Le bon panier. «Le design et la convivialité de notre plateforme sont la marque de notre sérieux et de notre crédibilité. Si c’est bien fait, vous allez être satisfait et vouloir revenir. Si c’est saccadé et pas fluide, non.
«On n’est peut-être pas une plateforme de l’envergure d’Amazon, mais on est au moins de qualité comparable, et on est québécois.» D’ailleurs, tout derrière Le bon panier est québécois, précise Mme Jean-Weiz. «Même nos serveurs!»
Dès les prochaines semaines, les cofondateurs vont lancer une application afin de faciliter l’achat de produits locaux via les téléphones intelligents. Celle-ci est déjà disponible sur Android, et Apple devrait bientôt l’approuver pour les utilisateurs iOS. «C’est une question de temps !» se réjouit la jeune femme.
D’ici la fin de 2022, l’équipe de développeurs mise sur un système de coupons, de cartes-cadeaux et un programme de fidélisation. Une version anglaise de la plateforme est également dans les cartons, tout comme une formule où les consommateurs pourront aller chercher leurs achats directement chez les commerçants. Le quatuor compte ouvrir la plateforme aux entreprises «dématérialisées», soit pour la location d’hébergement ou de forfaits.
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«La chance qu’on a, c’est d’avoir les moyens de réaliser nos idées, et celles des commerçants. Quand on nous propose quelque chose qui nous semble positif, on peut l’implanter rapidement, sans dépendre de personne, indique Audrey-Anne Jean-Weiz. On fait du développement à l’horizontale avec nos partenaires, pas en hiérarchie.»
Si tout va bien, 2023 pourrait être l’année du lancement d’un système d’entreposage afin de faciliter la vie aux marchands du Bon panier, comme le propose Amazon.