Chronique|

Les nouveaux ambassadeurs d’une société plus ouverte

Les participants au camp de jour du SANA : Marcus, Caleb, Ulysse, Joly-Anne, Nolan (absents sur la photo : Anna-Lee et Shawn).

CHRONIQUE / Anna-Lee, Joly-Anne, Marcus, Caleb, Ulysse, Nolan et Shawn ont vécu une semaine de relâche bien différente des autres jeunes de leur âge. Ils participaient au camp en leadership interculturel organisé par le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de Shawinigan. L’objectif derrière cette formidable idée: former de jeunes ambassadeurs de 11 à 13 ans sur des enjeux reliés au mieux vivre ensemble et au dialogue interculturel, afin qu’ils puissent être en mesure de promouvoir dans leurs milieux une société plus inclusive, plus solidaire et plus pacifique. Une initiative particulièrement pertinente en ces temps où l’on assiste à une escalade de conflits et où sévit trop souvent la désinformation.


Durant la semaine, les jeunes ont pu s’ouvrir à la diversité culturelle à travers des activités variées, dont la création d’une œuvre collective avec l’artiste et médiateur culturel Javier Escamilla, la rencontre d’invités de différentes cultures, de l’improvisation ainsi qu’un atelier de bande dessinée que j’ai eu le privilège d’animer en compagnie de mon collègue Marc Bruneau.

Ainsi, le temps d’un avant-midi, j’ai accompagné ces jeunes incroyablement curieux et créatifs dans la réalisation d’une courte bande dessinée ayant comme thématique la déconstruction d’un mythe.



Avant notre arrivée, en compagnie de Juliette et de Mimi-Charlotte, toutes deux chargées de projet pour le SANA, ils ont eu l’opportunité d’apprendre des techniques leur permettant de déconstruire des mythes tels que «les Mulsulmans sont tous des terroristes». Elles leur ont d’abord appris à clarifier les termes. De qui parle-t-on exactement? Qu’est-ce qui leur est reproché? Puis, les animatrices les ont amenés à plonger dans une réelle réflexion, en prenant le temps de se questionner. Est-ce que tout le monde du groupe visé a vraiment ce comportement? Est-ce que ce comportement existe dans d’autres groupes? Est-ce que ce mythe existe à cause de nos «lunettes culturelles»? Est-ce que ce mythe dépend de l’information que nous recevons? Est-ce qu’il y a des explications qui pourraient nous permettre de comprendre pourquoi ce mythe existe? Et finalement, quelles sont ses conséquences sur les personnes visées et sur leur communauté d’accueil? Tant de questions auxquelles nous prenons rarement le temps de réfléchir.

Afin de mettre en application les apprentissages, chaque jeune a par la suite créé une courte bande dessinée à propos d’un mythe déjà entendu. Pour ce faire, ils ont illustré un dialogue entre deux personnages. J’ai sincèrement été ému de les voir à l’œuvre. Caleb, par exemple, s’est attaqué au mythe «les noirs sont tous des voleurs» et Joly-Anne à celui selon lequel «les Russes aiment la guerre». De son côté, Ulysse a opté pour «les Asiatiques sont tous bons en mathématiques». Un mythe qui, à première vue, me paraissait plutôt inoffensif. Pourtant, il a su habilement mettre en scène une personne d’origine asiatique qui ne reçoit pas l’aide dont elle a pourtant besoin…

- Eh, j’ai besoin d’aide en mathématiques.

- Ben non, tous les Asiatiques sont bons en maths!



- Tu sais que tu fais une généralisation en ce moment…?

En deux cases de bande dessinée, les participants ont su démontrer que chaque citoyen peut participer à contrer les mythes qui prolifèrent dans notre société. Alors que le Canada s’apprête à accueillir des personnes fuyant la guerre en Ukraine, l’actualité nous rappelle quotidiennement l’importance d’initiatives telles que celle-ci. Souhaitons maintenant qu’elles se multiplient afin que nous puissions compter sur des milliers d’ambassadeurs comme le sont devenus Anna-Lee, Joly-Anne, Marcus, Caleb, Ulysse, Nolan et Shawn.