À bas les dictatures

Vladimir Poutine

Carrefour des lecteurs / Mon grand-père était féru de politique internationale. Il a terminé sa carrière dans l’aide aux entreprises manufacturières dans les pays en voie de développement. Il a ainsi côtoyé de célèbres dictateurs dont Marcos et Duvalier.


Or, il disait que la dictature est le plus efficace des systèmes politiques quand le dictateur est bon alors que la démocratie est toujours médiocre. En revanche, la pire des démocraties ne rivalisera jamais avec l’ignominie d’une mauvaise dictature.

Autrefois, les dégâts d’une mauvaise dictature se limitaient à quelques millions de morts. C’est déjà énorme mais quand même modeste comparé aux dégâts potentiels d’une guerre nucléaire. Or, c’est précisément l’enjeu actuel avec l’invasion russe en Ukraine: un conflit armé impliquant un dictateur de facto et pouvant dégénérer jusqu’à l’extermination du genre humain.



Poutine a été formé au KGB. Et le KGB n’a pas la réputation d’embaucher des âmes sensibles. Ça prend d’ailleurs des nerfs d’acier pour faire du chantage avec l’arme nucléaire.

Néanmoins, Poutine, comme plusieurs hommes célèbres, présente des traits de personnalité narcissique. Or, un narcissique compose généralement mal avec l’humiliation. Si le conflit actuel tourne mal pour lui, il n’est pas exclu qu’il perde son sang-froid et commette l’irréparable. Par conséquent, l’OTAN doit demeurer très prudente dans sa stratégie. Transiger avec un psychopathe est toujours délicat.

À quelques reprises au siècle dernier, l’humanité est passée à deux cheveux d’un désastre nucléaire. Tant mieux si l’humanité s’en sort une fois encore et que la crise actuelle connaît un dénouement pacifique. Néanmoins, dorénavant il vaudrait mieux prévenir que guérir. N’attendons pas encore qu’un nouveau dictateur fasse trembler l’humanité. Agissons de façon préventive en ne laissant plus impunément des dictatures se développer. Cela implique évidemment des sanctions économiques pour débuter, mais aussi éventuellement une intervention armée au besoin. Par exemple, l’OTAN aurait pu intervenir militairement avant que Kim Jong-Un ne se dote de l’arme nucléaire et ainsi prévenir un éventuel conflit de plus grande envergure. Je comprends bien que ma proposition viole les règles de souveraineté territoriale mais la plupart des pays encadrent déjà sévèrement la possession d’armes restreintes pour leurs citoyens; est-il vraiment plus légitime pour un dirigeant non élu d’utiliser l’arme nucléaire?

Nous imposons déjà des sanctions commerciales à l’Iran et à la Corée du Nord; nous devrions désormais élargir ces sanctions à toutes dictatures et ce, incluant les pays du Golfe Persique et… la Chine. De toute façon, la récente pandémie a déjà démontré aux pays occidentaux qu’ils devaient diminuer leur dépendance économique aux pays hostiles.



Bref, souhaitons que la souffrance du peuple ukrainien ne soit pas vaine et exhorte l’ONU sinon l’OTAN à considérer ces idées audacieuses. En attendant, cette guerre nous procure une maigre consolation: grâce aux images atroces qui déferlent en rafale sur le Net, nos conspirationnistes antivax et défenseurs de libaaarté finiront peut-être enfin par ressentir une petite gêne.

Romain Gagnon

Shawinigan