Les médicaments génériques servent à remplir 76% des médicaments d’ordonnance prescrits au Québec. Nous sommes fiers du travail accompli par nos travailleurs au cours des deux dernières années pour éviter des ruptures d’approvisionnement qui auraient pu être catastrophiques pour les patients du Québec.
Mais les enjeux d’approvisionnement mis en lumière durant la pandémie restent extrêmement préoccupants. C’est ce que révèle une récente étude réalisée par la firme EY Canada et commandée par l’Association canadienne du médicament générique afin de déterminer l’ampleur de la problématique et d’identifier les solutions à mettre en œuvre de manière prioritaire.
L’étude révèle que seulement 12% des volumes de médicaments génériques consommés au Canada sont produits localement alors que 88% sont importés de pays comme la Chine, l’Inde et les États-Unis ou l’Europe. Du côté des ingrédients pharmaceutiques actifs, moins de 10% des volumes nécessaires à la production locale de médicaments sont produits au pays.
Quoique l’ensemble des médicaments sur ordonnance ne pourra jamais être produit au Canada, cette dépendance préoccupante envers les juridictions étrangères a atteint un point critique qui met à risque notre chaîne d’approvisionnement.
Les causes de cette dépendance sont bien connues et découlent en grande partie de décennies de pressions des gouvernements pour des prix de médicaments génériques toujours plus bas. Pour être en mesure d’offrir certains médicaments génériques à aussi peu que 10% du prix de leur équivalent de marque, les fabricants ont été contraints de relocaliser une partie de leur approvisionnement dans des juridictions aux coûts de production moins élevés sans toutefois compromettre la qualité et l’efficacité des médicaments qui demeurent approuvés pour la vente par Santé Canada.
Heureusement, le rapport d’EY énonce des recommandations claires et concrètes. Une stratégie de soutien à long terme pour l’industrie est requise pour mettre en place des mesures efficaces et coordonnées permettant de corriger l’état de la chaîne d’approvisionnement. L’approvisionnement durable en médicament en dépend et doit être au cœur de toute action.
D’une part, les gouvernements doivent s’inspirer d’autres secteurs et mettre en place des incitatifs financiers pour permettre d’accroître la production locale de médicaments génériques et stimuler l’investissement. Le contexte économique et réglementaire actuel empêche la croissance de la production locale dans cette industrie d’une importance capitale pour les Québécois et les Canadiens.
Puisqu’il serait impossible de produire tous les médicaments sur ordonnance localement, il est primordial de renforcer les capacités de la chaîne d’approvisionnement par le biais, par exemple, d’ententes commerciales multilatérales ou des approches de tarification pouvant pallier aux hausses de coûts liées à des situations d’urgence comme une pandémie. Dans la même veine, les gouvernements et l’industrie doivent travailler de concert pour planifier la production et le stockage de réserves de médicaments essentiels en vue de telles crises.
En plus de profiter à l’ensemble des Québécois, les mesures proposées permettraient de faire croître l’industrie locale du médicament générique à travers tout le Canada, qui représente déjà plusieurs milliers de travailleurs au Québec et ailleurs. Une industrie locale forte bénéficiera à son tour à l’ensemble du secteur des sciences de la vie et contribuera à son rayonnement à l’échelle internationale.
N’attendons pas la prochaine crise. Agissons dès maintenant pour soutenir la production locale et sécuriser la chaîne d’approvisionnement en médicaments génériques, au bénéfice de tous les Québécois et les Canadiens. Les gouvernements peuvent compter sur le soutien de l’industrie du médicament générique pour mettre ces solutions en œuvre.