Ce documentaire projeté en début de soirée, vendredi, dans la salle de spectacle du Centre d’expérimentation musicale, faisait partie de l’hommage que le Festival REGARD a rendu à ce couple dont le coeur est partagé entre le Québec et le Moyen-Orient. La douleur du déracinement constitue chez lui un thème récurrent, d’où l’intérêt de jumeler ce programme à celui qui a été ajouté à quelques jours de la 26e édition : Best of Ukraine.
Cinq courts métrages créés par de jeunes cinéastes étaient à l’affiche. Malgré les rues glacées, les trottoirs ensevelis sous une épaisse couche de neige, plusieurs personnes se sont rendues à Chicoutimi-Nord afin de voir comment c’était avant, dans le pays de Volodymyr Zelensky. Certes, toutes les oeuvres appartenaient au monde de la fiction, mais il était impossible de ne pas superposer à ces images celles, désespérantes, qui meublent l’actualité depuis un mois.
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Prenez The Diaper Cake, portrait d’un jeune couple qui vit ses premiers moments d’intimité avec son enfant. Dans la chambre d’hôpital où plein de cadeaux soulignent l’heureux événement, les parents sont tantôt fascinés, tantôt pris de vertige face à la responsabilité qui leur échoit. Faut-il réveiller le petit dormeur et si oui, comment ? Quel nom serait le plus approprié ? À qui ressemble-t-il ? Les questions fusent, entre moments de tension et gamineries porteuses d’une réelle affection.
Ce film réalisé par Anastasia Babenko est souvent drôle, mais quand on essaie d’imaginer quel serait le sort des protagonistes aujourd’hui, les rires se font diffus. Ce n’est pas comme dans Papyni Krosivky, centré sur un ado abandonné par ses parents. Résidant dans un pensionnat, il est confronté à un dilemme qui, à sa face même, comporte une part de tragique. Une Américaine veut l’adopter, mais comme le suggère Olha Zhurba, le garçon s’accroche à l’idée que son père pourrait revenir dans sa vie.
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Une douleur similaire est exprimée dans 20-11-7.MP4, alors qu’un autre adolescent est hanté par l’auteur de ses jours. Cette fois, celui-ci est présent, ce qui n’arrange rien, puisqu’aucun des deux n’arrive à communiquer avec l’autre. Le père croit bien faire en initiant son fils à la vodka, à la faveur d’un repas censé les rapprocher. Cet échec sera cependant suivi par un événement qui, contre toute attente, ouvrira la porte à un rapprochement.
Ce film d’Alina Panasenko est aussi bref que percutant, alors que le court métrage d’animation Kohannia, de Mykita Lyskov, se distingue par son humour tordu et des scènes étrangement prémonitoires. Lorsqu’on voit se dresser un immense champignon au coeur d’une ville ukrainienne, après avoir assisté à l’éclatement de la tête de Lénine, on pense que ce court métrage est tout récent, alors qu’il remonte à 2019.
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L’impression la plus forte, cependant, est celle produite par Leopolis Night, de Nikon Romanchenko. Pendant 26 minutes, il relate la rencontre de trois amies avec un jeune homme de passage dans leur ville. C’est l’été, il faut chaud et les terrasses affichent complet, au moment où s’amorce cette jolie fantaisie. On aurait le goût de les accompagner, ces jeunes qui chantent des airs traditionnels a cappella, qui se couchent au milieu de la rue parce que ça leur tente, avant de saluer poliment les patrouilleurs.
On aimerait préserver cette bulle de félicité pour l’éternité, mais une fois de plus, la réalité impose son implacable loi. Depuis le 24 février, en effet, la catégorie dans laquelle s’insère Leopolis Night n’est ni la fiction ni le court métrage, mais celle des paradis perdus. Si ses protagonistes devaient survivre à cette sale guerre, eux aussi porteront dans leur coeur la nostalgie des choses simples.
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