L’aspirant à la direction du Parti conservateur du Canada, Jean Charest, a lancé cette semaine sa campagne de séduction québécoise.
Si l’on s’en fie à son assemblée de jeudi soir à Laval, avec plus de 500 participants, l’ex-premier ministre du Québec semble jouir d’une popularité certaine dans sa province.
Une belle démonstration de force, parce qu’il en fallait une, mais qui ne veut pas dire que c’est déjà gagné.
On doit présumer que dans ses futurs déplacements d’une région à l’autre, il n’empruntera pas seulement l’autoroute 20, sur la rive sud, mais aussi la 40 au nord et qu’il ne pourra dès lors pas traverser Trois-Rivières sans devoir s’y faire voir et entendre. Comme en catimini…
La campagne au leadership du Parti conservateur du Canada n’aurait normalement pu susciter un grand intérêt au Québec où le parti, depuis l’ère Mulroney, peine à atteindre les 20 % de l’urne.
On devrait normalement n’avoir qu’un œil léger sur cette campagne.
D’autant que cette année, il y aura des élections générales au Québec. Mais comme la Coalition avenir Québec cartonne littéralement dans les sondages et qu’aucun des trois partis d’opposition, qui se disputent les restes de l’électorat, n’est en mesure en ce moment de constituer une menace pour les troupes de François Legault, c’est moins distrayant pour les amateurs de politique.
En fait, dans le contexte actuel, la grande énigme est de voir où s’arrêtera la montée du Parti conservateur du Québec qui, en quelques mois seulement, a coiffé en préférence le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois. Mais on s’entend qu’on n’est même pas près de menacer le gouvernement caquiste.
Il n’y aura pas non plus de grands suspenses du côté du fédéral. Avec le sauf-conduit jusqu’en 2025 que vient de lui apporter le Nouveau Parti démocratique, le gouvernement de Justin Trudeau peut ronronner. Il n’y a plus aucun risque qu’il soit renversé ce printemps par un vote de confiance lors de la présentation de son nouveau budget… peu importe les excès de largesses qu’il pourrait contenir.
Alors pour les amateurs de politique du Québec, la campagne au leadership du Parti conservateur canadien devrait capter beaucoup plus l’attention que normalement.
D’autant que sur la ligne de départ, c’est Pierre Poilievre qui est apparu avoir le vent dans les voiles, sur le plan national, mais aussi au Québec.
Il apparaît que les membres déjà en règle du PCC sont plus enclins à voter pour l’Albertain, parce qu’il est très populiste peut-être, volubile et plutôt perçu comme d’extrême-droite, un courant très affirmé dans le parti. Il faut bien se rappeler que le Beauceron Maxime Bernier, qui logeait à l’ultra-droite, avait échappé la chefferie du parti par très peu de voix en 2017.
Cela peut quand même surprendre qu’au Québec, une terre très sociale-démocrate, un homme comme Pierre Poilièvre puisse sembler remporter beaucoup de succès. En fait, c’est que Jean Charest doit liquider un certain passé. Il est évident que ceux qui avaient voté contre lui à l’époque et c’était une majorité, vont continuer de ne pas l’aimer. Cela se traduit dans la partie négative des sondages à son endroit alors qu’on n’a aucune rancune particulière à manifester contre Poilievre.
Les plus récents coups de sonde tendent cependant à démontrer que Jean Charest a fait des gains et qu’il se situe déjà bien en Ontario et qu’il est aussi bien vu dans les provinces atlantiques.
Mais il lui en manque un peu au Québec et c’est ce qui fait qu’on va être plus réceptif à cette campagne au leadership.
Car on se doute bien que Jean Charest va disposer – et profite déjà – de beaucoup d’appuis, à commencer par une majorité dans la députation conservatrice du Québec, mais aussi lui venant d’anciens libéraux de Québec, et fédéraux qui grimacent à certaines décisions de Justin Trudeau.
Il est plus que pensable que dans les prochaines semaines, il pourrait faire bouger l’aiguille des sondeurs au Québec en sa faveur, même si son adversaire Poilievre a conclu une récente tournée en conservant un ton très modéré… presque rassurant.
Cela ne va que grossir l’intérêt des Québécois pour cette campagne.
S’il y a une région où l’attention va être soutenue, c’est bien la Mauricie… en raison d’un certain Yves Lévesque.
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C’est à Trois-Rivières que la table a été mise pour la première tournée québécoise de Poilievre et ç’a été plutôt réussi.
On se demandait jusqu’où Yves Lévesque se «peinturerait» en faveur de son poulain.
La question ne se pose plus puisqu’il est devenu coprésident de sa campagne au Québec. Disons qu’après le sénateur Léo Housakos, c’est l’homme fort de son candidat. Après tout, s’il y avait eu un onzième député conservateur élu au Québec l’an dernier, ç’aurait été lui puisqu’il a été défait par moins de cent voix.
Or, en plus, Yves Lévesque a toujours été un politicien polarisant. Il laisse peu de gens indifférents. Il peut faire monter la température.
Ça va faire de l’action.
Il devrait pouvoir livrer les votes de Trois-Rivières et, compte tenu de son rayonnement, peut-être aussi ceux des comtés voisins de Berthier-Maskinongé et de Saint-Maurice–Champlain.
C’est pourquoi une visite de Jean Charest, même courte, serait plus qu’intéressante avec toutes les comparaisons qu’imposerait son passage avec celui réussi par son principal adversaire, grâce à Lévesque. Osera-t-il tenter de confondre l’ex-maire? À la limite, de le narguer dans ses terres?
Bien sûr, même s’il y a un petit règlement embêtant qui pourrait bloquer sa candidature, Yves Lévesque sera candidat du PC si Poilievre est élu chef. Mais il lui faudra assurément regagner ses terres de Lac-à-la-Tortue si c’est Charest qui l’emporte.
Une énigme qui n’ajoute dans la région qu’un peu plus de piquant à la campagne au leadership conservateur.
Coup de cœur: bon succès au Salon du livre qui nous fait revivre après deux années de noirceur.
Coup de griffe: Kim Jong-un, qui est en froid avec Poutine, pourrait peut-être tester son beau gros nouveau missile en l’orientant (et en l’expédiant) sur le Kremlin. Il deviendrait une vedette acclamée en Occident.