Une semaine d'actu: journaliste en zone de guerre

Journaliste en zone de guerre est un métier particulier qui peut soulever de nombreuses questions. Nous en avons posé certaines aux journalistes des Coops de l’information qui sont présentement en Ukraine ou dans les pays voisins qui accueillent des réfugiés.


Frédérick Lavoie est journaliste des <em>Coops de l’information </em>et est actuellement, en Ukraine, en zone de guerre.

KARINE, JOURNALISTE POUR LA TRIBUNE

  • Pourquoi prends-tu le risque d’aller près d’une zone de guerre? 

Devant la guerre, on se sent tous impuissants. Quand on est journaliste, tout ce qu’on peut faire, c’est d’aller à la rencontre des gens qui souffrent de cette guerre pour pouvoir raconter et montrer ce qu’ils vivent, afin que nos lecteurs soient au courant de l’histoire qui s’écrit en ce moment. 

  • Est-ce que ta famille s’inquiète pour toi? Que leur dis-tu pour qu’ils acceptent ton choix? Tu as des enfants...est-ce qu’ils comprennent ton choix?

J’ai la chance d’avoir une famille qui m’a beaucoup appuyée dans ce projet. J’ai quatre enfants, qui ont 12, 15, 17 et 19 ans. Au début, ils étaient un peu inquiets. À la télé, ils voyaient des images qui ne les rassuraient pas du tout. On a parlé ensemble. Ils savent que ce qui se passe en Ukraine est profondément injuste et dramatique, et que c’est essentiel qu’il y ait des médias qui parlent du sujet. Et je sais que tous les jours, ils lisent mes textes et regardent les photos de mon collègue Simon. Ça leur permet de se projeter un peu dans ce que je vis ici en Roumanie et en Pologne. 

  • Quand tu étais enfant, étais-tu téméraire? Tu étais quel genre d’enfant?

Je n’étais pas très téméraire, j’avais peur des monstres que j’imaginais dans le sous-sol! J’aimais beaucoup, beaucoup lire et dessiner. Je pense que le goût d’écrire et de raconter les histoires des gens vient de là. 

  • As-tu un truc pour te calmer quand tu te sens anxieuse?

Je respire. Profondément. Et je pense aux gens que j’aime, ou bien à des situations où je me sens bien. 

  • Y a-t-il une phrase qui te guide dans ton métier de journaliste?

Pas une phrase, mais une façon de voir: ce sont les gens qui sont au cœur du métier que j’exerce. Parce que c’est un travail où on les informe et où on va à leur rencontre, que ce soit à travers les articles qu’on écrit et qu’ils lisent ou par les entrevues qu’on fait avec eux. C’est pour eux qu’on fait ce travail-là. 

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LES ENFANTS DE KARINE SONT FIÈRES!

Nous avons demandé aux 4 enfants de Karine de nous dire comment ils vivent le fait que leur maman soit partie couvrir le conflit ukrainien. Voici leurs réponses:

Ho­nnêtement, on est vraiment fiers d’elle et on est contents pour elle. C’est sûr qu’il y a du stress qui va un peu avec ça. Quand elle nous a annoncé qu’elle partait, on a ressenti de la joie et de la fierté. C’est pas tous les jours que ta mère reçoit une bourse pour partir en Europe couvrir un conflit. On a un peu de peur, aussi, étant donné le contexte actuel du monde. 

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Nick traduit en russe sur son téléphone pour le photographe Simon Séguin-Bertrand 

SIMON SÉGUIN-BERTRAND, PHOTOGRAPHE DE PRESSE, LE DROIT

  • Pourquoi prends-tu le risque d’aller dans une zone de guerre?

Si j’ai choisi de participer, avec ma collègue Karine, à ce projet, c’est parce que c’est important que les gens, chez nous, comprennent l’ampleur du drame que vivent les Ukrainiens en ce moment. 

  • Est-ce que ta famille s’inquiète pour toi? Que leur dis-tu pour qu’ils acceptent ton choix?

C’est certain que ma mère est un peu plus inquiète, c’est comme ça les mamans. Mais toute ma famille comprend que c’est ce que j’aime faire et que le travail que je fais est important.

  • Quand tu étais enfant, étais-tu téméraire? Tu étais quel genre d’enfant?

Certainement un peu plus téméraire que ma collègue Karine. Enfant, j’étais curieux et observateur.

  • As-tu un truc pour te calmer quand tu te sens anxieux?

Le seul bon truc pour rester zen, c’est de faire ce qu’on a à faire et de ne pas essayer d’en faire trop. Il ne faut pas non plus prendre de risque inutile.

  • Y a-t-il une phrase qui te guide dans ton métier de photographe de presse?

Les phrases qui me guident en faisant mon métier sont celles que mes collègues écriront. Pour qu’un reportage soit complet, les photos doivent trouver leur place dans le texte.