Chronique|

Clarke, l’électrochoc dont avait besoin le Titan

Jason Clarke connaît beaucoup de succès à ses débuts comme pilote dans la LHJMQ.

CHRONIQUE / Les deux équipes aspirantes qui ont mal sorti des blocs de départ ont pris des chemins différents pour se remettre sur les rails.


À Saint John, le directeur-gérant Trevor Georgie a échangé les deux tiers de son équipe! À Bathurst, son homologue Sylvain Couturier a lui aussi fait des emplettes à Noël, mais il s’est aussi offert un nouvel entraîneur, Jason Clarke.

Fallait avoir du cran pour procéder à un changement du genre. Mario Durocher était le doyen des entraîneurs dans la LHJMQ, un gars avec deux bagues de la coupe du Président. Clarke n’avait jamais dirigé dans la ligue, il était en train de faire ses premiers pas comme adjoint à Shawinigan lorsque Couturier lui a offert le poste.



«Au-delà des victoires et des défaites, je n’aimais pas notre façon de jouer. Mario [Durocher] avait perdu son père en début de saison, il sera le premier à admettre que ça l’a affecté. On s’est donné du temps, ça ne repartait pas. À partir du moment où j’ai statué qu’il fallait un nouveau leadership, j’ai regardé qui était disponible dans les rangs midgets, puis les adjoints dans notre ligue. J’ai regardé la candidature de Jason. Je savais qu’il avait eu beaucoup de succès dans le junior A, ça m’a intrigué. Puis, dès notre première discussion, j’ai aimé sa philosophie. Après cette première discussion, je lui ai rapidement offert le poste», confie Couturier.

Une décision osée, qui rapporte. Clarke n’a subi qu’une seule défaite en temps réglementaire à ses 14 premiers matchs! Cette récolte de 24 points sur une possibilité de 28 prouve que le Titan jouait nettement sous son potentiel réel avant son arrivée. «La chose la plus marquante du changement, c’est l’éthique de travail de nos joueurs. À l’œil, tout le monde le remarque. Jason est un entraîneur dur, capable en même temps de donner la tape dans le dos quand c’est ce dont un joueur a besoin. Il n’y a pas de passe-droit avec lui. Les règles sont les mêmes pour tout le monde. Les gars ont embarqué.»

Tant mieux. Car le Titan n’est pas sorti du bois! Malgré cette poussée irrésistible, le Titan pointe au troisième rang de l’association Est, un point seulement devant les Sea Dogs et deux devant les Mooseheads. Dans cette conférence, il y a rien de moins que quatre équipes aspirantes, et il ne faut pas exclure trop vite les Mooseheads, qui ont adopté le statu quo. En séries, il y aura beaucoup de malheureux! «Ça va jouer du coude, c’est certain. Il y aura deux équipes seulement dans le lot qui vont atteindre le carré d’as. Il faut donc continuer à progresser. Mais on croit en notre équipe. On a deux bons gardiens. En défense, l’arrivée de Miguel Tourigny a placé tout le monde dans la bonne chaise. À l’attaque, on aime notre profondeur.»

Joint en milieu de semaine, Couturier se réjouissait du retour dans les arénas des fans. À Bathurst, le refrain est connu. L’équipe est nichée au sein du plus petit marché de la Ligue canadienne de hockey. Le soutien corporatif est important, mais les amateurs de hockey sont moins présents à l’aréna depuis quelques années. La situation financière était assez critique l’été dernier pour que le président de l’équipe menace de quitter Bathurst si les gradins ne se remplissaient pas. La COVID a un peu gâché ce moment de vérité! Mais tôt ou tard, les actionnaires vont se fatiguer de ces déficits structurels, non?



«En fin de cycle, aller le plus loin en séries, c’est important pour n’importe quelle franchise», nuance Couturier. «L’engagement de nos propriétaires me semble fort. Ceci dit, je ne fais pas partie de ces réunions-là. Par contre, je ne m’attarde pas trop à ces rumeurs. Ça fait 20 ans que je suis avec le Titan, j’en ai beaucoup entendu. Il est vrai aussi que nous avons traversé des tempêtes. Il y a eu des saisons, sous l’ère de Léo-Guy Morrissette, où je croyais que c’était nos derniers moments ici. Pourtant le Titan est toujours là! Et l’an prochain, contrairement au cycle précédent, nous ne repartirons pas aussi bas. Nous n’avons plus nos choix de première ronde pour les trois prochaines années, mais on a un bon petit noyau en place.»

Carnet de notes

Lors de l’embauche de Martin St-Louis, Couturier était monté aux barricades pour ses confrères, agacé que ça ne soit pas un Québécois ayant fait ses classes comme pilote dans la LHJMQ qui soit choisi pour succéder à Dominique Ducharme. Sur les médias sociaux, certains lui ont rappelé qu’il avait lui-même dérogé à ce «code de conduite» en misant sur Clarke. «Ce n’est pas du tout la même situation. Mon équipe est dans les Maritimes. La ville de Bathurst est bilingue et dans notre formation, au moment de procéder au changement d’entraîneur, on n’avait qu’un seul francophone. Je regarde les autres pilotes nommés dans les Maritimes, la langue anglaise est prédominante», fait-il valoir.