Durant cette décennie au sein du Royal 22e Régiment, le Gatinois a été dépêché à Oka, durant la crise de l’été 1990. Puis en 1993, lui et ses frères d’armes du 22e se sont joints à la mission des Casques bleus canadiens en ex-Yougoslavie, aujourd’hui la Bosnie-Herzégovine.
«Je me suis fait tirer dessus à trois reprises quand j’étais en Bosnie, se souvient-il. J’étais sergent de transport pour le bataillon. C’était stressant, c’était dangereux, mais ça faisait partie du métier. J’étais là-bas quand ma troisième fille est venue au monde. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je voulais voir mes enfants grandir. Donc j’ai quitté l’armée», ajoute l’ancien combattant père de quatre filles et grand-père de deux petits-fils.
Gilles Cayer a quitté les forces, mais ce besoin de servir qui l’habitait ne l’a jamais quitté.
Depuis quelques mois, son partenaire et frère d’armes Martial Bergevin et lui, ainsi qu’une poignée d’anciens combattants du Royal 22e Régiment, sillonnent les rues du Vieux-Hull tous les jeudis pour offrir des repas aux itinérants.
«Durant notre carrière, dit M. Cayer, on a toujours été là pour aider la population. Ça nous manquait, ça. Énormément. Donc aujourd’hui, nous les anciens combattants travaillons ensemble pour aider les gens dans le besoin. Ça nous fait du bien.»
ITINÉRANCE ZÉRO
Gilles Cayer a rencontré Benoît «Ben» Leblanc, le fondateur et directeur du mouvement populaire Itinérance Zéro, il y a six mois.
«J’ai dit à Ben que des anciens combattants et moi voulions nous impliquer dans la communauté et que nous avions choisi de nous impliquer auprès des itinérants. Ben nous a alors demandé si nous voulions nous occuper de la distribution des repas dans le Vieux-Hull les jeudis. On a tout de suite accepté. Et après quelques semaines, nous avons décidé de prendre la journée au complet. C’est-à-dire que c’est nous qui préparons de 120 à 160 repas tous les jeudis, et nous les distribuons ensuite un peu partout dans le Vieux-Hull à bord du véhicule d’Itinérance Zéro. On livre les repas dans des maisons de chambres, des halte-chaleurs, dans des bâtiments abandonnés où couchent certains sans-abri, et aux itinérants dans la rue qui ne veulent pas aller au Gîte-Ami ou à la Soupe populaire. On a un trajet d’une vingtaine de stop. On commence à cuisiner le jeudi vers 9h, et notre journée se termine en soirée, une fois la distribution complétée. Et depuis quelques semaines, nous faisons aussi les dimanches dans le Vieux-Hull pour Itinérance Zéro.»
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LES VÉTÉRANS AIDANTS
Ils sont huit anciens combattants qui participent à ces journées d’entraide. Mais Gilles Cayer aimerait bien augmenter ce nombre de bénévoles et il invite les vétérans de d’autres professions à se joindre à son groupe.
«À compter de la semaine prochaine, nous porterons le nom des «Vétérans Aidants», dit-il. C’est le nom qui sera inscrit sur l’autobus d’Itinérance Zéro. Nous serons les Vétérans Aidants de cet organisme. Nous accepterons tous les vétérans, qu’ils soient policiers, pompiers, ambulanciers, peu importe. On veut des gens qui ont la même mission que nous: aider, donner et protéger.
«En faisant des choses comme ça, on sait qu’il y a des gens qui comptent sur nous, poursuit l’ancien combattant. Quand j’étais militaire, je savais que mon travail était important, que j’aidais et que je sauvais des gens. Aujourd’hui, même si je suis retraité, ma vie n’aurait aucun sens si je n’aidais pas autrui. Parce qu’un militaire, si tu lui enlèves toute l’entraide qu’il a en lui, il n’a plus rien. Aider, pour nous, est un besoin essentiel. »
Les manifestants prétendent faire ça au nom de la liberté, mais ils ne respectent pas les autres. Il n’y a aucune liberté là-dedans. Ils empêchent du monde de travailler, de gagner leur vie, ils empêchent du monde de dormir. Ces gens (les manifestants) sont complètement déconnectés de la réalité
L’OCCUPATION À OTTAWA
Il est presque impossible de discuter avec qui que ce soit ces jours-ci sans que le sujet de conversation bifurque vers la manifestation, voire l’occupation du centre-ville d’Ottawa par les camionneurs.
Gilles Cayer est particulièrement secoué par les images qu’il voit et les reportages qu’il lit sur ces événements des trois dernières semaines.
«Ça me stresse au plus haut point, laisse-t-il tomber. Ces gens ne respectent aucune loi. Et quand ils marchent ou qu’ils dansent sur le Monument (commémoratif de guerre du Canada), ils marchent sur moi. Sur moi, sur tous mes frères d’armes et sur tous les militaires qui ont donné leur vie pour notre liberté. Ça me choque et ça me brise le coeur.
«Les manifestants prétendent faire ça au nom de la liberté, mais ils ne respectent pas les autres. Il n’y a aucune liberté là-dedans. Ils empêchent du monde de travailler, de gagner leur vie, ils empêchent du monde de dormir. Ces gens (les manifestants) sont complètement déconnectés de la réalité.
— Certains ont demandé au premier ministre Trudeau de faire appel à l’armée canadienne pour résoudre ce conflit. Qu’en pensez-vous?
— Je trouve qu’ils ont raison. Moi, j’aurais fait appel à l’armée dès le début», conclut l’ancien combattant.
Pour vous joindre aux Vétérans Aidants d’Itinérance Zéro ou pour de plus amples renseignements: Gilles Cayer: 819-790-9923.